En juillet, alors que j’étais auprès de ma mère dans la maison de repos où elle se trouvait pour un mois, j’ai pu observer les petits vieux qui étaient là.
Certains avaient de la nostalgie plein les yeux, d’autres du ressentiment, mais tous avaient cette inquiétude du lendemain, cette indicible angoisse de se retrouver, en dehors de chez eux, dépourvus d’autonomie et comme privés de leurs libertés... C’est alors que je me suis aperçu d’une cocasserie, au départ, anodine…
Ces petits vieux, à qui l’on donnerait le Bon Dieu sans confession, ont des petites manies et pas des moindres… Ils prennent tous « L’eau de mélisse des carmes Boyer »…
Vous me direz, quoi de plus naturel que de se soigner avec des plantes à leur âge (surtout que c’est vendu en pharmacie !)
Personnellement, ma mère (comme ma grand-mère autrefois), sous prétexte de « se sentir pas bien »se rue sur sa bouteille, trois fois par jour…
Elle fait tomber quelques gouttes du précieux liquide sur un sucre et aussitôt après, elle va mieux.
Et pourtant, cette chère eau de mélisse que l’on recommande pour se « remonter » est en réalité un concentré d’alcool à 80 ° ! Avec du sucre, ça doit bien faire monter le taux d’alcoolémie à environ 90 °.
Comment dire à ma mère, et aux autres que, s’ils se sifflaient un petit calva, ça leur ferait le même effet ?
Bien sûr, le calva n’est pas vendu en pharmacie... ça ferait désordre !
Et c’est ainsi que dans tous les hôpitaux, les maisons de retraites et autres hospices, nos petits vieux se shootent plusieurs fois par jour et vous regardent de leurs yeux attendris, qu’ils soient dans leur lit ou dans des fauteuils roulants, mais tous avec une fiole d’eau des carmes Boyer à portée de main…
En ce moment, on parle beaucoup de la maladie d’Alzheimer, une tragédie !
Notre cher président, un peu parkinsonien des épaules, en a même fait son cheval de bataille. ..
Mais ne soyons pas mauvaises langues, et demandons-nous simplement ce qu’il va faire pour humaniser tous ces lieux de désolation qui donnent des vices à nos chers vieux…
Quelle misère !