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Le blog de Michel Giliberti

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Lula, le président brésilien triomphalement réélu dans son pays a dit cette phrase qui de nos jours peut paraître singulière : « Il vaut mieux construire des écoles que des prisons ».
Ces mots si simples sont à l’image des gens de bon sens. Ils me donnent confiance en l’humanité et me font oublier le petit agité des épaules qui argumente l’autorité, la punition, la tolérance zéro et brandit le spectre de l’insécurité et de la prison sans se soucier des conséquences de l’incarcération qui fera d’un bleu à l’arrivée, un homme aguerri à la sortie ; une espèce de guerrier de l’ombre prêt à détruire une société prétendument éclairée…
La haine, c’est beaucoup d’amour ignoré…


De tous les clairs obscurs
Bleuis de tant de larmes
Celui que je préfère
Se pose sur tes cernes

De tous les souffles amis
Privés de la poussière
Celui que je préfère
Arrive de ta gorge
De toutes les prisons
Fondées sur l’injustice
Celle que je préfère
M’enferme à tes mensonges.

© Giliberti - 2006

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"C'était un vol silencieux, noir et brillant, un bonheur pervers émaillé de toutes les chimères restituées. Je vivais le miracle, l'oasis silencieuse que le mirage rend palpitante. Je l'ai aimé à en crever, et cette alliance de cuivre n'allait me laisser que le sulfate du vert abandon."

In "Neiges d'octobre" - Editions Cylibris

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Sur la route de Matmata/photo © M. Giliberti 2006

Il est des hommes doués
Comme autant de printemps
Qui se taisent et se terrent
Puis s’exhalent en secret.
Ceux-là mêmes qui refusent
Le soleil des mots pleins
Les eaux fortes des sens
Et le verbe qui les sacre.
J’ai pourtant rendez-vous
Au cadran d’un parcours
Que ni toi ni les autres
À l’usure de vos gestes
Ne pourrez conjurer.

© Giliberti - 2006

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On reproche parfois à ma peinture d’être esthétique ou, seulement esthétique.

Pourtant, je ne suis pas attaché à la seule forme, bien au contraire. L’expression figurative est pour moi le chemin le plus court entre le message que je veux faire passer et le spectateur qui regarde ma toile. J’essaie de transcrire ce qui heurte ma sensibilité, c’est tout ! Géricault n’en a pas fait davantage quand il a peint « Le radeau de la Méduse ». Un tableau on ne peut plus esthétique qui dénonçait des événements dramatiques qui avaient fait scandale à l’époque.
Comprendre ce que je veux dire à travers une de mes toiles ne nécessite aucun décodeur ; je n’ai pas besoin d’expliquer mon œuvre au contraire de nombreux artistes fabriqués par le discours qui sous-tend leur travail. Discours souvent « officiel » établi par ceux qui glorifient certains d’entre eux avec comme seul objectif, d’asseoir leur notoriété et de se projeter eux-mêmes dans un concept artistique qu’ils sont incapables de créer.
Le sens de mes toiles c’est la mise en lumière de la psychologie et de la fragilité des êtres, avec en arrière-plan mes révoltes et mes engagements.
Ainsi, dans le tableau ci-dessus intitulé : « L’inconséquence » le regard est, dans un premier temps, arrêté par la plastique de mon modèle et pourtant celle-ci a un sens précis : elle est une allégorie de la puissance américaine jusqu’au tatouage du dollar sur le bras de personnage, signe affirmé du capitalisme. Derrière cette image dominante, on aperçoit, noyée dans un vide sidéral, notre planète agonisante symbolisée par un crâne qui part en éclats et laisse apparaître le continent africain, en creux, comme une vaste tombe !

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Ce tableau, comme la plupart de ceux qui mettent en avant la blessure et l’oiseau, est un de mes préférés. Il traduit assez bien ce que je voulais y installer : une douleur présente, ardente, comme une chair qui habillerait la mienne. Une douleur avide de me consumer.
Le vol de l’oiseau, symbole de liberté, est interprété ici comme le vol qui conduit en prison.
De mes territoires d’enfance, de cette prison d’amour, je n’ai rien gagné d’autre que l’évasion obligée. Un saut dans le vide dont la chute permanente me donne toujours à frémir.


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Dans la palmeraie de Tozeur, le jardinier m'offre des fleurs qu'il vient de cueilir © Giliberti - 2006


La nuit prochaine, nous retrouverons les horaires d'hiver.
Les télés et les radios nous le martèlent déjà depuis ce matin.
Impossible d'y échapper !
D'une certaine façon, il faut se préparer à une hibernation aménagée et souvent douillette, mais une hibernation quand même.
Moi, je préfère l'heure d'été, parce qu'il y est dit que c'est l'été et quand c'est l'été, les nuits s'agrandissent et avec elles, mes yeux.
J'aime les mois de chaleur, ils prennent mon corps en main et m'ouvrent les portes de l'exil.
Il me donnent l'envie de me perdre dans ces pays qui sont en été toute l'année.
Il y a quelques années, je suis resté à la Réunion quelque temps avec mon ami. C'était assez fantastique. Je me souviens des longues promenades dans la nuit sur le sable tiède de la plage. Au son des djembés que des jeunes gens faisaient résonner, des familles étaient réunies pour faire griller des poissons multicolores autour de grands brasiers et le lourd parfum des fleurs des arbustes côtiers était si fort que j'avais une idée de ce qu'on peut attendre du bonheur sur Terre, même si le mien est en Tunisie, à l'ombre verte des palmeraies de Nefta ou de Tozeur.
Alors, comme chaque année, je vais retarder d'une heure les aiguilles de mon réveil et attendre tout un hiver qu'on m'annonce à la télé et à la radio qu'il faut maintenant les avancer d'une heure... Triste manège sans musique qui tourne dans le grand vide de mon cerveau qui ne capte plus grand-chose depuis quelque temps. Depuis que je me prends à rêver qu'il existe des ailleurs chimériques où le temps n'a pas le même sens qu'ici et qu'au lieu de m'emporter directement à la fin du parcours institué, il m'emmène par des détours initiatiques, où la vie n'est certainement pas cette grande horloge imposée, rythmée par les tics et les tocs du travail, de la possession, de la rentabilité.
À l'heure où la science révèle la moindre de nos traces génétiques, on nous oblige à gommer la principale, la seule trace atavique qui vaille la peine, celle qui consiste à jouir de la vie.

Percée dans la palmeraie de Tozeur © Giliberti - 2006

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Encore un jour.
Un jour sans nuit.
Mes yeux savaient l'obscur
Quand tu les allumais.
Le coeur des hommes est si fragile
Sous ses blessures singulières.
Pourquoi ton chant s'élève haut
Et me renvoie à tes chevilles ?


© Giliberti - 2006

Moez à Beja/Photo Michel Giliberti © Giliberti 2006

La nuit,
Quand tout se tait,
Mon cœur,
Fait un tel bruit…

© Giliberti - 2006

La campagne de beja/photo Michel Giliberti © Giliberti 2006

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Un bout du jardin à l'automne © Giliberti - 2006

C’est l’automne déjà
Et c’est déjà l’ennui
C’est l’eau morne dans le puits
Les fougères qui se plient.
C’est l’automne déjà
Et c’est déjà l’hiver
Alourdi du silence
Des oiseaux qui se taisent.
Je me tais moi aussi
Attentif à l’été
Qui m’étaie en pensée.
Et qui tait mes regrets.

© Giliberti - 2006

Automne à Tozeur © Giliberti - 2006

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J'ai longtemps pensé que la poésie, quand elle n'est pas poésie de salon, était le moyen de tous les combats.
René Char pour la France, ou Mahmoud Darwich pour la Palestine, pour ne citer qu'eux, ont su trouvé les mots suffisamment grands, forts et subtils pour éclabousser de courage les gens de coeur et faire grandir les esprits.
Aujourd'hui, les poètes combattent toujours...
La révolte existe, on la retrouve la plupart du temps dans les textes de certains rappeurs.
Leurs poésies âpres, souvent violentes, magnifiques ou incendiaires, sont malheureusement enfermées dans un vocabulaire codé et dans une imagerie précise, nourrie du look et des mots de la banlieue. Elles ne permettent pas toujours de les comprendre ni ne donnent l'envie de s'associer à la révolte qu'elles clament. Hélas chacun de nous, attaché aux mots qu'il connaît ne fait pas l'effort d'en découvrir d'autres et si les mots ne dévoilent pas les maux, comment prendre conscience du mal des banlieues ? Dès lors, la rupture se crée. L'idée du combat doit être fédératrice, sinon elle est condamnée à la clandestinité... Or les banlieues ne doivent pas devenir le maquis.
On peut me rétorquer que la révolte est bien obligée de naître et de vivre du milieu qui la nourrit, mais il ne faut jamais oublier que toutes les révoltes réussies sont celles qui ont été comprises de tous.
En 1968, les ouvriers ont rejoint les étudiants parce qu'ils avaient compris leur message. Un vrai mouvement de contestation a éclaté et en remontant dans l'histoire, on retrouve toujours ces unions... jusqu'à la Révolution française, jusqu'à la République.
Moi qui suis un inconditionnel des textes de rappeurs depuis toujours, moi qui ai lu des textes qui m'ont fait pleurer tant ils étaient forts... j'enrage de voir tant de gens les ignorer ou n'en retenir que ce qui les condamne parce qu'ils ne comprennent pas cette langue-là...
Quel gâchis ! Alors que nos conditions d'hommes asservis à un système sont les mêmes !

              Acquis... la prison !
                  À qui le soleil ?
                      Acquis... l'obédience !
                          À qui le pouvoir ?
                              Acquis... la misère !
                                  À qui le profit ?
                                      Acquis... l'hilotisme !
                                          À qui la main mise ?


In « Bleus d'attente » de Michel Giliberti aux éditions Librairie Galerie Racine - 2001

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On n’est pas prêts d’oublier cette sordide histoire de bébés français retrouvés congelés en Corée (question de coût ?) qui a agité l’actualité ces derniers temps au point de monopoliser la première partie des infos toutes chaînes confondues.
Dans cette sale et froide affaire de congélateur bien garni, je reste sur ma faim quant à la non-responsabilité de Monsieur Picard… Qu’il ne se soit pas aperçu à trois reprises que sa femme était enceinte, si givré soit-il, je l’accepte volontiers ; tant d’hommes sont si indifférents à leurs épouses et, comme pas mal de machos, Monsieur Picard, après tout, pouvait ne jamais remarquer si sa moitié changeait de coiffure ou de toilette et à fortiori, si elle grossissait… mais de là à ne pas s’interroger sur les deux paquets de viande jamais utilisés qui reposaient dans le congélo… il y a une marge. Était-il si indifférent à tout ? Indifférent au point de ne pas ouvrir le frigo ? Dans ce cas, on peut penser que Madame Picard est une victime et que lassée par la froideur de son mari, elle a voulu briser la glace et « attiser » son attention. Tous les moyens ont dû y passer, mais hélas, Picard devait rester enfermé dans son igloo mental… Alors, la malheureuse s’est ingéniée à le séduire avec quelque chose qui lui ressemblait et pour vouloir trop en faire, elle est tombée dans ce triste fait d’hiver qui donne froid dans le dos.
Ce dont on est certain, c’est que ces deux malheureux petits grêlons n’auront jamais connu les joies simples de la vie, dans la douce chaleur d’un foyer… rien, ni l’amour, ni le sport… Juste un « hoquet » sur glace, avant…
 

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Mon travail d'artiste peintre, auteur et photographe...

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