11 juin, neuf heures et demie, je signe enfin ce tableau… le dernier désormais, jusqu’au prochain. Quand Florian a posé, je n’ai pas réalisé à quel point la mise en image de cette toile étaient liés à un souvenir cruel de mon enfance... Un jeune homme assis, pensif, qui considère ( ou pas ) un bouquet de plumes dont on ignore comment il tient à la verticale ; est-il coincé entre ses cuisses ? Serré dans une main ? En lévitation ?Peu importe, les années se barrent ; elles me replongent au cœur d’un après-midi de grande chaleur en Tunisie. Le temps est immobile. J’ai quatre ans et demi, je suis accoudé sur le bureau de mes sœurs et je dessine une jeune femme nue. Je suis très appliqué, je vis intensément cet instant, c’est même incroyable comme cet instant est physiquement intense. Maman est à la cuisine, je pars la retrouver… je vais lui raconter...La calligraphie arabe dit « J’étais si près de l’envol »… cette traduction est à la verticale sous l’accoudoir, près de la main.