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Le blog de Michel Giliberti

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main-de-lui.pngÀ rester suspendu au fil des images, le temps n’est que supposé. S’il entrouvre ma mémoire, c’est pour aussi ouvrir mon cœur.
L’enfant récuse la soumission où les adultes se complaisent… Moi, je veux rester l’enfant et dire bonjour aux dieux terrestres.
Je veux d’un mot et d’un regard prendre ce que je vois comme un envol des jours heureux…

vieux-jardinier-1.jpgUn jardinier dans la campagne de Béja
voile-blanc.jpgJeune femme dans les rues de Douz
petits-et-ane.jpgDeux enfants sur la route de Matmata
jeune-homme-kerkennah.jpgUn jeune homme aux îles Kerkennah

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Pour le plaisir des yeux...

profil-tunisien.jpgDe tes terres,
Je n’aurai gardé que le goût du sable.
De tes lèvres,
Que les mots qui dessèchent.
De ta vérité,

Que ma dissidence stérile.

 © Giliberti / 2007
 
tunisien-profil.jpgHé oui...

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prisons.jpgCe tableau avec Franck et Xavier comme modèles, me fut suggéré lors d’une conversation « sereine » avec une bourgeoise aux idées larges et qui « comprenait tout à fait les gays ».
La discussion avançait tranquillement quand, au bout de quelques instants, elle me dit : « Les homosexuels, c’est formidable ! Je les comprends tout à fait, ce sont des êtres exquis, si drôôôles... c’est géniaaal! ils ont du goût, leurs appartements sont toujours ravissants et ils sont si propres... »
Je lui répondis que c’était une vision bien réductrice des gays et je lui rappelais que nous nous battions aussi pour avoir les mêmes droits que tous.
Elle me rétorqua. « Se battre ? mais pour quels droits ? c’est idiot ! C’est comme si tous les diabétiques manifestaient… Ils ne peuvent quand même pas vivre comme les autres, on le sait ! Ils sont en prison. »
Pressentant le pire, je lui demandai ce qu’elle entendait par « en prison ». Elle me rétorqua entre deux petits-fours (nous étions à un vernissage) : « Notre société réclame une certaine virilité, une certaine audace, non ? Les homosexuels sont bien trop emprisonnés dans leur impossibilité de s’intégrer à elle... le vrai problème, c’est qu’ils sont en prison, je vous assure. »
Eh oui, je vous passe le reste, car j’étais à deux doigts de lui faire avaler tout l’or de ses breloques qui dégoulinaient sur elle, lui faisant comprendre qu’une minorité peut aussi espérer que la majorité les accepte comme ils sont, mais c’était difficile à lui faire admettre qu’elle n’était pas si compréhensive que ça… et que le milieu gay l’intéressait un peu comme les gens vous disent que les favelas sont « Formidaaables !!! » et que c’est « Incroyaaable !!! » ce que les pauvres peuvent faire avec un rien… sans tenter de se mettre à leur place.
Bref, en étant de charmants jeunes gens, dociles, propres et fantaisistes, nous étions, pour cette dame, suffisamment récompensés par le regard honnête de la société.
Nous étions un peu, grâce au quartier du Marais, des animaux exotiques qu’il fallait parquer dans un Thoiry conservateur ; une certaine idée de la « prison » pour homosexuel(le)s, tolérée par ceux qui les rejettent. Quelle misère!

Heureusement que ce discours n’est pas majoritaire ( quoi que... ! )
Voilà pourquoi, sur ce tableau, si la position  des personnages peut faire croire à l’unité, au rapprochement et à la tranquillité, les regards, eux, semblent inquiets et refléter ( pour Xavier, tête sur les genoux ), une inquiétude et pour Franck, un  fatalisme devant un horizon incertain.


Il faudra que je parle un jour de Xavier… plus tard, quand j’y parviendrai.

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De ma pièce de théâtre dont je parle souvent, « Le centième nom », j'ai tiré un roman « Jihad » dont voici les toutes premières pages... Un soir de grande chaleur en Palestine, Jihad retourne sur les lieux où son jeune frère a été assassiné... Peu de temps après, alors qu'il confie à Dieu son besoin de vengeance, il est surpris par David qui passait par là, lui-même tout à sa détresse depuis la mort de ses parents dans un attentat.
Le face à face entre le jeune Palestinien et l'Israélien donnera lieu tout au long de la nuit à une confrontation dramatique qui révélera la souffrance de chacun.

salim-jihad-11.jpgSalim Kéchiouche, magnifique Jihad dans la version théatrale et pourquoi pas un jour dans une adaption au cinéma ?

   Jihad ralentit le pas.
    Son souffle est court.
    Ses yeux habitués à la faible lumière de la ville balaient de toute part la place déserte à cette heure-ci de la nuit.
Il la traverse rapidement, évite de se prendre le pied dans les ornières du bitume défoncé par les chars et les obus.
Plus que quelques mètres.
    Son cœur bondit dans sa poitrine.
    Voilà. Il y est.
    Rien n’a changé.
   Les ruines de la grande maison se dressent toujours vers l’étoile que la Lune met dans sa parenthèse étincelante, sous un ciel si noir qu’il masque l’au-delà. Un ciel qui détruit tous les rêves.
    Non, rien n’a changé.
   Le porche à moitié effondré, l’entrée béante et noire comme la mort, la porte bleue qui agonise, pendue à un seul gond, à quelques mètres de l’olivier centenaire étonnamment vivant.
   Jihad essaie de rester calme, pourtant ses mains tremblent. Il cherche fébrilement ses cigarettes au fond de sa poche, en extirpe la dernière du paquet tout écrasé, l’accroche à ses lèvres sèches, l’allume et replace l’étui vide dans sa poche, par habitude. Par indigence… tout peut servir.
    Il ferme les yeux un instant et se concentre sur ce petit plaisir de la cigarette dont le bout incandescent pulse au rythme de ses inspirations. Ces bouffées âcres de tabac au fond de la gorge, cette brûlure accoutumée, ce souffle chaud dans ses poumons.
    Ce souffle qui le distrait de sa torpeur.
    Ce souffle qui l’empoisonne.
    Ce souffle qui tous les jours le fait vivre et supporter la nuit qui lui balance sa nouvelle blessure.
    L’air embaume des exhalaisons de toutes les fleurs qui se répondent en nocturne.
    À l’abri de ses paupières closes, il pourrait s’imaginer un été ordinaire, un soir ordinaire dans un pays ordinaire.
    Mais non. Impossible! Sa mémoire meurtrie ne côtoie plus ce rêve.
   Il entend seulement les grillons qui se défient de sa présence en lui faisant croire qu’ils sont là, tout près, mais ailleurs aussi, petites taches de bruit sur l’immense abstraction de la nuit.

    Lui qui ne s’en est jamais préoccupé. Il se surprend à les écouter,  il les écoute comme on écoute le tic-tac d’un réveil dans le silence des chambres quand le sommeil vous fuit.
    Il rouvre ses yeux et sous les sourcils drus, ses sombres prunelles retrouvent la réalité.
   Une réalité d’éboulis de pierres et de briques qui jonchent le sol poussiéreux près du porche. Un lieu à son image, misérable et sec.
    Il enfouit la main dans sa chevelure épaisse et se masse le crâne, comme pour reprendre ses esprits.
    C’est là.
    Il tire une bouffée, très longue, qu’il ne rejette presque pas.
    C’est là.
    C’est là que Jamel, son petit frère, est tombé sous les balles de l’ennemi, il y a deux semaines.
    C’est là que son petit corps fragile, tragiquement secoué à chaque rafale, comme un pantin de chiffon, s’est effondré dans ses bras.
    Lui, Jihad, n’avait rien compris.
   Il avait tout d’abord eu peur, peur des signes annonciateurs, d’une certaine agitation dans l’air. Les gens pressaient le pas, certains se bousculaient, comme des animaux devant un danger immédiat et puis surtout, il y avait eu le bruit du camion qui approchait.
   Jihad avait accéléré sa marche en entraînant son frère dans son sillage pour rentrer au plus vite à la maison. Rien pourtant n’affirmait que le malheur rodait, mais chaque promeneur, blessé dans ses souvenirs ou dans sa chair, l’avait pressenti.
    Après, tout s’était passé si vite. Jihad avait été abasourdi par le fracas des armes qui déchiraient ses tympans et la poussière jaune qui l’étouffait. Poussière épaisse que les roues du véhicule militaire soulevaient et projetaient de toute part comme un insecticide.
    Cette violence n’avait duré que quelques secondes, mais Jihad ne parvenait pas à refaire surface.
    C’est le sang qui l’avait sorti de son inertie.
    Partout il se répandait.
    Rouge et chaud.
    Sur son tee-shirt, sur ses mains, sur la terre desséchée qui le buvait, l’aspirait, avide, comme un vampire.
   Les balles avaient traversé le petit corps de Jamel et le choc si violemment répercuté contre son propre ventre lui avait fait croire qu’il était lui-même la victime.
    Les passants s’étaient éparpillés en hurlant et en criant à la première rafale.
    Il faisait très chaud ce matin-là. Ça sentait la sueur, le crottin, l’huile frite, le sang et la poudre.
   Quelques femmes imploraient encore Allah en tenant leur voile contre la bouche, et les hommes menaçaient l’ennemi disparu avec des gestes vengeurs, et en peu de temps, Jihad s’était retrouvé seul, assis, Jamel dans les bras.
    Pas âme qui vive.
    Le silence avait trouvé le lieu pour installer ses questions sur l’horreur.
    Mais Jihad ne s’en posa pas !
    Et quand il comprit que son frère était mort, le ciel chauffé à blanc demeura longtemps son seul repère, et doucement il se dit qu’il fallait bien faire quelque chose.
    Il se sentait écrasé de solitude et de désespoir. Sa gorge sèche semblait avoir avalé tout le sable du désert.Salim-jihad-2.jpg
   Il posa enfin ses yeux fiévreux sur le visage de ce frère qui gardait les siens grands ouverts sur le soleil impitoyable, sa tête chancelante comme celles des petits oiseaux qu’il capturait sur la colline pendait tristement en arrière.
  Pendant de longues minutes, Jihad continua à se dire qu’il fallait bien bouger, mais aucun de ses membres n’osait le moindre mouvement.
    Pourtant, des enfants, il en avait vu mourir. Souvent. Trop. Il y avait eu d’abord Mourad, son petit copain, Talal, Rachid, Nouran, ses voisins, et puis tant d’autres, il ne les comptait plus. Mais Jamel… Comment annoncer ce drame à ses parents ? Sa mère ne survivrait pas à ce choc.
    Au sud, le vent s’était levé.
   Il emportait avec lui des papiers et des détritus de toutes sortes qui brouillaient sa vue et donnaient l’impression d’un indécent carnaval privé de musiques et de rires.
   Jihad, hagard, regardait ses pauvres baskets usés et recouvertes de terre. Ses belles mains marbrées de veines et maculées de sang, ses belles mains abîmées par tant de petits travaux minables, tenaient serré contre sa poitrine, le corps fragile de Jamel. Il sentait la sueur couler le long de sa nuque. Elle glissait aussi sur la poussière de ses joues et formait des rigoles ambrées et brillantes.
    Il était dans une autre dimension.
    Épuisé.
    Effondré.
    Désemparé.
  Rien autour de lui n’était susceptible de le réconforter. La ville entière vivait le même drame et se repliait sur elle-même.
    Il avait tenté une fois encore de questionner le ciel pour partager sa douleur avec son Dieu.
    Il l’attendait.
    Il l’espérait.
    Lui seul, lui redonnerait un peu de son courage habituel.

    Jihad scrute l’obscurité à peine traversée de la faible lumière d’un vieux réverbère encore intact, pas très loin. Parfois des déflagrations zèbrent l’horizon d’éclairs bleus. Ce pourrait être une de ces fêtes qu’il voit à la télévision, quand le ciel, en Europe, s’illumine de feux d’artifice.
    L’Europe… Il n’arrive pas à croire qu’il y a là-bas des pays où les gens marchent, mangent, s’aiment et s’amusent en paix et que dans ces lieux privilégiés, naissent des grèves, des signes de mauvaise humeur et même qu’on s’y révolte. Il ne comprend pas. Il ne peut pas. C’est surréaliste.
    Sa cigarette est déjà consumée. Il la jette au loin, puis s’approche encore.
    Doucement, avec résignation, il s’accroupit au sol et se couche sur le flanc comme un animal blessé. Il caresse le sol à l’endroit même où Jamel est mort puis il triture cette terre jusqu’à s’en emplir les ongles.
    « Mon Dieu, je suis là, murmure-t-il au bout de quelques instants, je sais que tu me vois. Je sais que tu m’entends. Moi, j’entends seulement le bruit des armes et mon ventre qui gargouille. Ce soir pourtant, j’entends aussi les grillons… Je ne me suis jamais intéressé aux grillons. J’ai vingt-deux ans, et je t’assure, c’est la première fois que je les écoute. »
    II s’arrête un moment, ému par sa propre voix dans le silence de la nuit. Il n’a pas l’habitude de parler seul, de s’entendre parler, et ses prières, d’ordinaire, sont muettes.
    Il tente de se redresser sur un coude, renonce, et en chien de fusil toujours à même le sol, il poursuit sa confession appliquée devant son Dieu.
    On croirait qu’il dort.
    « Depuis quelques jours, j’essaie de tout capter, ça fait si longtemps que je suis sourd. Je me suis habitué à ne plus rien entendre… Sauf mon cœur quand j’ai la trouille, et j’ai eu si souvent la trouille. Je crois que j’ai cessé de l’avoir quand Jamel est mort. Mon Dieu, je t’ai imploré le courage ce jour-là… je l’ai attendu… attendu, en vain. Alors, je me suis redressé comme un automate, le dos contre ce mur et j’ai gardé Jamel dans mes bras… si petit, si léger. Pendant des heures, je pense. Je ne voulais plus rentrer à la maison. J’étais certain que ma mère en mourrait… que mon père deviendrait fou. Quand on n’a rien et qu’on vous enlève tout ».
Jihad fait un nouvel effort, se redresse un peu et d’un geste de la main essuie rageusement les larmes sur ses joues. Il se met à genoux avec difficulté.
    « Mon Dieu… Tu ne m’as pas envoyé le courage… seulement l’indifférence. Je ne savais plus si j’étais vivant ou mort. Je regardais dans le vide en tenant les petits doigts de mon frère pour les réchauffer, mais ils sont devenus froids… doucement. Moi-même, j’avais froid jusque dans les os. Je me suis relevé. J’ai pris la direction de la maison. Au fur et à mesure que je marchais, mon indifférence se transformait en haine, malgré la fatigue… Mon Dieu, j’étais si fatigué… Mes pas étaient si lourds. Je marchais comme un vieux. Arrivé à la maison, j’avais cent ans. J’ai posé Jamel sur le tapis comme un vulgaire paquet. Il y a eu un grand silence. C’est rare à la maison. Le visage de ma mère s’est pétrifié. Il était sculpté dans le marbre… Une vraie statue… les statues ne comprennent rien. Elle n’a plus jamais rien compris. Mon père, lui n’a pas résisté à la vue de Jamel ensanglanté, comme ça, sur le tapis et moi devant, indifférent et couvert de sang. Cela devait être terrible…Sa tête fière n’a pas bronché, seule sa barbe blanche a frémi, ses yeux noirs se sont enfoncés davantage dans leurs orbites. Ce fut son dernier signe de vie ».
    Jihad soupire. Il se sent pitoyable. Comment peut-on en arriver là ? Une fois encore, il tente de lire dans le ciel un message, d’entendre un écho à sa voix, puis au bout de quelques instants, son monologue repart de la même voix éteinte.
    « Papa… toi qui n’hésitais pas à me battre quand je désobéissais, toi qui me faisais tellement peur, malgré ta vieillesse, ce soir-là, j’ai compris que t’avais un cœur… Un cœur bien fragile ».
    Jihad se tait un long moment.
   Dans sa tête, il revoit l’enterrement précipité de son père et de son frère. Tous ceux de son quartier qui, avec lui, avaient soulevé à pleins bras les deux cercueils fabriqués à la hâte et les avaient amenés jusqu’au cimetière dans une cohue, un brouhaha indescriptible de cris et de larmes.
    Il revoit la photo de Jamel, brandie comme un étendard tout au long de la procession. Il revoit son sourire d’enfant, son regard malicieux figé au-dessus de la mêlée qui se bousculait et amplifiait sa douleur.
    Au centre du cortège, la fumée des drapeaux israéliens que des groupes d’exaltés avaient incendiés brûlait la gorge et piquait les yeux.
    Et toujours la poussière.
   La poussière de la terre si sèche, la terre de Palestine. Un chien aboie au loin, ça le rassure un peu et il revient s’asseoir à l’endroit exact où il se trouvait.
    Sa poussière.
    Comme un écran qui filtre l’horreur et masque l’indicible.
   Jihad soupire et va pour reprendre sa prière, quand un petit bruit sec, comme une branche d’arbre qui se rompt claque dans la nuit, à quelques pas de lui.
    Il s’immobilise sur-le-champ, puis très vite se lève et se précipite à l’abri d’un pan de mur, près de l’olivier.
    Il attend comme ça, haletant, deux ou trois minutes.
    Rien.
    Il attend quand même, prudent, mais les grillons, la chaleur et les parfums redonnent un sens à la nuit et endorment les siens.
    Un chien aboie au loin, ça le rassure un peu et il revient s’asseoir à l’endroit exact où il se trouvait....
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Ton image multiple
Refait mon horizon
Et ta blessure bleue
Opalise mes doigts.
Tu t’approches de moi
Et ton corps donne l’ordre
Pour un jour, pour un mois
D’encore te recréer.
Ton image multiple
Baigne alors mes ardeurs
Et ton sombre regard
Saigne et signe mes toiles.

© Giliberti / 2007

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Moez-sourire-2.jpg« Un peu de soleil dans l’eau froide », comme un titre de Françoise Sagan.
Oui, juste un rayon de lumière sur les matinées grises que l’été a boudées.
Mais l’exil est toujours possible qui s’attache aux fantasmes, et sourire me paraît encore le moyen le plus sûr de retenir le soleil.
Dans l’aisance d’un écrin virtuel, je considère ton visage, comme on se chauffe à l’été, comme on se coupe au tranchant d’une herbe haute.
Que la vie semble facile quand on écoute les bruits qui rassurent et perpétuent le silence qui les joint... quand on regarde le rien devenir tout.
Un plein air d’orties et de chicorées au jardin, c’est déjà un bouquet de fleurs rares.
Que la vie continue de m’apporter des respirations comme ce matin où croire me donne tant.
Et demain, au bord du sable et de l’aurore, main dans la main avec l’amour de ma vie, je te rencontrerai encore, Moez ; je te rencontrerai, et cette fois-ci, c’est à nous deux que ton sourire clair dans l’aube bleue s’adressera.
Enfin, le sens de la vie, à deux pas du clapotis des vagues, nous parlera.

Moez-sourire-2.jpgMoez-sourire-2.jpgMoez-sourire-2.jpgMoez-sourire-2.jpgMoez-sourire-2.jpgMoez-sourire-2.jpgMoez-sourire-2.jpg

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file-274067-15807.jpg
 Aucune envie de poétiser aujourd’hui, ni même d’écrire calmement…
Le député-maire UMP d’Argenteuil Georges Mothron (sur la photo) chasse les SDF au répulsif.

... /... La ville s'est procuré un produit chimique malodorant pour tenter d'écarter les sans-abris de certaines zones. L'un de ses arrêtés anti-mendicité, en 2005, évoquait la «gêne olfactive» liée à la présence de SDF... /...
Par AFP
LIBERATION.FR : vendredi 24 août 2007


Je n’ai même pas les mots pour expliquer ce que je ressens devant ce faciès rougeaud shooté au cholestérol et qui affiche joyeusement son esprit cirrhosé et bileux...
Les petits-fours pour sa gueule et les répulsifs pour les pauvres !
Épouvantable « société » ! J’avais espéré que la droite deviendrait un peu plus humaine (pour sauvegarder son capital de pauvres), mais non ! Elle est bien égale à elle-même ; elle sait exploiter la misère et la chasser quand elle est trop gênante, ou quand elle se remarque trop ! Alors, elle trouve les prétextes les plus fallacieux qui soient en évoquant les problèmes de la concurrence, de l’insécurité...
Alors, elle veut rétablir « l’ordre moral » en s’appuyant, bien entendu, sur les religieux de tout poil...
Alors, elle veut rétablir « l’ordre public » en se servant de sa police et si cela est nécessaire de son armée...
Alors, le pauvre est résigné...
Alors, le pauvre se terre dans sa maison Borloo (une vraie merde, celle-là) que l’État (dans sa grande générosité) lui a vendue à prix d’or dans le seul but de bien enrichir ses « camarades patrons »... 
Alors, le pauvre est heureux de pouvoir manger les restes que les riches lui ont fabriqués (fast-food divers, OGM, engrais, pesticides, etc.)...
Alors, le pauvre consomme car c’est sa seule évasion...
Alors, le pauvre achète à crédit et il s’appauvrit un peu plus chaque jour...
Alors, le pauvre perd son emploi car on lui dit qu’il faut faire jouer la concurrence...
Alors, il devient un rat qu’on chasse au répulsif !
Je ne parle plus beaucoup de politique ces temps-ci car je n’ai toujours pas digéré Sarkozy... et, le fait de parler de lui me procure toujours la nausée, mais dans le fond que pouvions-nous attendre de celui qui criait haut et fort qu’il voulait être le Président de « tous les Français » et qui laisse les pourritures fascistes utiliser des méthodes qui consistent à tirer la chasse dès que la merde qu’ils ont installée les dérange !
Oui, pour eux, un SDF n’est qu’une merde qu’il faut nettoyer au Karcher, au même titre qu’un délinquant, qu’un fou, qu’un malade... car ils ne peuvent pas utiliser tous ces crève-la-faim à construire leurs palais et leurs yachts... mais ils en trouveront d’autres (en bonne santé) ; la Chine est une mine d’or de petits enfants travailleurs !
Avec cet article de Libé, j’ai à nouveau une haine sans nom pour cette politique du mensonge, de l’esbroufe et de la répression.
Parler plus avant de ce maire et de ses semblables me donne l'envie de vomir... Je m'arrêterai donc là en pensant que c’est sur eux que nous devrions tirer la chasse.
Notre planète déjà mutilée au nom du sacro-saint principe productiviste a-t-elle un avenir ? Il me paraît en tout cas bien étroit.

Le désert… Oh oui ! Le désert.

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jeune-garcon-tozeur-bbb.jpgAprès ma petite escapade d’une semaine aux Canaries, j'ai déjà besoin d'écrire sur la Tunisie.
Juste quel
ques mots pour une halte près de Tozeur, juste pour le sourire d’Imed, ce jeune homme qui s’est proposé de me guider durant presque trois heures, le temps de visiter les oueds et les montagnes qu’il affectionnait.
Il prenait son travail à cœur et m’expliquait plein de choses dans un français très pittoresque. Grâce à lui, j’ai très vite découvert des endroits retirés que je n’aurais jamais trouvés tout seul, j’ai contemplé ainsi des rochers immenses qui enserraient des poches d’eau miroitant sous un soleil unique et se découpaient sur un ciel chauffé à blanc, des cascades d’une eau limpide au creux de canyons impressionnants, des élégants palmiers dans une oasis couleur d’émeraude.
Je sais, j’ai toujours la faiblesse de parler de mes va-et-vient en Tunisie et surtout de la gentillesse et de l’accueil de son peuple, avec des phrases serties de trop de qualificatifs mais comment pourrait-il en être autrement ? Tous les grands moments de bonheur imprévus sont souvent liés à ce pays et dès que ça ne va pas trop bien dans ma tête, il se trouve toujours quelqu’un, là-bas, pour me tendre la main à ce moment-là…
Je continuerai longtemps à parler de ces gens du Sud, de ces gens mystérieux qui sacrent les instants de la vie de leurs mots et de leurs gestes… de ces gens qui font partie de ma famille et qui exhalent tous les parfums de mon imaginaire. Je ne peux oublier mes premiers émois au centre de leurs familiarités, de leurs danses et de leurs chants ensorcelants. Si l’âme existait, elle aurait la blancheur et la tiédeur des draps qui sèchent au soleil de Tunisie.
Merci Imed d’avoir bien voulu m'accompagner pendant ces quelques heures de parcours initiatique au centre de ton quotidien, merci de m’avoir raconté les roses des sables, l’eau fraîche des cascades et les facéties des chameaux.
Tu rencontreras d’autres touristes comme moi dans ta vie, mais chacun de nous n’aura trouvé qu’un seul guide comme toi, dans la sienne.

canions.jpg
Un canyon près de Tozeur

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Tu dis encore les mots
Qui tuent
Et moi,
Mourir de toi, je peux.
Tu dis encore « tais-toi »
Et moi,
Me taire,
D’un mot de toi, je peux.
Tu dis encore « J’ai peur,
Je crève »
Et moi

  Sauver ta peau, je veux.
Je dis toujours « Résiste!»
Car moi,
Sans toi,
Mourir de vivre, j’ai peur.

© Giliberti / 2007
 

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Comme d'hab, quand l'inspiration déserte mes neurones, je fais appel à mes périodes plus fertiles... Voici donc un extrait de "Derrière les portes bleues", un de mes premiers romans où Jérémy, chanteur désanchanté et destroy, se retrouve au matin de sa première nuit d'amour avec Tarek, un  de ses fans, dans un petit hôtel de Tunisie, à Guengla, au bord de la mer... une nuit d'amour si imprévisible... une nuit d'amour à l'encontre de ses habitudes sexuelles et qui va bouleverser le cours de sa vie.
Tableau ayant servi la pochette du livre.
.../... Depuis plus d’une heure, Jérémie admire la barque frêle d’un pêcheur. Elle est plantée là, au milieu de la mer, irréelle.
Un regard à gauche, elle n’existe plus.
Un regard à droite… Pareil.
Mais elle est là, immobile ! Avec le clapotis de l’eau à contre-pied de l’immense terrasse blanchie à la chaux.
Derrière, la chambre, porte bleue entrouverte. Et sur le lit, allongé en chien de fusil, Tarek ! Son sommeil émouvant.
Lui, Jérémie, est devant, comme le capitaine d’un navire, face à l’horizon et à la mer si calme.
Un léger vent caresse sa peau encore vibrante de l’autre.
Il n’a pas pu s’endormir après…
Trop peur du réveil… Tout est si nouveau, si insolite. Il n’explique rien de son désir. Il ne le nomme pas.
Comment a-t-il pu dépasser la simple attirance qui, en soi, n’est pas exceptionnelle ? Qui a pu instiller au fil des jours un tel changement ?
Il a vécu la nuit la plus insensée, la plus subtile, la plus vraie à épouser le mot, le geste ! Et pourtant un vent de folie a balayé la plus élémentaire de ses convictions. Au-dessus du visage de Tarek, c’est la paix qu’il a rencontrée, et il s’en étonne. Les sourcils de Tarek, ses lèvres, son nez, chaque contour lui a paru si évident, comme à la fin d’un voyage, quand l’avion rencontre la terre et que, dans l’ancienne trace, le pied retrouve ses repères.
Il n’oubliera plus…
Aucun murmure, aucun gémissement ne l’a à ce point envoûté comme ceux de Tarek quand il s’est abandonné, ivre de vie, fragile et fort, offert à ses pulsions. Ses soupirs et ses râles ont été à l’image de ses phrases contractées, de ses mots en verlan, si beaux, si déroutants.
Actuel d’amour !
Non, il n’a su s’endormir après.
Tarek, lui, a sombré dans un sommeil sans nom… Repu, désarticulé.
Victorieux.
Et avant cette nuit, il y avait eu dans l’après-midi la plage des grottes près de Bizerte… Le varech têtu, enroulé autour des jambes, le sable curieux… La première fois.
Il y avait eu l’accord, sans précédent… Les mots dans l’oreille… Murmures d’hommes ! Et puis l’arrivée à l’hôtel de Guengla… Les regards complices du gardien, sa compréhension et, surtout, l’incroyable spectacle d’un hôtel vide, blanc, aux façades croulant sous les mauves bougainvilliers et dont les chambres, à l’ombre des eucalyptus géants, donnaient sur la mer turquoise. La mer qui s’épanche… La mer à l’infini.
Et cette barque !
Et il n’est que 7 heures.
De minuscules fourmis courent le long de la balustrade. Jérémie se met à les aimer… Il aimerait les vers de terre, ce matin. Il s’accroupit et en fait grimper une sur son index. Sur le mur opposé, une plus grosse, à tête massive et rouge attire son œil. Il lâche la petite et tente de se saisir de l’autre.
Impossible !
Dès qu’il approche son doigt, elle fuit et, si elle s’arrête devant l’obstacle, c’est pour se mettre en posture d’attaque, pinces entrouvertes et menaçantes. Jérémie n’est pas rassuré et ne sait comment s’y prendre.
– Si tu rongeais pas tes ongles, t’aurais pu déjà la pécho.
Jérémie sursaute et se retourne vivement.
Tarek, accroupi sur le seuil de la porte, les coudes sur les genoux et la tête entre les mains est en train de l’observer.
– Tarek !… Tu dors pas ?
– Non, je mate ton safari…
Jérémie s’accroupit à ses côtés et passe un bras autour de ses épaules.
– Y a un truc pour attraper une grosse fourmi, continue Tarek, la voix éraillée et les traits chiffonnés par le manque de sommeil. Faut mettre ton ongle tout près de ses mâchoires, elle le pince, toi tu sens rien, et elle le lâche plus. C’est têtu comme un rebeu ! Après, t’as plus qu’à lui arracher la tête, quand tu veux t’en débarrasser.
– Quelle horreur !
– Tu peux pas faire autrement, elle lâche pas, j’te dis ! C’est très con !
– Comment tu sais ça, toi ?
– C’est Karim, mon cousin, qui m’a appris quand j’suis venu… Mais lui, c’est super-Beygon. Les fourmis, les mouches, les cafards… tout c’qui fait chier, il t’les attrape ! Il fait des perquiz dans les buffets, sous les lits… Il laisse rien ! Il guette même les murs Lacoste !
– Les murs Lacoste ?
– Ouais… Le soir, quand les tarentes restent scotchées sur les murs, on dirait des p’tits crocodiles… Ça signe les façades !
Jérémie sourit, comblé. Oubliées les fourmis. Il contemple son ex-fan… Cadeau encombrant et indispensable.
– Tu veux qu’on prenne le p’tit déj’ sur la terrasse ?
– T’es ouf, t’as pas vu l’heure ? Tout l’monde comate.
– Mais l’hôtel est vide.
– J’te parle de ceux qui font le service… Je suis sûr qu’ils ont engagé une meskine qui arrive vers 8 heures. On est carrément seuls... grave! C’est Brian de Palma, cet hôtel !
– Qu’est-ce qu’on fait, alors ?
Tarek se masse le visage, sourit et baisse la voix jusqu’au chuchotement.
– Tu m’as fait l’amour khamsa. (Il tend sa main, doigts écartés en éventail.)
– Qu’est-ce que ça veut dire ?
Tarek a une expression totalement enfantine.
– Khamsa, ça veut dire cinq en arabe… On a baisé cinq fois cette nuit.
– Et alors ?
– Viens, on va attendre un peu pour le p’tit déj’… J’peux pas rester dans cet état… Regarde. (Il montre du menton son caleçon et place la main de Jérémie sur son sexe.) Setta, ça veut dire six… Et six, c’est un chiffre rond ! Rentrons dans la chambre.
La porte se referme, et l’étrange hôtel sans voyageurs, les cours bordées du velours pourpre des pensées, les jardins où serpente le tuyau d’arrosage jaune, retrouve l’absolue tranquillité que convoitent les petites tourterelles grises de Tunisie.../...






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