Je m’interdis depuis quelque temps de parler politique, non pas que je n’ose le faire ou n’en éprouve pas le besoin, mais bien parce que ce sujet est devenu épidermique chez moi et qu’il me bouffe la tête.
Si je m’écoutais, j’aurais tous les jours de quoi alimenter des articles entiers sur les invraisemblances qui agitent notre monde.
Ces jours-ci, j’écoutais des explications plus farfelues les unes que les autres au sujet de l’augmentation du prix de l’essence à la pompe et je ricanais doucement en pensant à tous ces projets pharaoniques qui continuent allégrement de s’installer un peu partout sur notre planète... comme si les réserves pétrolières étaient au top !
Rien qu’en France, on continue de multiplier les autoroutes. Pourquoi ? Pour les futures diligences ? car on finira bien par se rappeler que le cheval, pour peu qu’il soit bien traité, a une autonomie certaine, lui !
Quid de ces avions démesurés, comme l’Airbus A380, absurdité absolue dans une époque où le carburant devient précieux… Et tout le monde de se disputer la paternité de ce monstrueux et encombrant avion et tous de sanctifier l’objet de notre malheur à venir, totem d’un nouveau genre bâtit sur les immondices de la connerie. La Terre va mal, la famine augmente et il est impossible de loger chacun de nous de façon décente, alors je crois bien que ces grands oiseaux malades de notre prétention finiront dans les campagnes et abriteront, entre deux sinistres éoliennes qui siffleront lugubrement leurs chants qu’alimente le vent, tous les miséreux… une fin assez noble en somme… un dernier voyage à raz des pâquerettes… Je pensais également à ces 4x4 démesurés qui ressemblent à des fourgons de pompes funèbres, aux plantations de colza outrancières qui appauvrissent définitivement les sols et remplacent la nourriture par du biocarburant pour que ces engins de malheur puissent rouler et aux expulsions intempestives des malheureux qui tentent de trouver refuge dans des pays plus « civilisés »...
Bref…, voilà pourquoi je n’écris plus rien sur le sujet… sauf aujourd’hui.
Restons aveugles et muets sur toutes les injustices et dormons du sommeil du juste .
Et pour aller plus loin encore, vous ai-je parlé de la Chine et des droits de l’homme ?
Vous ais-je entretenu de l’Inde ce pays merveilleux où les petites filles sont considérées comme la lie de la société et peuvent finir à la poubelle, comme de vulgaires encombrants, où les « pédés » sont acceptés dès lors qu’ils sont castrés et qu’ils s’habillent en femme ?
Vous ai-je parlé de ces castes merveilleuses qui considèrent comme « naturel » que vous soyez pauvre et vous écrasent comme des merdes dès lors que vous êtes dans la rue à mendier quelques roupies?
Vous ai-je parlé de ces marchands de rêves qui circulent dans les rues, drapés en orange et promettent un monde meilleur dans d'hypothétiques réincarnations ?
Vous ai-je parlé de ces pays merveilleux où les mafieux polluent la planète au nom du sacro-saint principe de « recyclage » ?
Vous ai-je parlé de ces pays où les gamins travaillent dans des conditions si attractives au nom du libéralisme et de la liberté d’entreprendre ?
Vous ai-je parlé des grands réformateurs de l'ordre moral qui préconnisent le retour au labeur et à la sueur ?
Vous ai-je parlé de la disparition de notre temps, temps de respirer, temps d'aimer les siens, temps de vivre ?
Vous ai-je parlé de ce temps consacré à produire encore et encore, pour gaspiller toujours plus, pour détruire notre petit morceau de Terre jusqu'à ce que les vampires argentiers nous fassent crever pour assouvir leur soif de nos sangs d'esclaves modernes ?
Et de crier aux réformes nécessaires, à l'abolition du temps de travail, à l'expulsion des "sangs papiers", à remettre des frontières que nous avions cru un temps disparues... Illusion ! Tout n'est qu'illusion... le fric, le fric, moteur d'un monde aveugle qui ne sait plus regarder les fleurs, qui n'écoute plus le chant d'un oiseau, qui n'épouse plus le souffle du vent...
Vous ai-je parlé de tous les temples de la foi, des dieux improbables et de ceux qui s'en servent pour vous soumettre un peu plus ?
Ce sera pour une autre fois quand vous manquerez de sommeil…
Quand vous manquerez de foi ! Je viendrai alors vous raconter un de ces ravissants contes d’aujourd’hui, un de ces contes pour les « grands ».
Oui, restons aveugles et muets...