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Le blog de Michel Giliberti

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À
bientôt...


Mes mots sont emportés
Et je crie
dans le vide.
 Pourrait-on mieux entendre
La folie
D’un enfant ?

 © Giliberti / 2008

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Demain je serai chez ma mère pour quelques jours, et pour décrire comment je reste à ses yeux quand elle me retrouve, ces photos permettent de l'imaginer mieux que tous les mots...


Cour le la Petite Sicile en Tunisie... mobylette de papa et chemise indienne que je détestais.


Terrasse de l'Olympia ... Marcel, short, babouches et poussin mécanique... Vaste programme !


Et pour finir, nous voici ensemble, maman et moi sur la terasse en question...

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Décrire mon bonheur sera chose difficile, je suis plus apte à exprimer mes états d’âme quand ils se parent de mélancolie.
Pourtant, il me faut bien parler de bonheur pour décrire la soirée du 21 juin au théâtre de La lucarne où le solstice d’été et la fête de la musique s’ajoutèrent à la dernière du « centième nom ».

Bordeaux vivait la chaleur et dans la moiteur de la ville il y avait quelque chose d’un roman d’Hemingway…  
La salle était pleine, les acteurs Ahmed Alimi et Lionel Hesches donnèrent tant d’eux-mêmes. Jean-Pierre Terracaol le metteur en scène sut rendre festive la fin de ce spectacle pourtant tragique… Aussi, je n’ai pas les mots pour remercier toute l’équipe de ce « modeste et génial » théâtre pour reprendre la formule de Daniel Mermet à propos de son émission « Là-bas si j’y suis » sur France Inter.
Merci Jean-Pierre, j’espère que notre collaboration continuera à porter ses fruits.
Merci à toi Ahmed, avec qui j’ai partagé des confessions et de tendres et amicales inquiétudes.
Merci à toi Lionel, bientôt papa d’un Roméo dont la maman épanouie et heureuse est aussi belle que ton sourire.
Merci à toute l’équipe pour le souffle que vous avez installé dans ma poitrine.
Merci à Maryse, portraitiste de la poétique des fleurs qui s’est déplacée deux fois et pour qui j’éprouve une douce amitié, merci à Mel qui m’a permis de mettre un visage sur ses magnifiques apophyses.
La vie réserve bien des surprises et cette aventure théâtrale
restera, à tous les coups,  une de mes plus belles.






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P
uisqu’il me faut faire une petite pause bénéfique à Bordeaux et assister avec bonheur à la dernière du « Centième nom » au théâtre de La Lucarne, voici une pose esthétique… celle de Laurent, recouvert d’argile. Il travaillait pour moi ce matin là et j'en garde le meilleur des souvenirs.


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Je m’interdis depuis quelque temps de parler politique, non pas que je n’ose le faire ou n’en éprouve pas le besoin, mais bien parce que ce sujet est devenu épidermique chez moi et qu’il me bouffe la tête.
Si je m’écoutais, j’aurais tous les jours de quoi alimenter des articles entiers sur les invraisemblances qui agitent notre monde.
Ces jours-ci, j’écoutais des explications plus farfelues les unes que les autres au sujet de l’augmentation du prix de l’essence à la pompe et je ricanais doucement en pensant à tous ces projets pharaoniques qui continuent allégrement de s’installer un peu partout sur notre planète... comme si les réserves pétrolières étaient au top !
Rien qu’en France, on continue de multiplier les autoroutes. Pourquoi ? Pour les futures diligences ? car on finira bien par se rappeler que le cheval, pour peu qu’il soit bien traité, a une autonomie certaine, lui !
Quid de ces avions démesurés, comme l’Airbus A380, absurdité absolue dans une époque où le carburant devient précieux… Et tout le monde de se disputer la paternité de ce monstrueux et encombrant avion et tous de sanctifier l’objet de notre malheur à venir, totem d’un nouveau genre bâtit sur les immondices de la connerie. La Terre va mal, la famine augmente et il est impossible de loger chacun de nous de façon décente, alors je crois bien que ces grands oiseaux malades de notre prétention finiront dans les campagnes et abriteront, entre deux sinistres éoliennes qui siffleront lugubrement leurs chants qu’alimente le vent, tous les miséreux… une fin assez noble en somme… un dernier voyage à raz des pâquerettes… Je pensais également à ces 4x4 démesurés qui ressemblent à des fourgons de pompes funèbres, aux plantations de colza outrancières qui appauvrissent définitivement les sols et remplacent la nourriture par du biocarburant pour que ces engins de malheur puissent rouler et aux expulsions intempestives des malheureux qui tentent de trouver refuge dans des pays plus « civilisés »...
Bref…, voilà pourquoi je n’écris plus rien sur le sujet… sauf aujourd’hui.

Restons aveugles et muets sur toutes les injustices et dormons du sommeil du juste .
Et  pour aller plus loin encore, vous ai-je parlé de la Chine et des droits de l’homme ?
Vous ais-je entretenu de l’Inde ce pays merveilleux où les petites filles sont considérées comme la lie de la société et peuvent finir à la poubelle, comme de vulgaires encombrants, où les « pédés » sont acceptés dès lors qu’ils sont castrés et qu’ils s’habillent en femme ?
Vous ai-je parlé de ces castes merveilleuses qui considèrent comme « naturel » que vous soyez pauvre et vous écrasent comme des merdes dès lors que vous êtes dans la rue à mendier quelques roupies?
Vous ai-je parlé de ces marchands de rêves qui circulent dans les rues, drapés en orange et promettent un monde meilleur dans d'hypothétiques réincarnations ?
Vous ai-je parlé de ces pays merveilleux où les mafieux polluent la planète au nom du sacro-saint principe de « recyclage » ?
Vous ai-je parlé de ces pays où les gamins travaillent dans des conditions si attractives au nom du libéralisme et de la liberté d’entreprendre ?
Vous ai-je parlé des grands réformateurs de l'ordre moral qui préconnisent le retour au labeur et à la sueur ?
Vous ai-je parlé de la disparition de notre temps, temps de respirer, temps d'aimer les siens, temps de vivre ?
Vous ai-je parlé de ce temps consacré à produire encore et encore, pour gaspiller toujours plus, pour détruire notre petit morceau de Terre jusqu'à ce que les vampires argentiers nous fassent crever pour assouvir leur soif de nos sangs d'esclaves modernes ?
Et de crier aux réformes nécessaires, à l'abolition du temps de travail, à l'expulsion des "sangs papiers", à remettre des frontières que nous avions cru un temps disparues... Illusion ! Tout n'est qu'illusion... le fric, le fric, moteur d'un monde aveugle qui ne sait plus regarder les  fleurs, qui n'écoute plus le chant d'un oiseau, qui n'épouse plus le souffle du vent...
Vous ai-je parlé de tous les
temples de la foi, des dieux improbables et de ceux qui s'en servent  pour vous soumettre un peu plus ?
Ce sera pour une autre fois quand vous manquerez de sommeil…
Quand vous manquerez de foi ! Je viendrai alors vous raconter un de ces ravissants contes d’aujourd’hui, un de ces contes pour les « grands ».
Oui, restons aveugles et muets...

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J’avais très envie de parler sérieusement de choses qui me fâchent actuellement, des choses de la politique ; ça fait si longtemps que je m'en prive… mais je m'emporterai plus tard.


Pour l'heure, et loin de mon courroux... juste ce profil, juste cette élégance au milieu de la Koubba du Belvédère de Tunis… loin des bruits de la ville tout en bas.


De toutes les musiques des choses et des gens, celle-là m’avait vite accroché ce matin-là…

Les notes de son regard noir et celles de sa peau cuivre avaient ouvert le bal de toutes mes harmonies.


L’air embaumé des fleurs du parc emplissait mes narines, la chaleur n’était pas encore écrasante. Il n’y avait qu’une ombre au tableau… Le balai.
Toute personne tenant un balai au service d’un puissant me met mal à l’aise et bien souvent hors de moi, c’est ainsi. Qu’il soit jeune, vieux, homme, femme. Que de péripéties me sont arrivées à cause de cette allergie qui me colle à la peau depuis toujours.


C’est pourtant avec ce balai que je l’ai, ainsi que son copain qui, comme lui, travaillait à l’entretien des lieux. Aussi, après maintes altercations avec son chef qui faisait du zèle inutile, prétextant que je sabotais le travail de toute son équipe, j’ai réussi à l'amadouer pour qu'il laisse ce jeune homme en paix, sans ce balai, le temps de quelques clichés.


Entre deux poses, nous convînmes du bout des lèvres et des yeux de reprendre ultérieurement cette séance improvisée, tranquillement, hors de son lieu de travail.


Pour autant, la séance du Belvédère avait eu quelque chose de magique, une impression de faire tout en cachette, vite et mal, sous les yeux du patron qui nous fustigeait. Je redevenais un adolescent en quête d'émotions fortes.
Et lorsque une vingtaine de photos furent dans la boîte, je repartis léger et heureux de l'entracte que j'avais imposé à ce garçon... ce bonheur simple, j'espère le faire vôtre aujourd'hui. 

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Hier, j’attendais dans le hall de la gare d’Évreux l’arrivée de mon ami qui revenait de Paris.
Le hasard d’un siège d’accueil m’avait placé en face d’une femme d’une cinquantaine d’années et de sa fille qui devait en avoir la moitié.
Toutes les deux avaient l’air de bien s’entendre et, ensemble, elles décortiquaient passionnément un magazine « glamour » qui semblait regorger d’articles tous plus intelligents les uns que les autres.
La jeune fille mâchait un chewing-gum avec une élégance toute bovine et lâchait des « Oh » et des « Putain, qu’elle est belle ! » dès qu’au détour d’une page, apparaissait la silhouette d’une star botoxée, d’un mannequin ou d’une présidente chanteuse (spécificité française).
La mère qui jouait de ressemblance avec sa progéniture tentait de se faire passer pour sa soeur et pour s’en convaincre, portait le même jean moulant (avec quelques kilos supplémentaires qui obligeaient l’ouverture du premier bouton de sa braguette), les mêmes breloques aux bras et aux oreilles, le même gloss outrancier sur les lèvres et elle mastiquait avec autant d’ostentation, doublant ainsi le très désagréable claquement de bulles d’air.
Bref, même QI.
Je ne pouvais pas m’empêcher de les observer... quand la fille arrêta brusquement la lecture du subtil ouvrage et regarda sa mère avec dans les yeux la lueur diffuse de cette culture « people » dont son cerveau était baigné.
– Francis, y veut que j’ m’ refais les seins, souffla-t-elle en se grattant la cuisse avec la délicatesse d’un chien bourré de tics.
La mère s’arrêta de mastiquer et, tandis que son profond regard se bloqua sur quelques funestes visions mammaires, sa mâchoire resta décrochée.
Sa bouche forma quelques « U » d’inquiétude puis quelques « O» de stupéfaction ; le sujet était grave et méritait bien que la fonction buccale émette quelques signaux alphabétiques essentiels qui personnellement me libérèrent du délicieux bruit de mastication en stéréo.
La réponse ne tarda pas, cependant.
– T’es folle ?… Refaire tes seins… Franchement, à ton âge !
– Ben ouais… Francis, y kiffe les gros seins… y dit qu’ les miens, c’est des poires !
– Mais il est fou… tu sais combien ça coûte ?
– J’ sais pas, 4000, 5000 euros… un truc comme ça, genre !
– Et où tu veux que j’ trouve cette somme ?
– Mais c’est Francis qui paye… qu’est-ce tu t’imagines !
La mère recommença à faire claquer son chewing-gum, replongea ses yeux dans le magazine que sa fille feuilletait à nouveau de ses doigts épais et courts qu’un vernis noir pailleté raccourcissait davantage.
– Putain… C’est pas ton père qui me f’rait un tel cadeau, pourtant les miens c’est des vrais gants de toilette, conclut la mère tandis qu’elle plissait les yeux pour mieux regarder Monica Belluci qui, la poitrine arrogante et le visage photoshopé à mort, s’étalait en double page…

Quelle intox ! Quelle misère !

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L’été se fait bien trop attendre, aussi, je prends un peu d’avance sur les vacances où, si tout va bien, je devrais me retrouver avec mon compagnon, derrière cette fenêtre, comme Jihad (le fils de mon amie tunisienne) qui, ce jour-là, posait sagement pour moi, en plein midi, en plein soleil, en plein Sidi Bou Saïd.


Si toutes les choses de l’existence étaient aussi simples que ça… une fenêtre bleue, un mur blanc, du bougainvillier rouge et un sourire... Une certaine idée du bonheur et de l’oubli.

Bleu, blanc, rouge ça me rappelle quelque chose.







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L'ardeur n'est pas tout et ses nuits, pas davantage.
Mais un sourire, mais des yeux aux frontières des actes sont souvent plus chauds et plus noirs que toutes les alcôves.
Faut-il penser que si peu remplacerait l’intime ?


Moi qui vis des ailleurs improbables et respire l'impossible, je n'attends rien des éloges de l'oubli, rien des blâmes de la mémoire, moins encore de l'absurde d'un futur.
J'écoute simplement mon instinct qui sait se contenter du plongeon dans l’eau fraîche d’un regard et s’en éclabousser.

L’odeur des petits matins et la sueur des longues nuits sont tant de fois des entractes incertains dans des chambres imprécises
... des entractes qui vous brisent le coeur avant même la reprise du spectacle.
Des vaisseaux étroits pour voyages bien trop grands.
Des souvenirs finis, des ébauches de rien... 


Alors,  sur mon pont des arts, nul besoin de guetter l'horizon.
Nul besoin de s'attacher les heures.

C'est assez d'avoir eu l’arc de ses lèvres et la flèche du temps au cadran de son bras.

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Courir avec effroi
La distance qu’il nous reste
Et se dire que peut-être
Ce chemin nous emmène
Aux tambours et aux cloches…

Le baiser de la mort
Est sans doute celui
Qu’on ne veut pas connaître
Mais il est le plus sûr
Et le plus éternel.


 © Giliberti / 2008







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