J’avais très envie de parler sérieusement de choses qui me fâchent actuellement, des choses de la politique ; ça fait si longtemps que je m'en prive… mais je m'emporterai plus tard.
De toutes les musiques des choses et des gens, celle-là m’avait vite accroché ce matin-là…
Les notes de son regard noir et celles de sa peau cuivre avaient ouvert le bal de toutes mes harmonies.
L’air embaumé des fleurs du parc emplissait mes narines, la chaleur n’était pas encore écrasante. Il n’y avait qu’une ombre au tableau… Le balai.
Toute personne tenant un balai au service d’un puissant me met mal à l’aise et bien souvent hors de moi, c’est ainsi. Qu’il soit jeune, vieux, homme, femme. Que de péripéties me sont arrivées à cause de cette allergie qui me colle à la peau depuis toujours.
C’est pourtant avec ce balai que je l’ai, ainsi que son copain qui, comme lui, travaillait à l’entretien des lieux. Aussi, après maintes altercations avec son chef qui faisait du zèle inutile, prétextant que je sabotais le travail de toute son équipe, j’ai réussi à l'amadouer pour qu'il laisse ce jeune homme en paix, sans ce balai, le temps de quelques clichés.
Entre deux poses, nous convînmes du bout des lèvres et des yeux de reprendre ultérieurement cette séance improvisée, tranquillement, hors de son lieu de travail.
Pour autant, la séance du Belvédère avait eu quelque chose de magique, une impression de faire tout en cachette, vite et mal, sous les yeux du patron qui nous fustigeait. Je redevenais un adolescent en quête d'émotions fortes.
Et lorsque une vingtaine de photos furent dans la boîte, je repartis léger et heureux de l'entracte que j'avais imposé à ce garçon... ce bonheur simple, j'espère le faire vôtre aujourd'hui.