Les banlieues brûlent à nouveau de toutes les promesses non respectées, des mensonges, de l’irrespect et des injustices.
Sous les boucliers de la police d’État, les puissants persiflent aux oreilles des ouvriers, se moquent des étudiants et s’enorgueillissent d’obtenir des contrats fabuleux dans des pays corrompus par la dictature, la mafia, des pays où l’esclavagisme existe encore (et même celui des enfants), mais ça ne fait rien... Continuons, abrutis de bonheurs artificiels, à refuser de constater l’ennui, la magnifique médiocrité, le sublime chaos qu’on nous construit et offrons nos sourires menteurs à qui fait semblant de les voir.
L’ivresse ne s’achète plus qu’en grande surface, sur la toile ou dans les journaux people alors que l’État nous demande de faire abstinence, d’oublier nos droits, d’oublier nos rêves.
Nous sommes des putes, incapables de travailler pour elles-mêmes, et qui se persuadent que leurs macs les exaltent.
J’aurais voulu gueuler des mots passionnés et bandants, des mots qui violent les âmes, mais, seuls les impuissants me viennent en bouche et m’obligent à les vomir. Où est le progrès dont on nous rebat les oreilles ? Est-ce qu’il faut le voir dans le regard vide de chacun et dans les phrases creuses dont on se gave ? Dans la fixité et l’égarement de certains dont on pourrait parfois se demander à les voir se bâillonner, s’ils ont encore des réflexes d’homme ?
Où s’est barrée l’idéologie qui faisait gonfler les voiles de nos ardentes libertés ?…
La nuit absorbe le jour, la pollution absorbe l’air, la vulgarité absorbe l’esprit, le fric absorbe la générosité. Nous finirons bien par absorber notre planète dans un de ces trous noirs qui tracassent tant les scientifiques. Disparue la jolie masse bleue ! et avec elle, les hommes qui se l’étaient appropriée en rendant gloire aux hypothétiques dieux qui l’ont faite…
Allons… Vite… Accélérons le mouvement !
Détruisons ce qu’on peut encore détruire !
Braves petits soldats shootés à l’érection des grands chefs qui nous imposent de travailler plus !
Restons bâillonnés.
Buvons notre connerie jusqu’à la lie, et dans l’enfer de la dissonance politique qui finira par nous faire péter les tympans, ne pensons qu’à nous… à notre petite baise, à notre petit verre d’alcool, à notre petite cigarette tristement consumée sur le trottoir et à notre fric, piteusement placé pour assurer notre improbable retraite.
Mais oui, apprenons à nous foutre des petits qui deviendront de plus en plus petits et qui n’auront rien compris de cette nouvelle philosophie, comme ces malheureux Chinois de Pékin dont on rase les vieilles maisons pour laisser place aux « Jeux Olympiques », hymne à la gloire de l’esthétique libérale !
Laissons monter les gratte-ciels de l’argent roi, immenses phallus qui se dressent toujours plus haut, toujours plus arrogants et qu’un jour quelques petits minarets feront débander.