Ce matin, je suis allé faire quelques courses chez Leclerc, au pays de mes chères caissières…
À l’entrée du magasin se trouvaient deux caisses automatiques flambant neuf, avec juste à côté, une dame très sérieuse chargée d’initier les clients à leur utilisation.
J’ai regardé ces robots sans âmes avec toute l’amertume, pour ne pas dire la haine, qu’ils ont aussitôt suscitée en moi.
Nous vivons dans un monde difficile, souvent inhumain, où les contacts deviennent presque impossibles et, constater qu’au nom de la croissance aveugle et du profit, nous serons bientôt privés de rapports amicaux avec ces femmes qui entretiennent le tissu social, me met hors de moi.
Nous avons déjà des contacts téléphoniques où nous ne pouvons que taper des chiffres pour obtenir les renseignements souhaités, nous possédons des cartes, des codes et autres désincarnations affichées, et bien dans quelque temps, nous aurons des magasins, où, tout en faisant la gueule, nous ferons nos achats et les réglerons dans l’absolue solitude et l’indifférence générale.
Adieu les petits « Bonjour ! », les petits « Fait pas chaud ce matin ! ».
Fini ! Balayés, rangés aux oubliettes tous ces simples mots qui pallient parfois aux petits désarrois du quotidien et à ceux qui vivent la solitude.
Pour ma part, je boycotterai le plus longtemps possible ces robots de malheur qui contribueront davantage à la sinistrose générale qui fait que de plus en plus de gens sont dépressifs.
Je critique parfois l’Amérique, mais je suis bien heureux de voir que, là-bas, les grandes surfaces sont non seulement toujours équipées de caissières, mais aussi de jeunes gens chargés de ranger nos achats dans des sacs à provisions (en papier) et de les placer dans le coffre de nos voitures.
Pas si fous les Américains…
Alors, moi qui si souvent me suis moqué gentiment des caissières, je lance aujourd’hui un cri d’alarme pour les soutenir dans leur ultime combat contre ces robots stupides qui ne profiteront qu’aux patrons comme d’habitude…
Quelle misère !