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Si près du saut dans l’inconnu des jours à venir en France, je m’applique, de façon sans doute puérile à capter nos différences et les proposer en images. Bien sûr, mes petits moyens en la matière n’ont aucune chance de résonance chez celles et ceux qui ferment les yeux et se bouchent les oreilles, mais, peu importe, mes photos n’ont d’autre ambition que celle de mettre la beauté en avant, surtout celle qui s’ignore et se rencontre au hasard d’un regard. Et puis, à l’heure où la laideur des exhortations racistes fait mal jusqu’aux entrailles, la grâce peut encore rafraichir comme l’eau claire d’une source.
MG
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Toulon, 1964... photo prise par mon père. Le mur de ma petite chambre qui en dit long...
Quelques mots pour remercier toutes celles et ceux qui m’ont envoyé tant de choses si gentilles en privé par rapport à la mort de Françoise Hardy et qui s’étonnent que je n’aie rien posté sur elle. Personnellement, sur les réseaux sociaux je n’aime pas parler de mes ressentis réels. Mes coups de cœur, comme mes coups de gueule sont la plupart du temps des métaphores ou plus simplement de la poésie à plusieurs lectures. Facebook autant qu’Instagram n’ont pas fonction de divans de psychanalystes. Je suis secret et ce n’est que par le travail que je m’exprime. Tout ça pour vous dire que je ne voyais pas l’utilité de vous décrire mes états d’âme face à la mort de celle qui a fait éclore en moi, tant de choses enfouies, et m’a donné l’envie dès mes quatorze ans d’écrire et composer des chansons, allant jusqu’à en enregistrer professionnellement le temps de 3 albums dans les années 70. Ce fut la même chose avec Léonard de Vinci qui exalta dès l’âge de mes 11 ans l’envie de peindre, idem pour Louis Bromfied, un auteur dont je n’ai plus jamais rien lu et dont le livre, « La colline aux cyprès », trouvé sur un trottoir lorsque j’avais treize ans m’avait chaviré. J’ignore les arcanes qui firent que cette histoire à laquelle j’aurais surement été insensible aujourd’hui, planta en moi cette graine de l’écriture et me fit dire aussitôt… « À 60 ans, je serai romancier ! » ; je pensais qu’il fallait ce minimum de maturité pour tenter l’aventure. En fait, mon premier livre est paru dès mes 49 ans par le hasard d’une rencontre avec un éditeur que je ne remercierai jamais assez. J’étais quand même persuadé que c’était trop tôt, mais on ne refuse jamais une telle offre. Cela dit, j’avais raison, puisque je n’aime pas l’écriture de mes premiers ouvrages.
Je n’ignore pas que ce verbiage inutile, n’est que prétexte à reculer le moment de parler enfin de Françoise, et si j’écris « Françoise », c’est que nous avons tant et tant partagé de mails ensemble durant ces trois dernières années sans parler de mes visites chez elle, que je ne la considère plus comme une simple idole. Mais voilà, j’ai conscience de mon incapacité à l’évoquer dès lors qu’elle est partie, pas même à l’aide d’une photo, ça m’est trop difficile. Je ne regarde même pas les hommages qui forcément lui sont rendus dans les médias, d’autant qu’ils doivent forcément se télescoper avec les pitoyables évènements politiques actuels français, nauséabonds et si dangereux, et donc ça me ferait trop mal. Du coup, je vous livre simplement l’un de nos échanges de mails alors que je rédigeais mon livre sur ses chansons et où je l’informais par amusement que Pluton entrait dans mon signe (Verseau) et que ça me prédisait aux dires des astrologues le meilleur pour 2024. Sur quoi, elle me précisa que rien n’était moins sur et que pour son signe (Capricorne) elle pensait même que Pluton annonçait sa propre mort ou celle de Jacques… la capture d’écran de cet échange n’étant pas très bonne, je vous en restitue par écrit juste la fin, car cette dernière me touche infiniment et vous comprendrez pourquoi.
Françoise
Pluton n’est jamais de bon augure quand il se trouve à la même longitude qu’un point sensible du ciel natal (lune, Soleil, Vénus en particulier) ne m’en parlez plus, car il est sur le point (si ce n’est pas le cas) d’être à une très mauvaise longitude pour le soleil natal de Jacques : soit il meurt, soit c’est moi. Je ne rigole pas. Et je ne regarde plus les éphémérides depuis des années.
Moi
Oh mon Dieu… J’avais lancé ça comme çà. Maintenant, je suis affolé comme vous. J’oublie Pluton, promis. S’il devait vous arriver quelque chose, j’abandonne mon projet de livre. Je ne l’écris que pour vous. Je serais tout autant contrarié pour Jacques… et pour Thomas ! Ce serait terrible pour lui. Heureusement que ce soir je dîne chez des amis qui ont toujours du très bon vin français…
Françoise,
Ah mais surtout pas. Il faudra au contraire sortir votre livre. Car il sera le seul à être bon parmi ceux qui sont déjà sortis ou sortiront.
Moi :
Si vous le pensez, Françoise, je le ferai bien sûr, mais je n’en tirerai aucun plaisir. Surtout, surtout… soyez là.
Fin
Encore une fois, merci à vous tous pour vos nombreux messages privés, empreints de tant de compassion. Pour conclure, je me permets de placer ici les dernières lignes de mon livre sur les chansons de Françoise et qui, aujourd'hui, prennent tous leurs sens. Pardon d’avoir été si long.
« Chère Françoise, en ces temps falsifiés, vous demeurez, filigrane discret, l’authenticité de ma mémoire et de mes sentiments…
Je vous en remercie. »
MG
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Me retrouver en France implique que je fouille dans les vieilles boîtes à photos, articles et autres souvenirs sur papier qui ont toujours su m’amuser, m’attendrir sans jamais me faire regretter le temps qui passe, car je n’ai pas l’impression qu’il s’agit de moi.
Et ce matin, je tombe sur cette photo où je devais avoir 13 ans, je pense… quel sérieux !
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Je ne poste jamais les vidéos qui traînent sur le net où l’on me voit chanter sur des plateaux télé, trimballant ces monstrueux brushings des années 70 et toutes mes maladresses, mais cette vidéo-là, simple diaporama, m’a touché. Il faut dire qu’on y entend l’une de mes chansons écrites et composées à 15 ans alors que j’étais transi d’amour pour une certaine Myrtille qui m’ignorait, grave ! Pouvais-je prévoir que 12 ans plus tard, j’enregistrerais mon premier album chez CBS et que ce serait Michel Bernholc, le si talentueux pianiste qui signa tant d’orchestrations pour Véronique Sanson, Michel Berger ou Françoise Hardy, pour ne citer qu’eux, qui en assurerait les miennes ? J’en profite, au passage, pour remercier Ève Gabin que je ne connais pas, auteure de ce diaporama. Par contre, à un moment, on y aperçoit la détestable pochette en noir et blanc bordée d’orange de mon premier single datant de 1973. En effet, la veille de cet abominable cliché, je m’étais fait arracher deux dents de sagesse, et par timidité, je n’avais pas osé remettre le rendez-vous prévu avec le photographe. Du coup mes joues sont gonflées comme celles d’un hamster repu.
MG
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Peu dormi, pas rêvé. À peine respiré sous la chaleur moite et dans les musiques lancinantes d’un mariage, quelque part au creux du quartier et aussi peu repérable qu’un grillon dans le jardin. Et bien sûr le parfum du galant de nuit entêtant, juste sous la fenêtre. C’est une étrange ressenti, une prison des sens et de l’esprit, une écriture des rêves cent fois relue, sans foi voulue qui se décline, me torture et me ménage à la fois. C’est une impression incomplète. Quelque chose manque que je ne saurais nommer, quelque chose de l’ordre de la graine et de la terre qui n’engendrerait aucune germination. Fatigue aux yeux, j’ai pris mon premier café comme j’aurais pris une tisane pour aller me coucher. Mais il était déjà l’heure de pénétrer l’atelier. L’heure de confronter ma nouvelle toile sur laquelle, à mon habitude, seul le regard du personnage est travaillé afin qu’il m’intime de donner vie au reste du tableau. L’odeur de l’huile d’œillette à l’essence d’aspic mêlé m’étreint aussitôt, et ce, depuis mon enfance. Le pinceau, enfin, s’imprègne de l’onctueux mélange du gris de Payne et d’une pointe de jaune de Naples que je viens d’installer sur la palette. Un mélange délayé jusqu’à la transparence et que je dépose d’une caresse assurée, voilà... les cernes de mon modèle apparaissent, indispensables cernes… je me réveille tout à fait.
MG
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Ma légèreté n’a pas de prix, mes lourdeurs, pas davantage.
J’avance avec l’instinct d'un animal blessé, autant le dire, en me cachant.
Fantôme dès l’enfance sous le regard pourtant curieux de l’autre, je reste fantôme dans le grand âge.
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Aussi loin que l'on remonte dans le temps, sur leurs supposées petites merveilles, les mères veillent… .
À vous toutes, bonne fête et à toi, bien sûr, maman, où que tu sois, désormais…
MG
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En 1969, à Paris, je rencontrai Frédéric, un mannequin, avec qui je devais partager pendant quelques longues soirées à refaire le monde dans les boîtes de nuit branchées et enfumées du quartier de Buci, dont une, en particulier, qui se nommait le Speakeasy. Un soir il m’emmena chez le jeune photographe François-Marie Banier, beau dandy à la lourde chevelure bouclée et qui à l’époque venait de publier « Les résidences secondaires ou la vie distraite ». Je dois avouer qu’entre nous le courant ne passa pas vraiment ; je le considérai trop mondain, moi qui ne le suis pas du tout et il dut me trouver terriblement terne. Mon charisme, si tant est que j’en aie, ne se manifeste que lorsque je me sens bien avec ceux qui m’entourent. Néanmoins il me prit cette photo, hyper abîmée aujourd’hui tant elle a traîné dans mes sacs durant des années d’une vie de bohème dans la capitale. Sans doute ma chemise tout en dentelle noire transparente ( années hippies obligent) l’avait-elle déconcerté et là, pour le coup, je le rejoins.
MG
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