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Le blog de Michel Giliberti



Ferryville-7 Je suis né là… dans cette cour dite "la Petite Sicile".

Si petite, la cour.
Si simple.
Si presque rien…
Si belle de toute la vie qui y grouillait.
Je suis toujours ici.

Partout ! Sur les murs, sur les marches.
Partout en mille éclats.
Sur les crépis blancs lézardés, sur les portes bleues ou vertes et les seuils de granit usés.
Sur le ciment des trottoirs sillonnés d’arabesques géométriques jusque sur le lichen autour des égouts et des caniveaux à moitié défoncés.
Partout… molécule éternelle, attachée à l’existence, au besoin de survivre. Goutte de sang dans le plasma des blessures. Gouttes de sang, comme le nom de ces petites fleurs que maman rapportait du marché le jeudi matin et qu’elle déployait dans un vaste saladier de cristal posé au centre de la table de la salle à manger. Gouttes de sang qui éclaboussaient la pièce de leur rouge intime, quand les rais de soleil traversaient les persiennes entrecroisées et incendiaient leurs pétales.
FerryvilleLa maison, à gauche au fond de la cour.. La maison si modeste où je suis né et sur le seuil de laquelle j'ai continué de m'amuser, même après avoir déménagé cinquante mètres plus loin pour habiter le bel appartement au-dessus de l'Olympia (le cinéma).
Ferryville-4C’est dans cette petite cour et plus tard sur le trottoir que mes yeux ont appris à regarder et décortiquer les habitudes de chacun.
C’est dans cette petite cour que mes oreilles ont appris à entendre et à décrypter le sens caché des mots des grands, leurs rires… leurs mensonges.
Ferryville-5C’est dans cette petite cour que mes oreilles se sont imprégnées des musiques arabes ou françaises qui, échappées des radios, allaient me donner le goût des mélodies qui chavirent le cœur, cette vibration qui s’installe en moi, cette drogue qui me fait revivre dès que je titube.
Ferryville-3Il y avait mes frères tunisiens, l’odeur de leur peau si lisse, polie comme un marbre, leurs gestes exubérants, leurs sourires magnifiques et leurs yeux si noirs.
Ferryville-2
Depuis une des fenêtres du cinéma l'Olympia, la rue Ali Bachamba, à Menzel Bourguiba, autrefois Ferryville.
Une rue accrochée à ma mémoire comme un astre protecteur.
Même soleil, même langueur.
Même aveuglement sous la lumière crue.
L 'extrait de la chanson "Al Nile" est interprétée par Oum kalthoum.
Le morceau complet dure 26'55"


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commentaires
M
<br /> Aie Michel,que de souvenirs ...Cette ville m'attirera toujours malgré vents et marées,un grand merci mon Michel <br />
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M
<br /> <br /> He oui Monia .. impossible de faire autrement, je te comprends... on en est tous là <br /> <br /> <br /> <br />
N
<br /> Belle emotion en vous lisant ! toujours aussi superbe !<br /> <br /> <br /> Merci Michel<br />
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M
<br /> <br /> Merci infiniment Noelle...:)<br /> <br /> <br /> <br />
E
<br /> c'est un très beau texte Michel... Vous avez tout à fait bien su traduire l'impression que vous avez d'être toujours là-bas, dans cette rue, dans ce quartier. Votre émotion est très perceptible,<br /> très vivace. Ce n'est pas le récit d'une anecdote ou d'un souvenir... c'est... l'émanation pure de votre enfance. Enfin, je n'ai pas les mots qu'il faut, mais tout lecteur ami de vous ressentira<br /> cela...<br />
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M
<br /> <br /> Merci, ma chère Eva... le passé vous tire souvent par le bras, mais aujourd'hui que je suis rentré dedans, il me plait de relire ce texte qui fait partie d'un roman non publié et qui me rappelle<br /> combien l'émotion était vive, quasi insupportable. Aujourd'hui, fort heureusement, tout ceci est digéré et se savoure en toute tranquillité... je vous embrasse<br /> <br /> <br /> <br />

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Mon travail d'artiste peintre, auteur et photographe...

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