Je suis né là… dans cette cour dite "la Petite Sicile".
Si petite, la cour.
Si simple.
Si presque rien…
Si belle de toute la vie qui y grouillait.
Je suis toujours ici.
Partout ! Sur les murs, sur les marches.
Partout en mille éclats.
Sur les crépis blancs lézardés, sur les portes bleues ou vertes et les seuils de granit usés.
Sur le ciment des trottoirs sillonnés d’arabesques géométriques jusque sur le lichen autour des égouts et des caniveaux à moitié défoncés.
Partout… molécule éternelle, attachée à l’existence, au besoin de survivre. Goutte de sang dans le plasma des blessures. Gouttes de sang, comme le nom de ces petites fleurs que maman rapportait du marché le jeudi matin et qu’elle déployait dans un vaste saladier de cristal posé au centre de la table de la salle à manger. Gouttes de sang qui éclaboussaient la pièce de leur rouge intime, quand les rais de soleil traversaient les persiennes entrecroisées et incendiaient leurs pétales.
C’est dans cette petite cour que mes oreilles ont appris à entendre et à décrypter le sens caché des mots des grands, leurs rires… leurs mensonges.
Même aveuglement sous la lumière crue.
L 'extrait de la chanson "Al Nile" est interprétée par Oum kalthoum.
Le morceau complet dure 26'55"