
Ma mère, pétrie de toute son âme corse, était une grande superstitieuse.
Juste avant la nuit, juste avant le sommeil, quand tout devient silence et que les belles pensées se réveillent, je me dis que les hommes sont à l’image des sources claires qui alimentent les fleuves avant que ces derniers ne se jettent à la mer. Rien d’autre.
Les minarets, les églises, les synagogues, et autres lieux de cultes, ces fleuves bouillonnants qui font grossir tant de creuses conversations sur nos différences d’identités, ne devraient-ils pas plutôt alimenter notre unité terrienne, cette mer unique, cette tache bleue encore vivante dans un univers si noir où seul "l’esprit" devrait prendre la parole?
Dans l’air embaumé du soir naissant, le chant du Muezzin annonçait à tous les musulmans la fin très proche du jeûne quotidien.
Les Tunisiens pressaient le pas dans les rues de Sidi Bou Saïd pour se retrouver en famille et prendre le repas du soir tant attendu.
Moi, sur la terrasse de la maison, je restais fasciné par un nuage caressé de la lumière du soleil couchant, qui, dans le mauve du ciel obscurci, avançait, massif et inquiétant, comme un jet de cendres volcaniques.
Peu de temps après la Lune devait disparaître derrière lui et le chant du Muezzin s’interrompre. Il me fallait fixer cet instant grandiose où les éléments se rappellent à vous et vous assurent de leur puissance.
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