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Le blog de Michel Giliberti

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reflexion


Dans la palmeraie de Tozeur, le jardinier m'offre des fleurs qu'il vient de cueilir © Giliberti - 2006


La nuit prochaine, nous retrouverons les horaires d'hiver.
Les télés et les radios nous le martèlent déjà depuis ce matin.
Impossible d'y échapper !
D'une certaine façon, il faut se préparer à une hibernation aménagée et souvent douillette, mais une hibernation quand même.
Moi, je préfère l'heure d'été, parce qu'il y est dit que c'est l'été et quand c'est l'été, les nuits s'agrandissent et avec elles, mes yeux.
J'aime les mois de chaleur, ils prennent mon corps en main et m'ouvrent les portes de l'exil.
Il me donnent l'envie de me perdre dans ces pays qui sont en été toute l'année.
Il y a quelques années, je suis resté à la Réunion quelque temps avec mon ami. C'était assez fantastique. Je me souviens des longues promenades dans la nuit sur le sable tiède de la plage. Au son des djembés que des jeunes gens faisaient résonner, des familles étaient réunies pour faire griller des poissons multicolores autour de grands brasiers et le lourd parfum des fleurs des arbustes côtiers était si fort que j'avais une idée de ce qu'on peut attendre du bonheur sur Terre, même si le mien est en Tunisie, à l'ombre verte des palmeraies de Nefta ou de Tozeur.
Alors, comme chaque année, je vais retarder d'une heure les aiguilles de mon réveil et attendre tout un hiver qu'on m'annonce à la télé et à la radio qu'il faut maintenant les avancer d'une heure... Triste manège sans musique qui tourne dans le grand vide de mon cerveau qui ne capte plus grand-chose depuis quelque temps. Depuis que je me prends à rêver qu'il existe des ailleurs chimériques où le temps n'a pas le même sens qu'ici et qu'au lieu de m'emporter directement à la fin du parcours institué, il m'emmène par des détours initiatiques, où la vie n'est certainement pas cette grande horloge imposée, rythmée par les tics et les tocs du travail, de la possession, de la rentabilité.
À l'heure où la science révèle la moindre de nos traces génétiques, on nous oblige à gommer la principale, la seule trace atavique qui vaille la peine, celle qui consiste à jouir de la vie.

Percée dans la palmeraie de Tozeur © Giliberti - 2006

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Dernièrement à la télé, en zappant, j’ai pu assister à la fin d’une émission où face à Madame Gisèle Halimi,  avocate, auteure et défenseur des libertés et des droits de la femme, Virginie Despentes, la « sulfureuse » romancière a fait pâle figure.
Ses expressions provocatrices retombaient la plupart du temps comme un soufflé devant les mots précis et dénués de ressentiments de Madame Gisèle Halimi qui a, avec d’autres femmes pionnières, permis par ses actes militants que cette « nouvelle romancière » parle aujourd’hui en toute liberté des choses du cul et fasse ce qu’elle veut du sien.
Il était navrant de voir avec quel mépris, Virginie Despentes rétorquait de sa voix blanche des insanités bien inutiles à l’égard de cette femme brillante.
Affligeant !

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Dans ma voiture, j’ai entendu Pascal Bruckner nous parler de son nouveau livre « La tyrannie de la pénitence ».
Je n’ai pas encore lu le livre et je me base uniquement sur ce que l’auteur en a dit. Il le présente comme un essai, une réflexion sur le masochisme en occident.
L’auteur parle de la France, de sa culpabilité permanente liée à son passé colonial et de sa difficulté à gérer l’immigration. Il affirme que ce masochisme français, cette pénitence, serait presque devenu la « spécialité » de notre pays. D’après Pascal Bruckner, il suffirait de reconnaître ses torts pour enfin tourner la page, comme pour respirer un grand coup avant un nouvel effort.
Il y a quelque chose de vrai là-dedans, et même de rassurant, puisqu’il semble qu’il soit dans notre nature de « progresser » ! mais n’y a-t-il pas aussi comme un fond de réponse simpliste qui conforte chacun dans une banalité objective, un peu comme les phrases d’un médecin peuvent banaliser les symptômes d’une grave maladie.
C’est vrai que les enfants de France n’ont rien à voir avec ceux qui jadis entreprirent de coloniser l’Afrique. Il serait stupide qu’ils en portent le poids toute leur vie. Pour autant, ceux-là même profiteraient de ces colonies sans état d’âme si elles étaient encore les nôtres. Ils perpétueraient ainsi en toute « banalité » le mal colonial qui a déstabilisé tous les peuples qui l’ont vécu, qui ont subi le joug de l’oppresseur, de celui qui tendait à faire croire qu’il détenait la bonne science, la bonne culture et la bonne pensée… chrétienne !
Il est impossible de tirer un trait sur le passé aussi simplement, sinon il n’y a plus mémoire de rien. C’est aussi monstrueux que de vouloir détruire toutes nos bibliothèques.
Sans repère historique et sans référence qu’elle peut être notre chemin ?
Vers quel chaos nous orienterions-on ?
Tirer un trait sur le passé, c’est aussi farfelu que le principe de confession chez les catholiques. Il permet aux fidèles de retrouver la pureté de « l’âme » sans même s’interroger sur les raisons et les conséquences de leurs actes. On peut ainsi tuer et se confesser, re-tuer et se re-confesser, re-re-tuer et se re-re-confesser, etc. Tous les religieux de l’histoire ont d’ailleurs utilisé cette méthode, ou d’autres équivalentes, pour massacrer à tour de bras !
Une sorte de régime alimentaire de la mauvaise conscience !
Que penser d’un état, ou d’un peuple, qui mange du crime et qui l’élimine pour se refaire une bonne et belle santé jusqu’au prochain excès ?
Lorsque dans la foulée, Pascal Bruckner parle des rappeurs et cite la violence extrême de certains textes qui vilipendent les forces de l’ordre, les banlieues sinistres et nos « faces de craie » on peut être, à l’évidence, choqué. Là encore, pourtant, nous récoltons ce que nous avons semé et que certains perpétuent dans le seul but de maintenir un ordre établi qui leur profite.
La France, et les autres pays colonisateurs, n’a-t-elle pas suffisamment raillé la peau des Africains, jusqu’à s’en servir dans des publicités de mauvais goût qui ne choquaient personne ! Notre cher Brassens avec toute sa poésie a raillé la police ( qui à l’époque était moins robotisée ) durant toute sa carrière et on l'applaudissait… Alors que maintenant elle fait peur même aux « gens honnêtes » et qu’elle s’autorise à tutoyer n’importe quel jeune en le plaçant d’office dans une situation d’infériorité.
Nous vivons peut-être une époque où la violence, la difficulté de vivre, le chômage et la marginalisation conduisent à des débordements. Ils se traduisent avec le vocabulaire d’aujourd’hui et dans le contexte d’une société affaiblie par l’absence de liens.
La véritable discrimination est sociale ( le racisme est un avatar de cette discrimination générale ). C’est bien pour favoriser l’ascension sociale de ceux qui détiennent encore le pouvoir ( fils de nos anciens monarques ) que nos « bons immigrés » d’aujourd’hui, comme nos « bons serfs » d’hier ou nos « bons esclaves » ont longtemps été considérés et sont encore considérés comme du bétail.
Le plus fort est d’entendre dire : « il y a des mosquées sur la Terre de France et il n’y a pas d’église en Arabie Saoudite !  » (Sic Christine Bravo dans l'émission TV– On a tout essayé –)
Tout observateur pourvu d’une « cervelle », peut constater qu’il y a bien peu de chrétiens en Arabie Saoudite !
Nous autres occidentaux n’avons pas eu le « privilège » de nous expatrier pour fuir la dictature, la guerre ou la famine.
Le repère bien simple de la religion, – je dois le dire pour moi qui suis profondément athée – constitue avec la culture, la langue et la tradition le terreau dans lequel se retrouvent tous les expatriés.
Je suis fils d’une colonisation que j’exècre.
La Tunisie est ma terre natale ; j’y retourne régulièrement. Je suis toujours étonné de l’accueil qui m’y est fait et de la gentillesse de son peuple par rapport au regard sombre que l’Occident porte souvent sur « l’étranger ».
Je m’interroge alors sur les liens affectifs qui devraient nous rassembler dès lors que les injustices sociales, les guerres, les exactions, les atteintes aux droits de l'hommme seraient prises en compte, et pas seulement avouées, pour passer à autre chose.

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