Né dans les roses. Né… dans les choux.
Si tant de jeunes gens ne s’intéressent plus trop à la nature, c’est peut-être parce qu’ils savent où ils sont nés. Plus de roses, plus de choux. Leur imaginaire s’est fait la malle depuis longtemps, mais c’est une autre histoire abracadabrantesque (j’emploie ce mot en souvenir de notre cher Chirac désormais près des ifs, pour continuer les métaphores buccoliques) .
Pour être plus sérieux, les jardins sont un peu nos récréations et nos créations divines… notre Éden à chaque buisson planté… nous punissons la mauvaise herbe, comme Dieu a puni cette mauvaise graine d’Adam et Ève…
En dehors de ces clichés, reliquats d’une enfance chrétienne, le jardin, c’est avant tout la terre ; la terre qui nous nourrit, la terre qui nous recevra.
Le jardin, c’est la maturité de l’âme et le déclin du corps. Le jardin, c’est un destin mêlé d’enfantements et de fausses couches… Je parle d’accouchement, parce que le jardin est très masculin dans ma tête, alors que la terre est féminine ; il y a là une belle symbolique.
La terre accouche de ce que le jardinier plante en elle.
Un jardin qui me faisait rêver.
Un jardin, subtil, varié que je pénétrais toujours avec la même émotion…
Un jardin à l’opposé de mon grand-père, homme bourru et taciturne...
Comment pouvait-il faire grandir les citronniers, les orangers, les abricotiers, la vigne ?
Comment pouvait-il faire pousser, les clématites, les tournesols... et les roses ?
Comment pouvait-il faire naître les haricots, les artichauts, les poivrons, les petits pois... et les choux ?
Quoi qu'il en soit, le jardin reste un sentiment toujours en mouvements, toujours présent.
Quand je vais quelque part et que j'en reviens, je retrouve mon jardin comme on retrouve quelqu’un qu’on aime, quelqu'un qui vous attend. Le temps de le traverser pour retrouver la maison, je l’observe mine de rien, j’arrache une mauvaise herbe, je caresse un tronc, je respire une rose… Je me retrouve.