Il faut dire qu'à cette époque j’étais en analyse, sans cesse tiraillé par mes souvenirs d’enfance et, même s'ils sont baignés de l’amour unique de mes parents et de mes sœurs, ils n’en demeurent pas moins entachés de quelques erreurs d’éducation et d’un trop d’amour difficile à gérer.
« Trop » étant si près de « peu », la distance est courte ; basculer dans la vulnérabilité ou la névrose reste possible.
L’oiseau, son envol impossible, le verre brisé, le sang, voici quelques-unes des clefs de ma vie d’artiste, des clefs que, bien involontairement, ma mère et mon père m’ont remises et qui, comme dans un mauvais Vaudeville, font se fermer et s’ouvrir sans cesse les portes des souvenirs.

J’ai ouvert les yeux un soir
Quand d’autres les fermaient pour toujours.
Ils s’éteindront assez tôt
Quand d’autres s’allumeront d’un cri.
Mais de la lumière à la nuit,
Du bruit de chaque chose,
Jusqu’au silence des mots
Nous n’aurons rien compris
Nous n’aurons rien atteint
Et nos orbites, ces trous de nuit
Resteront là, ouvertes au vide.
© Giliberti in Voyage secret / Bonobo éditions / 2004
