Hier après-midi, alors que je faisais mes courses dans ma grande surface habituelle, je surpris au hasard de ma quête (où est passé le Graal ?) une conversation amusante et triste à la fois.
Le petit garçon en voulait un et sa mère accepta tout en maugréant ; on sentait bien qu’elle avait des soucis et que ce lapin OR n’était pas sa priorité.
Puis elle reprit sa marche en poussant le chariot avec amertume. Tout aurait pu s’arrêter là ! Mais le petit garçon lança un regard affolé à sa mère.
– Maman, il est cassé.
La mère lui arracha le lapin des mains, le regarda vite fait et lui redonna.
– Mais non… il est très bien.
Le petit renchérit. Son menton commençait à trembler, annonçant les larmes…
– Le lapin est cassé, reprit-il d’une voix inquiète.
La mère ne répondit pas.
Ce qui devait arriver arriva. Le petit fondit en larmes.
La mère exaspérée :
– Qu’est-ce qu’il y a encore ? Tu peux pas te taire ?
– Le lapin est cassé.
La mère n’y tint plus. Elle arracha des mains de son rejeton le lapin maudit, l’ausculta une dernière fois, puis le renvoya avec véhémence dans le caddy.
– Il est très bien, j’te dis… Si ça continue, je vais m’fâcher. Tu la vois, celle-là ? Elle mima, la main en l’air ( Ô temps suspends ton vol ! ) le risque qu’encourait son fils.
Ce dernier, tout ruisselant de larmes, hoqueta : « Y bouge pas !... Y ferme pas les yeux ! Il est cassé! »
La mère n’en pouvait plus.
– Mais t’es bête ou quoi ? C’est du chocolat… C’est pas un jouet ! Comment tu veux qu’ ça bouge ?
Le petit, bouleversant, supplia sa mère de ses grands yeux innocents…
– Il est cassé… À la télé, y ferme les yeux et y bouge…
Brusquement, je réalisai l’impact pervers que cette publicité (où on voit ce lapin OR en chocolat bouger et faire un clin d'œil complice) pouvait avoir sur un enfant ! C’est cela qu’on appelle marketing ! Un gros mensonge pour un enfant.
La mère réalisa en même temps que moi la supercherie, mais fatiguée par ses histoires personnelles, elle redressa son fils qui s’effondrait doucement au fond du chariot.
– Et bien tu l’secoueras toi-même…
– Non ! je veux un qui bouge tout seul…
– C’est pas possible… Dans quelle langue tu veux que j’te l’dise ?
– J’en veux un qui bouge…
Et là, la mère lui envoya une gifle et conclue en haussant le ton.
– Tu m’emmerdes avec ton lapin… t’as qu’à le bouffer tout d’suite ! Comme ça il pourra plus du tout bouger et tu me foutras la paix.
Eh oui, toutes les belles histoires ont une fin…
Joyeuses Pâques, tout de même...