Le jardin est encore beau.
Les rouges de l’automne et l’odeur des feuilles mortes lui donnent un charme silencieux qui me conte les histoires d'enfance que ma mère savait si bien distiller ; des histoires où la cheminée avait sa place dans la symbolique hivernale de sa Corse natale, où la soupe brûlante, les châtaignes, le jambon qui séchait au grenier parfumaient mon imaginaire ;
où les créatures étranges, le diable, le loup, les brebis égarées faisaient me mordre les lèvres.
Toutes ces choses vécues au travers des paroles savoureuses de ma mère, mon jardin me donne à les réinterpréter, le temps de mon passage sur terre, puis, infidèle et magnifique comme tous les amants, il deviendra le jardin d’un autre et l'inspirera à son tour.
Pour l’instant, je contemple ses rouges d’érables, ses jaunes puissants et je respire sa force bienfaisante.