J’ai un faible pour les mains sèches et nerveuses, jeunes et vieilles, lisses et abîmées, les mains du sud, les mains de l’Afrique dont la sombre couleur donne aux ongles l’éclat de la nacre et la pâleur des premières églantines.
Ces mains-là sont faites pour les bagues d’argent, pour ces miroir imparfaits qui les enserrent le temps d’une photo, le temps d’un mariage avec la pellicule. le temps d'une union argentique.
Moi, qui ne mets jamais de bijoux, j’aime voir les doigts de mes amis ornées de bagues berbères, leurs bras entravés de bracelets, leurs cous chargés de lourds colliers que je garde à l’ombre d’un coffre en os de dromadaire, un coffre fatigué, usé, un coffre trouvé dans le sud de la Tunisie.
Ces bagues, ces bracelets et ces colliers sont le butin de mes voyages en terres brûlées, le butin de mon exil choisi.
Alors que je suis aux antipodes des décors kitchs, des univers chargés, des exaltations inutiles et des discours pompeux, j’avoue que ces parures d’argent, de grenat et de lapis-lazuli, attachées à la peau de ces garçons qui acceptent mes délires, réinventent à ma façon les Mille et une Nuits, quand le rêve avait du souffle et le mensonge un goût de vérité. Elles sont la source de délires en couleurs, parfois en noir et blanc, et elles incarnent, à l'heure où l'on se prosterne devant toute chose conceptuelle, un renouveau dans l'infini de nos imaginaires ancestraux.
Les ongles pâles et presque roses
Au seuil ambré de tes longs doigts,
Les veines à vif sous tes poignets
Et qui serpentent sur tes bras mats
Sont mes voyages toujours les mêmes
Toujours les m’aimes…
Tu ?
Comme je t’aime.
© Giliberti / in Bleus d'attente / 2001
Tu parcours sur ma peau
Des chemins interdits
Qui se cachent comme moi
Et ne mènent nulle part.
© Giliberti / 2007
De cette erreur est née l’éthique aveugle
D'une impasse de corps à cœur perdus.
© Giliberti / 2007
Dans l’ardente demeure
J’ai des vides à combler
Là, au fond, près du coeur
Des recoins, à meubler
Et ici pour des heures,
Des sous-sols à vider.
© Giliberti / 2007
À l’ombre de tes gestes
Qui me livre à tes mots
Et te lie à mes hanches
À l’ombre de tes gestes
Je fréquente tes mots
Si fréquents à mes craintes
Et si lourds à mes sens.
© Giliberti / 2007
Mais ses lèvres
Avaient le goût du peu de temps,
De l’attente, déjà,
De la conscience bafouée
Et du désordre magnifique.
© Giliberti / 2007
Grandit les chants d’amour
Ton parfum de sureau
Allume mes intentions
Transpire dans les draps.
Comme l’eau à la source
Accueille tes deux mains
Et coule dans ta gorge
Ton liquide plaisir
Rencontre mon visage
Apaise mon appétit.
© Giliberti / 2007
Juste un mythe, au soleil
Pour enfants trop gâtés.
À n’y voir que là-bas
Un exil est bien long
Où se terrent les anciens
Qui connaissent tout de vous.
Quand il n’est que l’inverse
Un exil est un manque
De l’exil d’un exil
Où se perd la raison.
© Giliberti / 2007
Ta peau est à un souffle de mes envies
De cette erreur est née l’éthique aveugle
De l' impasse d’un corps à cœurs perdus.
© Giliberti / 2007
Je voulais miennes,
Les nuits si pleines
De ton absence.
Ta peau safran devait manquer
Pour enfin croire que je l’aimais.
Je voulais lire dans tes mensonges
Tout le vélin de mes ouvrages.
Mais, replié,
Amer et doux,
Je vis ici
Qui n’est pas là,
Et me repais du temps créé.
© Giliberti / 2007
Tu parcours sur ma peau
Des chemins interdits
Qui se cachent comme moi
Et ne mènent nulle part.
© Giliberti / 2007