Je l’avais déjà vu deux fois, mais s’il devait repasser, je le regarderais encore.
À sa sortie, ce film m’avait ébloui par sa mise en scène, la magnificence de ses couleurs, son côté baroque, voire gothique, son humour aussi, et bien sûr, la beauté des deux vampires terriblement humains et empêtrés dans l’ambiguïté de leurs sentiments.
Finis les clichés, les crocs démesurés, le château au sommet d’une montagne, les gousses d'ail, les crucifix et les pieux dans le coeur. Dans ce film, tout scintille comme l’or près des flammes d’une cheminée. Tout est chatoyant, moiré, recherché, secret, du moindre verre de cristal empli d’un sang poisseux, jusqu’aux soieries et la peau diaphane des deux héros que de fins vaisseaux bleutés traversent.
Ce qui m’a toujours séduit dans cette fable tirée du roman d’Anne Rice, c’est qu’elle aborde la difficulté d’être vampire, la condition de leur survie dans ce qui est pourtant l’immortalité. Chacun de ces deux monstres garde au fond de lui, les vieux fantômes de ce qu’il était autrefois, avant qu’il franchisse le pas vers une éternité chaotique.
Alors, j’ai eu envie de peindre des vampires et c’est ainsi que naquirent quatre tableaux et les quelques textes un peu échevelés qu’ils m’inspirèrent.
Je rêve du sang, dont la robe digne des crus les plus grands et les plus sombres fardera mes lèvres si pâles.
Je rêve du sang qui dans mes nuits damnées, me fera chavirer au creux des soies rares et des grenats paresseux.
Et si dans ma grande soif, j’oublie certains autres sangs qui mettraient fin à mon éternité, je les boirai quand même à l'aube d'une nuit, car tous affluent aux battements mauves et précipités des gorges tièdes et désirées.
As-tu reconnu la peur
Quand mes lèvres sèches
Ont embrasé ton cou ?
As-tu senti ma morsure
Qui délivrait ta veine
Pour étancher ma soif ?
Réponds sans hésiter.
N’appréciais-tu pas plutôt,
Le souffle froid au fond de ta gorge
Et l’éternité qu’il t’apportait ?
J’ai l’envie d’un aveu
Que j’avoue peu enviable
Mais j’ai faim de ton sang
Quand enfin je te sens.
© Giliberti
Que l’éternité le ceint !
J’ai place dans tes veines
Comme je perce ta peau.
Mourir ne te fera pas d’ombre.
Tu régneras,
Diaphane et fatigué
Dans le gris mauve
De mes aurores.
© Giliberti