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Le blog de Michel Giliberti


Voilà… les toiles de ma prochaine exposition sont terminées.
C’est un moment particulier. Un moment qui me donne à penser qu’une page est tournée, qu’une mission est remplie.
C’est aussi un mélange de plaisir et de nostalgie, car qui dit : « exposition » dit : « privation » de toutes les toiles qui m’ont accompagné pendant des mois. Désormais, elles vivront en galerie. Elles ne m’appartiendront plus.
Pour pallier ce manque, j’en garde une ou deux et beaucoup de mes dessins préparatoires.
J’ai un mal fou à me séparer de mes dessins, car à la différence de mes toiles qui demandent tant de temps, de constructions, d’investigations, mes dessins répondent vite à mes exigences, et me sont donnés comme autant des cadeaux. Le matin, ils n’existent pas ! Quelques heures après, ils sont là, vivants, encore porteurs de toutes mes intentions de création.
Je garde surtout les dessins que je fais lors de mes séjours en Tunisie à Sidi Bou Saïd ; ceux-là sont si proches de moi que les vendre me torturerait. Alors, je les encadre et les accroche aux murs de la petite maison blanche que j’abandonne tout un hiver. Ils gardent une trace de moi dans l’absence.
Cette année, Salim Kechiouche a été l’un de mes modèles (entre autres). J’avais eu l’occasion de le rencontrer alors qu’il interprétait le rôle du jeune Palestinien Jihad dans ma pièce « Le centième nom », puis de mieux le connaître. J’ai beaucoup aimé le peindre, j’ai beaucoup aimé le photographier.
Quand je partage mon quotidien pendant des mois avec un modèle, c’est-à-dire être quand je suis en face d’une toile qui le représente, il se crée entre lui et moi (même s’il n’est pas forcément là) une sorte de voyage abstrait et pourtant à vif qui m’apprend beaucoup de choses sur ma psychologie. Ainsi, je ne comprenais pas pourquoi dans chaque tableau de Salim, je me sentais obligé d’installer quelque chose qui se rapportait à l’oiseau, d’en faire presque une thématique. Avec le temps, j’ai interprété que Salim, malgré nos rapports amicaux et de nombreuses confidences partagées, restait par pudeur suffisamment inaccessible, sauvage même… Inapprivoisable, comme les oiseaux de mon enfance.
Quoi qu'il en soit, toutes ces inquiétudes se sont apaisées quand je l’ai compris et j’ai pu terminer, presque serein, mon long travail.
Un voyage prend fin, un autre m’attend qui m’inspirera, un autre m’attend qui m’emportera sur ses ailes.
Photo de Salim Kechiouche par Giliberti © 2006


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commentaires
E
<br /> <br /> Ce que vous dîtes de Salim ici, je le sentais confusément : quelqu'un qui ne se livre pas vraiment, quelqu'un d'un peu distant, un peu "sauvage"... C'est merveilleux de lire cela, parce que je<br /> l'ai senti tout de suite... Michel, je comprends aussi très bien ce que vous entendez par "voyage abstrait"... Je ne suis pas une artiste, mais c'est ce que je ressents tout à fait quand je copie<br /> un peintre connu... c'est une sorte de voyage (j'avais déjà essayé d'exprimer cela avant de le lire chez vous, et j'avais appelé ça "l'autre voyage")... Je vous embrasse Michel<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Oui Eva... Salim ne pouvait être autrement. Oui, peindre est un voyage abstrait et même parfois en apnée. Je n'aime pas parler du métier de peintre avec des termes trop écartés de la réalité, car<br /> ça lui donne un sens poétique qui n'est pas forcément exact, mais parfois, pourtant, c'est bien avec de tels mots que j'ai envie de parler de ce "non-métier" épuisant pourtant.<br /> Merci pour tout Eva...<br /> je vous embrasse<br /> Michel<br /> <br /> <br /> <br />
P
J'ai beaucoup de respect pour l'esquisse rapide, l'idée sur un coin de nappe en papier, les trois mots sur un post it, le thème musical gribouillé  : c'est l'alpha de la pensée et de l'émotion, ensuite on est obligé - parce qu'il y a la culture, le standing, le métier, les autres - de produire une oeuvre, mais on sent parfois que le geste de départ s'est épuisé.
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Le blog de Michel Giliberti

Mon travail d'artiste peintre, auteur et photographe...

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