La pause était finie, mais le temps s'éternisait.
Assis près d'Élie, je guettais la fatigue sur son visage. Voilà déjà trois ans qu'on s'était rencontrés, trois ans qu'on s'était promis de travailler ensemble ; tout, pourtant, était resté en suspens.
Et là, repu d'un long après-midi de séance, je regardais un dernier rayon de soleil jouer dans son oeil vert... vert comme de l'Izarra à travers le cristal d'un verre.
Alors, j'ai pris une dernière fois mon appareil photo et j'ai capturé cette lumière dorée, ce miroir fragile et mouvant qui éclairait son visage las.
Son train en soirée devait repartir. Une dernière cigarette, un thé, et déjà je le conduisais à la gare.
Paris l'attendait et moi je gardais son regard dans le vague, son regard satiné des souvenirs d'un jour.