Aujourd'hui je suis à Paris, je vous confie les clefs du jardin ; de quelques-unes de ses niches que j'aime particulièrement et qui me donnent tant de travail et de bonheur.
Il en est des jardins comme des rivages, ce sont des havres de paix où le désordre intérieur se répare doucement au fil des saisons.
Il vient de ses parfums alourdis de soleil, des souvenirs métissés et tissés d'avenir.
Il vient de ses abeilles aux pattes chargées d'un butin de polen, des berceuses qui vous happent et vous endorment.
Il vient de ses perpétuels chants d'oiseaux, des envies de les connaître pour enfin croire aux hommes.
Les pivoines et les rhododendrons, à deux pas des bambous...
La glycine arbustive est ses grappes blanches géantes si odorantes...
Les rondeurs féminines des orangers du Mexique et celles des spirées...
À l'ombre du feuillage et posée sur les galets, la poterie japonaise pleine d'eau fraîche pour les oiseaux et pour arroser les bonzaïs...
Derrière la baie... le canapé de l'observateur...
La clématite qui envahit d'année en année le vieux pommier...
La table des repas du midi et le ginkgo biloba dessus...
Le vieux banc sous l'arbousier qui invite à la lecture...
L'entrée sous l'arche des bambous qui ploient...
Je suis l'eau
Comme tu es la terre
Et nous enfantons des jardins bleu d'attente.
Giliberti © In Bleus d'attente / 2001