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Le blog de Michel Giliberti


J'ai toujours eu conscience du temps qui passe et c'est pour cela, que très tôt, j’ai appris à mémoriser tous les détails des évenements exceptionnelles qu’il m’arrivait de vivre pour être certain de n'en jamais rien oublier.
Inlassablement, dans ces cas prècis, je citais intérieurement chaque chose offerte à mes yeux, comme un acteur apprend un texte afin de le restituer sur scène.
Oui, j’apprenais par cœur les gestes, les mots, les ambiances du décor de mes futures évocations.

C’est ainsi, que parmi tant de souvenirs, j’ai en mémoire un petit matin de mes dix-huit ans, où, alangui et fatigué d’avoir fait  longtemps l’amour dans la nuit, je me reposais tout contre D.M…

J’avais conscience de vivre quelque chose qui ne se reproduirait plus, tout au moins dans ces conditions… Il avait escaladé jusqu'au premier étage le mur extérieur de mon immeuble et par la fenêtre ouverte de ma chambre, avait pu
directement me rejoindre  après minuit, pour que mes parents n’entendent rien.
C’était donc particulier et exaltant, je vivais une situation risquée qui pouvait mal tourner, puisqu’il était déjà quatre heures et demie du matin et qu’il fallait bien que mon beau vampire d’après minuit s’échappe avant le lever du soleil.
Je déclenchai donc jusqu’au plus profond de moi, toutes mes ressources, tous mes mécanismes de mémorisation pour pouvoir, le jour venu, me rappeler ces moments magiques et être certain de les avoir bien vécu.
Alors, tout en écoutant les premiers oiseaux qui annonçaient le jour, je caressai sa peau alors qu'il était à moitié endormi et je me disais : « Voilà, je touche sa peau, là, je remonte jusqu’à son épaule… là, ce sont ses cheveux et la moiteur de sa nuque… maintenant je sens son odeur de tabac et de miel... Je suis en train de vivre cet extraordinaire moment qui ne reviendra peut-être plus... je veux m’en souvenir au plus près, quand je serai vieux.
J’ai tant réussi ce marquage du temps, cet exil indélébile pour mon futur, qu’aujourd’hui je n’ai qu’à fermer les yeux et je revois tout, au point de croire que c’est arrivé hier… Le profil de D.M.. À contre-jour, ses cils… ses lèvres charnues, émouvantes, sa chevelure épaisse et blonde, sa voix basse et son accent suédois… ses mains.
Je retrouve intacte la pudeur de cette première rencontre de nos corps,  la chaleur d’un mois d’août à Toulon, les gestes hésitants puis précis, notre souffle retenu sur les draps brûlants.
Oui, j’étais un parfait caméscope à moi tout seul… je me suis offert des DVD plein la tête qui mélange mon temps et restitue mes bonheurs.


Aujourd’hui, mon bonheur immense est bien à l'abri de trente cinq ans de sentiments durables et pour continuer à collectionner des souvenirs plus perrissables, quelques photos suffisent à rappeler les plus imprévus...


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commentaires
I
Se souvenir, c'est encore posséder un peu...          L'avant et l'après... oui, l'escalier, quoi... lol"Cinq heures du matin, Paris s'éveille..."                          ou bien"Quatre heures du matinC'est l'instant le plus lourd[...]Et je veux te dédierMa migraine, mon ennuiLe début de ma haineEt le fond de mon orgie"Ikkar, with love
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M
Quelle merveille le texte de cette chanson... Ici il est six heures du matin... le ciel devient rose et tous les oiseaux commencent à se raconter  n'importe quoi (j'en suis sûr) :o)à bientôt,Michel
K
merci l'ami pour le mail et de passer sur mon blog.ta présence m'honore vraiment (5 minutes d'acceuil protocolaire, de trompette, de salut de la cavalerie et de parole laudative )
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M
Les souvenirs sont nos constructions de demain, on y échappe pas, ils permettent le partage des idées, car lorsqu'on se rencontre, on parle souvent de choses vécues autrefois et des projets de demain... Un partage de nous dans le temps et dans le futur... Bonsoir Kaizersoze... je n'arrive toujours pas à aller sur ton blog depuis deux jours... j'essaierai encore. @ +Michel
I
Oui, bien sûr, cette sensualité-là... avec tant de pudeur et de retenue. C'est sans doute la seule façon de se souvenir. Les déchirements -et les déchirures- sont à proscrire et à bannir, définitivement, des mémoires!Ikkar, with love<br /> cinq heures du mat'...? ... "il est cinq heures, je n'ai pas sommeil..."
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M
Mes instincts naturels me réservent toujours les plus edulcorés et les plus romantiques de mes souvenirs... Le reste est somme toute très banal. Tout le monde est capable de faire l'amour et, voyez-vous, cet acte là, si fort soit-il n'a jamais été aussi important pour moi que son "avant" et  son "après" qui me transportent vraiment.Comment ne pas avoir sommeil à cinq heures? :o) @ +Michel
M
Ce souvenir est restitué avec beaucoup de douceur et d'émotions.  Je suis très émue à lire tes mots en regardant ce portrait au pastel..... j'ai parfois aussi fait ce que tu décris, notamment au Burkina, où à la terasse d'un café, je passais un temps fou à observer les gens en me disant " emplis ta tête de ces images, tu n'auras peut-être pas d'autre occasion de revenir ici", oui ça marcheTon " exil pour les temps futurs" est bien réussi  et puis il est tellement romantique...
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M
Oui, je te suis tout à fait. Les terrasses de café lorsque nous sommes à l'étranger sont des lieux magiques pour marquer les mémoires, car on s'y pose... pas seuement pour boire, mais pour découvrir aussi bien ce qui nous entoure que ceux qui nous entourent... Quelle chance d'avoir connu le Burkina. @ +Michel
B
Si cela avait été cinq heures du mat, tu auras pu chanter la chanson "Cinq heures du mat, j'ai des frissons..."
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M
... (...) mes cigarettes sont toutes fuméesdans l'cendrier...Voilà un truc que j'ai pas oublié, non plus... @ +michel
*
On oublie rien des bonheurs ... On estompe que les peines ..
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M
L'homme est ainsi fait, qui se souvient davantage des moments de bonheurs... heureusement car rien ne tue davantage que les ressentiments. @ bientôt Mel,Michel
F
Pour faire suite à l'échange d'hier, c'est un mode de résistance absolu contre l'oubli... et qui utilise tous les sens : vue, odorat, toucher, ouie..<br /> Voir dormir la personne que l'on aime dans le silence de la nuit avec le sentiment si fort de la protéger..<br /> Nous sommes tissés de nos amitiés, de nos amours et de nos souvenirs... ils sont inaliénables.
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M
Oui, ce sont des poches d'oxigène dans l'océan du quotidien... Quel bonheur les souvenirs quand ils ne s'apparentent pas à du passéisme ou à de l'aigreur... les miens sont un peu comme mes enfants, (comme si j'en avais) ils m'amusent et me donnent à rêver.@ bientôt,Michel
J
Ce souvenirs que l'on dessine à l'encre indélébile...
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M
et que parfois il faudrait écrire à l'encre sympathique...@ +Michel

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Mon travail d'artiste peintre, auteur et photographe...

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