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Le blog de Michel Giliberti

Tous les voyages doivent se rapprocher du langage. Les miens s’entretiennent souvent avec celui de l’enfance. Mon imaginaire est proche de ces années où j’avais des passions complices, voir charnelles, avec certains objets, certaines matières… où je faisais des voyages qui me parlaient… des voyages au bout du verre, des billes, des perles.
En plein soleil, sur la terrasse du cinéma l’Olympia, j'installais des objets en verre au fond d’une bassine d’eau et je plongeais ma tête dedans pour les regarder au plus près, dans un silence que j’imaginais être celui des fonds marins. J’y ajoutais des billes qui paraissaient plus grosses sous l’eau. Ces jeux égoïstes me comblaient plus que tout autre.


Je ne me suis jamais éloigné du verre. Il me suit comme une ombre transparente ; il est mon réconfort, mon appui fragile, mais aussi ma blessure. Je le peins, je le casse, il est matière à émotions.
Il coupe, il tranche, il caresse, il est « Vers »  il est « Ouvert » , il est vert, comme tes yeux bleus.
Mon père m’avait fabriqué un magnifique kaléidoscope et je ne comptais pas les heures passées à regarder les motifs saphir, rubis, émeraudes et topaze des petits tessons qui dansaient leur ronde géométrique dans la lumière du ciel tunisien.


Aujourd’hui, je continue de collectionner les objets en verre, pourvu qu’ils soient  ternis, abîmés par le temps ou par le flux et le reflux des vagues. C’est ainsi que je ramasse les bouts de verre usés trouvés au hasard de mes promenades sur les plages et que j'en rempli des bocaux ; mais j'aime par dessus tout engranger de massives perles africaines en pâte de verre ou en terre cuite, jusqu’aux œufs dépolis et grossiers à trois sous qu'on trouve dans les magasins. Il ne faut pas que ce soit cher, non simplement transparent, patiné, arrondi, caressant… juste à ma correspondance, juste à mon langage ; juste à mon voyage.


Tes blessures de toujours
S’arrêteront bien vite
Et les larmes de tes yeux
Comme des larmes de verre
Pourront vite se figer
D’un oubli cristalin.

© Giliberti / 2007

 
Comment résister à ces transparences...
Comment ne pas y voyager ...
Un peu de mes récoltes côtières...

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commentaires
S
Quel talent !Vous avez réussi à donner une vie au verre.Le minéral n'est plus qu'une absence maintenant !
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M
Quelle belle formule Simon, aussi transparente et tourmentée que le verre accidenté que j'aime.@ BientôtMichel
B
Je ne te parlais pas d'aller faire des photos dans la mer, mais dans ton bocal (ou bassine, comme tu veux, enfin un truc assez grand) rempli de tes perles, donc juste la tête plongée dedans ! tu peux mettre un tuba pour respirer.... j'imagine la scène... et je te prendrais bien en photo en train de faire la photo...
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M
Ah! c'est une bonne idée, mais le risque de me faire retomber en enfance serait à craindre... et les psy, j'ai donné...Blague à part, oui, ce serait amusant, sauf pour la photo me concerant... @ +Michel
K
Une vraie découverte ce Blog !<br /> tes récoltes sur la dernières photo ont attiré mon regard....c\\\'est tellement beau, presque magique
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M
Ton blog me parle tout autant et tes articles sont tellement parlant, tellemen tdéroutant parfois. L'Afrique developpe et enveloppe ntre amour du monde.@ Bientôt,Michel
J
Enfant, j'ai fait moi aussi des "récoltes côtières" sur la plage de l'Atlantique où vivaient mes grands-parents. Je les mettais dans un seau d'eau de mer pour ne pas qu'ils ternissent.<br /> Je voulais les rapporter avec moi à Paris. Ma grand-mère me disait "jette-moi ces cochonneries, tu vas voir tes parents si tu leur apporte ça dans ta valise" !<br /> J'étais triste. Tous les rêves que j'avais fait en les faisant bouger dans l'eau, mes récoltes matinales, on me cassait tout.<br /> Un peu comme l'ours en peluche que mes parents avaient jeté parce qu'il était "usé".<br /> C'est bien. Ici je retrouve des bribes de mon enfance, et des rêves qui ressemblent aux miens. 
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M
C'est vrai que souvent les parents  (sans méchanceté d'ailleurs) n'imaginent pas à quel point les enfants vivent intensément leurs petites expériences, leurs désirs, leurs jeux. Très souvent l'interprétation des gestes d'enfances, leur curiosité bien naturelle passent par l'incontournable "caprice"...  Merci Joyce d'aimer passer par chez moi... ici, il faut être "petit".Michel.
B
Une fois, au Tréport, j'avais trouvé sur la plage une boule de verre parfaitement ronde. Quand elle était sèche, elle était très mate, à force d'être chahutée par l'eau de mer, mais dès qu'elle était dans l'eau, elle était totalement translucide, avec une couleur parfaite, verte très pâle. Je l'ai gardée très longtemps...Et pouquoi tu n'aurais pas un appareil photo étanche pour nous montrer tes visions sous l'eau ?
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M
Pour photographier sous l'eau, il faut maitriser la nage et j'avoue que ce n'est pas mon fort ; quand je vais à la plage, je suis plus près des bains de sièges que de la nage... hélas!  Je nage  à peu près normalement mais je n'aime pas trop m'éloigner et ce qui est interessant dans les fonds marins est quand même souvent éloigné des rivages...Michel
M
mais non, on ne résiste pas, on admire et on voyage...tu sais partager....La 4 ième photo avec ces reflets ambrés me plait énormément...ainsi que l'image à propos des larmes. Bonne journée
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M
Je voyage dans le verre, c'est ce que j'ai trouvé de moins cher jusqu'à présent... la transparence est là. Pas de risques de mauvaise surprise... Pas de pollution, et puis c'est jamais le même voyage...@ bientôt Maryse
I
Les enfants n'ont plus ces rêves. Les billes et les kaléidoscopes ont disparu de leur univers. Ils faisaient partie des nôtres...Je garde , de ma vie d'autrefois, le verre, sous toutes ses formes, qu'  "il" collectionnait avec passion, et les verres romains aux irisations bleues et mauves, aux paillettes d'or infimes qui restent collées aux doigts...Vos perles de verre sont plus "brutes", et ressemblent à des fruits dans lesquels on mordrait volontiers, ou des mandarines confites... hummmIkkar, with love
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M
Oui, mes perles sont très brutes et assez grosses, et j'aime aussi les verres à boire. Je les engrange également, des verres sombres, des calisses rubis ou vert de vessie, des outremers et des  violets. Bref, encore un point commun même si c'est "il" qui collectionnait ces verres. @ bientôt,Michel
M
(Pssst on parle de votre blog à la radio, 4e rubrique.)
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M
Je vous ai entendu, j'ai écouté, c'est formidable et si innatendu. vraiment, je ne sais pas quoi dire, aussi j'ai envoyé un petit mot à l'équipe.Merci encore.Michel

Le blog de Michel Giliberti

Mon travail d'artiste peintre, auteur et photographe...

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