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Le blog de Michel Giliberti



Arriver à Douz, c'est arriver aux portes du désert… Pas n’importe lequel, non… Le Sahara ! Avec toute la magie de ce nom que vous entendez depuis l’enfance. Le Sahara se trouve là, si près, à quelques enjambées. Oui, la route se termine ici... le sable, d'ailleurs, se faufile jusque dans les ruelles de la ville, menaçant... les habitants doivent se battre contre lui. C’est une résistance de tous les jours pour ne pas disparaître.

C’est à Douz, juste avant de partir sur cette mer de dunes qu’on sent l’odeur des dromadaires, qu'on entend le bruit incessant de leurs grincements de dents. Ils sont là, souvent susceptibles, regroupés en troupeaux comme le sont nos vaches dans les prairies normandes. Parmi tous ces dromadaires, il y en avait un qui ne pouvait pas me sentir. Sûrement lui rappelais-je quelqu’un de sa famille ; j’ai un caractère difficile, me dit-on…

Je suis arrivé en fin d’après-midi dans ces lieux étranges que les nomades animent, occupés à ravitailler leur caravane, quand le soleil commence sa lente descente à l'horizon, quand le soleil dore les visages de cet ambre si particulier qui illumine la peau de l’intérieur comme dans un tableau de Georges de La Tour.

Cette frontière, avant de quitter les repères du quotidien, est aussi le lieu des visages brûlés de soleil, des visages masqués d'indigo, le lieu des yeux noirs soulignés du kohol qui donne aux hommes un regard ambigu et profond, le lieu des sourires magnifiques, le lieu de tous les signes de l’Orient, de tous ses mystères.
Nous sommes sur les rives de la retenue, à la lisière des contes et des légendes, pour peu qu'on s'attache aux gestes et aux rites, loin des choses périssables de ce monde.


Il faut se taire, se confondre avec les autres, partager leurs actes cultuels et, une fois replongés dans nos vies ordinaires de « tant d’importance » qui nous avalent comme le sable avale Douz, s’en souvenir.
Se souvenir de là-bas, où l'air est jaune, où le vent souffle le soir, où le thé est brûlant, le geste retenu et le rire comme une offrande rare, là-bas où l’on apprend à se reconstruire, à se restituer... à être des hommes.

La source de mes désirs ne tarit pas
Autant que l’oued, dans ton dos
Ni l’usure
Ni la poussière
Pas même tes mensonges
Ne me feraient marcher sur d’autres terres
Ou respirer d’autres aurores.

© Giliberti / 2007

A l’ombre des murs sable
A l’abri du degré,
Quand le jet du thé
Chute sans fin
Je me dis
Je suis d’ici
Je suis d’ici.

© Giliberti / In voyage secret / 2007

Ce voyage
M’a emporté si loin…
Ta barque de papier
Ne m'a pas fait peur.

© Giliberti / 2007


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commentaires
M
j'aime <br /> "peintres en sentiment"  , <br /> "Pour le plaisir des yeux"  <br /> et voyager par  tes mots et tes photos...<br /> magalie
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M
Merci Magali et si mes mots ont pu te faire voyager, c'est un grand bonheur... @ bientôt,Michel
B
Je ne peux pas te manquer, je suis inscrite à ta newsletter.
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M
C'est une bonne idée ça... Ce matin j'ai du mal à envoyer mon article. problème technique passager...Michel
B
J'aime voyager avec toi....
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M
Alors à très bientôt,Michel
M
je ressens dans ce que tu écris l'amour d'une forme de dénuement qui est comme une source...ces paroles sur les portes du Sahara et les humains qui y vivent sont belles et profondes...tout comme le sont ces visages, ces regards.....les photos en noir et blanc, les mots en rouge donnent encore plus de force à l'ensemble de ton article. Superbe !  @+ bonne fin de journée.
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I
Joyce a tout dit. On lit, on regarde, et on n'est plus là...J'ai toujours aussi rêvé de désert."Je vais sortir d'un gouffre où triomphent les vices,Et chercher sur la terre un endroit écartéOù d'être homme d'honneur on ait la liberté"...Merci pour ces sublimes photos, et ces regards!Merci pour vos poèmes, ...les mensonges acceptés et le refus d'autres aurores...Merci pour vos mots que j'aurais tant voulu savoir écrire...<br /> Ikkar, with love
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M
"Être homme d'honneur", Votre poésie se rapproche terriblement du sens que j'ai donné à mon texte... être un homme, oui.Ne me remerciez de rien Ikkar, vous savez bien que je ne suis qu'un donneur... c'est un  plaisir égoïste alors même qu'il se parre de génerosité. Oui, vous faire plaisir me comble et suffit à continuer. Je suis heureux que ces yeux-là ont su vous rencontrer et vos mots l'ont bien dit. @ très bientôt Michel
K
je me sens comme bercé.....les paysages de dunes sculptées par les vents....le calme, les étoiles, les feux de camps,.....dans le sable; cette soie qui me caresse selon l\\\'humeur du vent.......j\\\'écoute le silence du désert....le grand silence SIDERNAL.....j\\\'écoute mon propre silence intèrieur....
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M
C'est vrai que cet ailleurs vous remet en place et l'on s'apperçoit que tout ce dont on a besoin est extrèmement artificiel... La vie, c'est le souffle, les yeux, les mots ...et le coeur pour absorber tout ça. @ bientôt Michel
F
Leurs yeux ont vu cet infini qui nous fait parfois si peur...<br /> Comme le désert souvent nous fait peur... car il est le lieu de l'Infini.<br /> Michel, merci... encore une fois...
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M
Le désert donne souvent un sens à l'infini, une ouverture sur lui, ce qui le détermine géographiquement parlant. On est devant lui, il n'y a plus qu'à avancer, qu'à le pénetrer et oublier nos peurs...@ bientôt,Michel
J
Ces regards me feraient presque baisser les yeux. Tes mots m'emportent là où je ne suis jamais allée. Mais dès la première ligne, ces lieux me sont familiers. Jusqu'à l'odeur des chameaux que je ne connais pas, je la sens. Je respire, j'entends, j'écoute. C'est ça que l'on appelle le talent.
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M
Je suis ému de ce que tu me dis, Joyce, je suis si heureux quand je fais partager mes passions et notamment l'amour quasi irraisonné de mon pays natal.Merci et @ bientôt,Michel

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Mon travail d'artiste peintre, auteur et photographe...

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