



Maintenant qu’il vit à Paris, on se téléphone... on se voyait bien plus souvent quand je le retrouvais à Salammbô, à deux pas de Carthage. C’est ainsi. Il travaille et son rythme s’est calqué sur celui des Parisiens.
J’ai souvent peint Mohamed et j’ai gardé trois de ces tableaux. J’ai refusé de les vendre, parce qu’ils me parlaient trop et que parfois, les jours d’ennui, j’ai besoin de conteurs dans la maison.

Aux confidences des parfums
À ces murmures sur tes lèvres
Que le rouge d'une cigarette
Faisait pulser comme une alarme.
Il m’était difficile
Que ce soit si facile.
Le vin submergeait mes yeux,
Allumait mon ventre.
Chaque geste était un viol combattu.
Ne pas brusquer ton souffle
Ni même tes élans.
Nous étions à deux doigts de l’étreinte
Quand je t’ai dit « Je dois rentrer. »
Dehors, un garçon chantait,
Invisible dans les ruelles.
Je pris deux fruits à la branche d’un figuier
Et retrouvai mon lit,
La chaleur de mes draps,
La sueur sur ma peau
Sous mes mains affolées,
La poisse des figues sous le ciel étoilé.
Naître timide
N’être rien.
in Voyage secret Tunisie © Bonobo éditions
