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Le blog de Michel Giliberti

Les évènements malheureux qui ont lieu en Israël en ce moment me rappellent tristement ce passage de ma pièce "Le centième nom"
Salim Kechiouch et Samuel Ganes dans "Le centième nom" sur la scène du théatre de la Salle Jean-Pierre Miquel à Reims.

... /... Devant ces affirmations, David se prend la tête entre les mains.
– Tu refuses de m’entendre. T’es mon ennemi Jihad… C’est la version officielle. Moi aussi, je pourrais te tuer pour le simple plaisir d’assouvir ma haine et venger mes parents… Tout ça, je pourrais le faire, je te le jure. J’en ai même très envie quand je vois ton obstination, ta férocité… Je suis pas un saint, crois-moi ! Mais c’est tellement plus difficile de faire le contraire, tellement plus difficile d’oublier, de pardonner… Tellement plus difficile d’apaiser… On a tant de points communs. Tu vois pas ?
– Je ne vois que ton âme ! Perdue.
– Arrête avec ces clichés, tu me saoules.
Jihad cherche dans la direction où il a jeté sa cigarette tout à l’heure, la retrouve, la remet en bouche et l’allume à nouveau ; il reste un moment silencieux, puis finalement il la tend à David qui, surpris par ce geste, met quelques secondes avant de l’accepter.
– Ton âme est perdue ! Et c’est pas un cliché, conclut-il
David repasse la cigarette et s’accroupit.
– Si. C’en est un. Tu veux pas m’écouter. J’essaie de ne pas te voir seulement en ennemi. Tu pourrais en faire autant… On peut échapper à la fatalité… Il le faut ! Regarde… On partage bien cette cigarette et cette nuit.
– T’essaies de m’endormir ?
– Non, j’ai pas qu’ça à faire… On est jeunes, c’est tout.
– Qu’est ce que ça change ?
– Tout Jihad, tout. Nos bras sont forts. Ils pourraient construire plutôt que détruire… Ils pourraient s’unir. Ça c’est explosif… Bien plus explosif que toutes les bombes réunies.
– J’aime pas entendre ça.
– Pourquoi ?
Jihad semble mal à l’aise. Il s’accroupit à côté de David.
Il pense à son enfance, à ces années où le destin ne lui a rien accordé de futile, où jouer n’a jamais été qu’une réplique de ce qu’il voyait autour de lui, et ce qu’il voyait n’était que violence et combats, misère et famine. Comment faire partager à David cette angoisse qui est la sienne depuis toujours ? Comment lui dire que la guerre est son seul exemple ? Comment lui dire qu’il veut l’Intifada ? Il se masse lentement la nuque, comme pour trouver un peu de douceur. Un peu de ce que son corps tout entier attend.
– Parce que lorsque je regarde mon pays, commence-t-il avec lenteur, quand je vois tous ces enfants qui n’ont rien… la faim qui nous bouffe doucement, je peux pas accepter des mots qui voudraient calmer mes ardeurs… Je souffre trop. Tu peux comprendre ça ? Je souffre trop pour parvenir à les écouter. Je veux des mots violents, des mots qui vengent… des mots qui tuent ! ... / ....

  Extrait de la version romanesque de la pièce "le centième nom"

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commentaires
J
cette fois c'est bien l'heure, bonne et heureuse année à toi Michel ainsi qu'à ton ami, une année de bonheur, de richesse et pas seulement en argent, mais aussi en amour et surtout en santé, c'est le plus important...BisesJj<br /> PS : je n'avais rien à noter concernant l'article car mon avis sur la question ne semble pas partagé par beaucoup, j'ai pu le constater lors de discussion...
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M
<br /> Merci Jj.<br /> Joyeuse année à toi aussi.<br /> Gardons en tête que demain sera peut-être mieux qu'aujourd'hui, mais qu'aujourd'hui a l'avantage de se vivre là... tout de suite.<br />  Bisous et @ bientôt,<br /> <br /> Michel<br /> <br /> <br />
P
Lorsque l'on aime quelqu'un, voulons-nous être injustes envers cette personne, piétiner son bien-être et l'emprisonner dans la misère?Les vraies réponses, selon moi, prenne vie à l'intérieur de nous-même; l'arme la plus redoutable et qu'il nous faut avant toute chose désamorcer est dans notre coeur.Vouloir faire autrement ne serait qu'un petit pansement sur une hémorragie.Bonne année à toi aussi, Michel :D
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M
<br /> Mais je sais bien tout ça P'tit loup, c'est même le B.A.BA,  mais "Une" personne n'est pas un peuple entier et les bonnes intentions doivent d'abord passer par des aspirations<br /> politiques...<br /> Liberté, Egalité, Fraternité...<br />  Bonne année à toi,<br /> <br /> Michel<br /> <br /> <br />
P
La haine est une énorme dépense dénergie... que l'on peut aussi dépenser à se connaître et s'aimer, si l'on en décide ainsi.Lorsque nous aimons quelqu'un l'endroit ou le nom de l'endroit importent peu pourvu que l'on soit aux côtés du bien-aimé.Cela semble un peu simpliste, même fou, et pourtant...
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M
<br /> <br /> Je crois que chacun de nous sait cela dans le fond, mais ce schéma doit être reconsidéré dès lors qu'il s'inscrit dans un contexte politique, géographique... épidermique, je dirais ! La haine<br /> n'est jamais qu'un cri animal devant l'injustice, l'intérêt, etc. La société ne peut pas se contenter de simples belles phrases si les moyens de les matérialiser n'existent pas. Impossible<br /> d'ignorer des mots comme pauvre et riche, juste et injuste, liberté et prison... tous ces paramètres (entre autres) rendent bien difficile l'acte d'amour qui ne s'épanouit que dans l'égalité et<br /> la liberté qui manquent cruellement encore dans ce monde.<br />  Mais je suis d'accord... aimons-nous !!!<br /> Mais ne travestissons pas l'acte de fraternité à travers le prisme d'un idéal amoureux. C'est un combat de tous les jours avec chacun d'entre nous, qui iil soit.<br />  Bonne année, P'tit loup.<br /> <br /> Michel<br /> <br /> <br /> <br />
F
J'ai eu tellement d'espoirs de paix et tellement d'espoirs déçus que je ne sais plus quoi penser pour cette terre et ces peuples frères meurtris.. Les images se bousculent et la pensée se tarit. Je suis à mon tour une terre asséchée...Et les deux visages de votre photo comme un test de Rorschach pour l'humanité entière toujours tétanisée quand il s'agit de la Palestine et d'Israël..Plein d'amitié
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M
<br /> <br /> Pour beaucoup d’entre nous, nous en sommes là… Personnellement, j’ai des amis des deux côtés et je puis vous assurer qu’à entendre les uns comme les autres, je suis totalement déchiré, au point<br /> que ce sujet est devenu tabou.<br />  @ bientôt François et bonne fin d’année<br /> <br /> Michel<br /> <br /> <br /> <br />
P
Ignorer les racines d'un arbre ne serait que voir la moitié de sa beauté. La diversité est un don du ciel que nous devons célébrer: l'autre, par sa différence, est la clef de notre ouverture d'esprit. Merci, Michel, pour cette magnifique photo et cette pièce... que j'aimerais lire :)
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M
<br /> <br /> Merci P'tit loup... La différence « devrait » être tout ce que tu décris et je fais partie de ceux qui y croient, mais force est de constater que dans la réalité, nous sommes encore bien loin de<br /> cette belle utopie.<br /> Quant à l'extrait du « Centième nom » qui se trouve sur ce blog, ce n'est pas celui de la pièce, mais celui de la version romanesque non encore publiée (je cherche d'ailleurs un éditeur), car<br /> celui que j'ai ne veut pas sortir le roman puisqu’il a déjà publié la pièce... Personnellement, je préfère et de loin le roman qui permet une lecture en profondeur de cette rencontre entre les<br /> deux garçons et du poids du conflit qui les oppose. Et puis la fin est tout autre...<br />  @ bientôt,<br /> <br /> Michel<br /> <br /> <br /> <br />
A
Merci pour cet extrait ! Pensées pour ces 2 peuples qui subissent depuis tant d'années le poids écrasant de la politique belliqueuse de leurs dirigeants. Et une pensée aussi pour Salim Kechiouche que nous avons (re)vu avec plaisir dans "Fortunes" sur Arte. Excellent comme d'habitude.PS Existe-t-il une version vidéo (DVD ?) de ta pièce "Le 100ème nom" ?
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M
<br /> <br /> Merci à toi d'y être sensible. C'est un conflit qui parvient à user littéralement le plus minime des espoirs et c'est tout à fait navrant.<br /> Quant à la pièce, j'en possède une très mauvaise captation quasi inaudible, mais je sais que sur Dailymotion ou sur You tube, en cliquant « Giliberti », tu as un petit diaporama des répétitions<br /> et dans lequel Salim est absolument photogénique, comme d'hab!<br />  @ bientôt,<br /> <br /> Michel<br /> <br /> <br /> <br />
G
Je ne trouve pas mes mots, depuis la nuit des temps l'homme, la femme souffrent, combien d'intifada faudra-t-ils encore pour que l'on reconnaisse simplement celui qui marche! Un est boxeur et l'autre? Chacun porte un prénom fort, ils portent dès la naissance l'histoire sur les épaules et sur le front. Lequel des deux est juif ou musulman, ils sont beaux, jeunes et moi je m'en fou de savoir leurs racines, car je les regarde et pour moi ils ont les deux soif de vies. Encore Michel un message de toi, mercije peux te demander le livre de la porte bleu je le trouve chez qui? touves-tu mon site intéressant? comme toi je n'ai pas trop envie de mettre de la pub. j'ai un autre site prof. artlasarraz.comEt si tu passe par chez moi soi le bienvenu. giselle
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M
<br /> <br /> Les deux sont surtout de grands acteurs et j'ai eu beaucoup de chance de les voir jouer mes personnages. Salim était Jihad et Samuel, David.<br /> Quand à mon livre je vais te dire où le trouver par mail.<br />  @ bientôt et merci encore,<br /> <br /> Michel<br /> <br /> <br /> <br />

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