Étrange comme l’illusion peut parfois suffire à embellir l’instant fragile d’un cœur en perte de sentiments. Sidi Bou Saïd a ce pouvoir…
La maison d'un ami d’abord, "Dar Faten" au petit matin, bastion éphémère entre bleus et blancs… entre craie et argile, entre eucalyptus et résineux.
Les chats qui vous adoptent très vite et font leur ronde dès le matin sur l’arrête des murs qui ne vous protègent de rien…
Les lanternes face à la mer et le bougainvillier qui constelle l’azur du ciel de ses mauves pétales…
Les voiles de la terrasse qui claquent au vent comme celles d’un navire…
La lanterne, phare mouvant, qui se balance gracieusement…
Le feu de l'autre bougainvillier, orange celui-ci, et dont la moindre chute de ses fleurs mérite de finir en beauté dans le feu d’un émail incandescent…
La transparence bleue d’un verre sur la faïence ancienne…
Une rose qui se fane à quelques centimètres des calligraphies turquoise d’un vase en terre cuite…
Et puis le jour qui diminue, l’horizon qui s’estompe, la pierre qui devient bleue…
Oui Sidi Bou Saïd, c’est un peu ça… une atmosphère qui vous allume comme un coucher du soleil puis vous consume comme un alcool ; mais dans l’un ou l’autre cas ce village haut perché sur sa falaise rouge réveille vos propres contes orientaux.
Des contes d’orages attache et d’orange tâches, d’amères pensées et de doux pardons, de noires prunelles... Une fuite du temps qui ensorcèle votre devenir.