Je ne sais rien de lui… rien de ses tourments, rien de ses plaisirs.
Cinq heures de route non-stop. Je n’étais plus loin de Tozeur. J’ai arrêté la voiture à l’entrée d’un petit village pratiquement désert à l’heure de la sieste. Je suis descendu de la voiture pour me détendre.
C’est à cet instant que je l’ai vu. Il était assis à même le trottoir, le dos contre un mur, à quelques mètres de moi. Je lui ai adressé un salut de la main auquel il a répondu d’un signe de la tête et d’un sourire.
Le silence était total ; la chaleur, enveloppante comme je l’aime, de celle qui fait vibrer l’air et donne l’impression, à l'horizon, que les routes s’évaporent dans le ciel.
J’ai fait quelques pas dans sa direction et je lui ai demandé si je pouvais le photographier. J’ignore d’où m’est venu ce courage. Il a glissé une main dans ses cheveux, mais le gel a empêché toute transformation. Il a semblé hésiter, mais très vite, d’un battement de paupières, il accepta.
Et voilà… La rareté des clichés autant que la brièveté des rencontres me plait énormément, aussi je n’ai que deux photos de ce garçon incroyablement serein, incroyablement photogénique dans son absolu dépouillement qui a pourtant enrichi ma mémoire.