Comme l'animal revient toujours à son points d’eau, la solitude, fidèle, a soif de moi et des rythmes qu’elle y trouve.
Souvent, quand descend le soleil à l’horizon, j’ai des oublis vertigineux du monde. Je suis alors en proie à mes dérives venues d’une autre rive, d’un autre pays, d’un autre pan de ma mémoire.
Dans ces moments, distrait de toutes les choses qui réconcilient l’homme à la terre, je rêve de me glisser dans la peau de ceux qui savent rencontrer le bonheur et en jouir.
Moi, c’est toujours difficile. Le bonheur reste une escale dangereuse, alors même que je le côtoie depuis des décennies.
Je ne pouvais parler de cela à mes amis avec qui je partageais en toute complicité tant de choses simples… Comment leur aurais-je expliqué que j’avais froid quand ils avaient chaud et que j’étais là-bas, quand ils étaient ici.

Quand Romain posa pour ce tableau, je l’ai laissé s’enfoncer dans une absence qui me rappelait la mienne à son âge… J’ai ajouté entre les doigts de sa main droite l’inquiétante représentation de la blessure et de la mort, la sienne ou celle des autres… tout près du sexe, comme une castration ; la mort comme une complice qui vous tue, la mort comme un crime !

Je ne devrais jamais écrire sur les coups de 19 heures, c'est l'heure de tous mes démons... quand je pense que génerallement, une heure après, tout va mieux, je me trouve nul d'avoir la tentation d'écrire trop tôt.
Romain fume sur ce tableau ; c'est presqu'une ancienne époque, puisque "demain", il sera interdit de fumer dans les lieux publics.
Et ce n'est pas fini, on va tellement s'occuper de notre santé, que l'état, gardien des lois, finira pas être notre geôlier.
Carpe diem, carpe diem...