À Djerba dans le village de Guellala vivent des potiers berbères. Fathi Sakal et ses deux frères font partie de ceux-là. Son père lui a appris le métier, comme lui-même l’a appris du sien. Une tradition de père en fils, une tradition rassurante ! La terre, le bois, le feu sont des signes qui me touchent infiniment. C’est un peu notre mémoire ancestrale, preuve que nous n’avons pas toujours été des robots et qu’autrefois, nous savions être d’humbles créateurs, artisans du quotidien... le bol, la jarre, le plat, l’assiette, autant d'objets utiles et pourtant si beaux, si émouvants Ainsi, j’ai visité les ateliers de Fathi au fond de galeries fraiches et ombragées un peu comme les habitations troglodytes dans les plaines de Matmata et où, dans l’obscurité, transpirent les derniers travaux qui attendent la cuisson.Lumière digne d'un Rembrandt...
Les fours sont accessibles par des marches qui descendent dans les profondeurs de la terre. Derrière cette entrée de four, la fraicheur et l'odeur du bois brûlé vous saisissent quand le four ne fonctionne pas.Poteries blanches et noires sous le soleil... Cohabitation symbolique qui donne à réfléchir. Tout autour de ce couple de terre, un vaste terrain où se côtoient, bris de pots, jarres, bois, palmiers et cactées… à tout instant, une composition de hasard s’offre aux yeux, humble et forte, douce ou violente, mais toujours naturellement belle, signifiante. Echecs de cuissons ou simple casse restent infiniment beaux en plein soleil.Fathi Sakal, père de famille et potier responsable aime la nature de son île...
... et tente dès qu'il en trouve le temps de sauver des bâtiments menacés par les hommes et le temps comme cette magnifique mosquée datant du quatorzième siècle et qui fait face à la mer.