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Le blog de Michel Giliberti

Fin d'après-midi © Giliberti / 2006

Après avoir embarqué sur un ferry à Sfax, j'accostai une heure plus tard aux îles de Kerkennah, à seulement vingt kilomètres des côtes tunisiennes.
Le dépaysement fut total.
Des palmiers, des palmiers, encore des palmiers... La mer turquoise, le sable jusque dans les terres, les marabouts verts et blancs, les maisons ocre et bleues... La nonchalance des insulaires circulant à vélo ou marchant main dans la main. Tout me séduit.

Le marabout © Giliberti / 2006

C'était une fin d'après-midi. Je ne voulais plus repartir.
Le temps semblait arrêté. Il flottait sur l'île un parfum étrange, mélange de sel et d'épices, de poissons frais et de terre brûlée.
J'ai roulé un peu au hasard des rues et des routes qui longent la mer; je n'avais aucune envie de trouver mon hôtel.

Le repos © Giliberti / 2006

Au bord de l'eau, des hommes, pantalons retroussés jusqu'aux genoux, pêchaient ; d'autres discutaient et riaient. Les enfants se couraient après.
Il y avait une grande simplicité des êtres et des choses, de celles qui me confondent.
Je me suis enfin assis en retrait d'un ponton où s'activaient des femmes qui, plongées dans l'eau jusqu'aux cuisses, malgré leurs robes, lavaient de la laine en la frappant avec un battoir.
Les laveuses de laine © Giliberti / 2006

Des jeunes gens apercevant ma discrète présence me firent des signes amicaux et me proposèrent de rentrer dans leur ronde puis, à la vue de mon appareil photo, voulurent tous poser pour moi. Je m'y pliai bien volontiers.
Je pense qu'un homme triste est un homme qui n'a jamais connu cet espace-temps, où tout ce que vous dites, tout ce que vous faites semble lié au privilège et développe le meilleur de vous-même.
Le soleil commença sa lente descente jusqu'à l'horizon. L' île passa du bleu à l'orange. Les pêcheurs cessèrent de battre les vagues de leurs grandes palmes et arrêtèrent ainsi d'effrayer les mulets qui, scintillants, bondissaient hors de l'eau et retombaient sur des claies, puis ils vidèrent leurs gargoulettes des poulpes qui s'y étaient réfugiés.

La pêche miraculeuse © Giliberti / 2006

J'avais faim.
J'ai répondu au sourire amical d'un garçon et ensemble, nous avons discuté de tout et de rien quelques instants avant qu'il me demande lui aussi de le prendre en photo. Protégé par l'objectif, je remarquai à quel point il aurait fait un excellent modèle, mais je n'avais aucun courage d'aller plus loin dans la discussion et comme je repartais dans deux jours pour Mahdia, je n'aspirais qu'à me reposer. Enfin, j'ai retrouvé ma voiture. Vitres baissées dans la chaleur du soir, j'ai roulé lentement jusqu'à l'hôtel, le bras ballant à l'extérieur la portière, comme un vrai tunisien, à respirer cet air si particulier qui enferme les îles.
Après une bonne douche, je suis ressorti afin d'apprivoiser la nuit nouvelle.

Un sourire de Kerkennah © Giliberti / 2006
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commentaires
L
Ancienne maison de Kerkennah (Ramla)Mon frère et ami Kerkénien...Le tombeau d'un walli...Kerkennah en possède un bon nombre..
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L
Paysages inoubliables du petit archipel
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L
Michel, je sais que ce n'est pas bien, en attendant de pouvoir me rendre à Kerkennah, j'ai fait un lien sur tes photo de ton blog pour les faire apparaître sur mon blog. Dès mon retour, je ferai une galerie de mes propres photos.J'ai mentionné que tu es l'auteur des photos reprises avec le lien de cette page!
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M
<br /> Tu rigoles... aucune importance.<br />  Bon voyage et beau séjour. Je t'envie.<br /> <br /> michel<br /> <br /> <br />
L
Génial Michel, je serai aux îles Kerkennah le 6/6, un goût d'envie tout simplement, car je suis invité chez un petit fils de pêcheur fier de son archipel. Cet article est un avant goût sérieux à m'établir peut-être une semaine chez lui...ensuite nous filerons vers d'autres destinations qui figurent déjà sur ton blog !Là je reviens du Maroc où j'ai participé à un festival de malhoun et me voilà déjà en train de penser à Kerkennah !
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M
<br /> Je suis heureux pour toi. J’espère que tu reviendras plein de beaux souvenirs et de nouvelles rencontres. Kerkennah est paisible, les habitants adorables, la mer et les palmiers font tout le<br /> reste.<br />  je t'embrasse,<br /> <br /> Michel<br /> <br /> <br />
P
Tu dis : " Il y avait une grande simplicité des êtres et des choses, de celles qui me confondent." Tout est dit.
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P
De passage chez patou, j'ai etudié ton blog de partout .j 'aime tout ce que tu dis , tout ce que tu fous car qui d'autre que moi ne peut te dire que de toi point , je ne me fous.<br /> Chantou.
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-
Ma chérie, tu te lances dans la poésie...  Tu m'avais caché ça... Je plaisante, je me souviens que tu m'en avais fait lire quelques unes un après-midi. je suis heureux de te lire sur ce blog, c'est très bizare.Pour ceux qui liraient cette réponse, sachez qu'elle est déstinée à Chantal mon amie de toujours... Nous avions 16 ans quand on s'est rencontré et depuis notre amitié n'a pas pris une ride... Nous avons toujours seize ans... J'ignore si c'est raisonable à notre âge, mais c'est ainsi !je t'embrasse ma chérie, @ bientôtMichel.
G
Et ici, le 1er décembre au matin, la nature nous a laissé son premier manteau blanc de la saison et tout le reste qui vient avec. Avec un froid soudain comme pour nous dire qu'il a bien l'intention de s'installer à demeure. En avant donc pour les prochains mois... On aura bien besoin de ton exotisme.
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M
Ici il fait un temps médiocre, mais pas franchement froid. c'est la mumière qui me manque le plus. Si je m'écoutais je ne cesserai de balancer des photos de Tunisie sur mon blog, juste pour le soleil, les couleurs, les sourires, mais j'ai quand même peur de lasser...Bonne luge donc...Michel
F
Il y a toujours pour moi le mystère de la beauté....<br />  Le sourire contenu de ce jeune homme de Kerkhanah est en mesure de transpercer les carapaces les plus fortes, de pénétrer en nous et de nous envahir. <br /> La question est : comment peut on survivre à ces envahissements successifs sans s'épuiser comme un camélon sur du tissus écossais? La beauté me fait imploser..<br /> Peut etre que la peinture est un moyen de prendre la distance qui permet de respirer, c'est à dire de reprendre souffle.<br /> Jamais l'expression "une beauté à vous couper le souffle" ne m'a paru si juste.<br /> Merci<br />  
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-
Oui ce garçon est très beau, mais j'espère que mes laveuses de laines ont su, elles aussi vous séduire... comme mes deux pêcheurs avec qui j'ai tant ri. Un pays n'a pas qu'un seul visage.Ces deux jours passés à Kerkennah m'ont donné tant à voir et tant à parler que j'en suis reparti submergé de souvenirs et de l'amour des autres, jusqu'au séjour qui suivit.En fait, je n'ai pas peint ce garçon parce que justement il était trop beau et qu'en cela, il n'était pas le passeur d'émotions que mon désir de peindre attend et dans lequel, transcender les choses et les réinventer reste le moteur.@ bientôt

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Mon travail d'artiste peintre, auteur et photographe...

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