À partir de là, il faut continuer à grimper à pied et la promenade commence au milieu d'un silence unique traversé du seul cri des oiseaux et du grésillement des insectes. De temps à autre, des rapaces déploient leurs ailes au-dessus des crêtes du massif, mais hélas je ne parviens pas à les photographier. Je tenterai l'expérience une prochaine fois. Mais avant cette promenade, on passe d'abord devant une bâtisse (administrative, je pense) encadrée de deux pachydermes en résine qui n'ajoute rien à la beauté du paysage, je dois l'avouer, d'autant qu'il ne s'agit pas de la reproduction d’espèces présentes dans cette réserve... Donc, on oublie vite l'éléphant...
...et le rhinocéros.
Et la ballade autour du lac se précise enfin...
Celui-ci change souvent de couleur pendant l'année. C'est un des rares lacs au monde qui absorbe l'eau de la Méditerranée en été, une eau à laquelle il est rattaché par un canal et qui fait grimper son niveau et sa salinité. En hiver, ce sont les oueds qui l'alimentent en eau douce et là, son niveau baisse au point qu'il est possible de marcher dessus sur des centaines de mètres, comme je suis en train de le faire sur cette photo. Beaucoup de traces des sabots des buffles d'eau sont distinctes à sa surface dans ces périodes là ainsi que leurs bouses.
Quand j'étais enfant, j'avais très peur du lac de l'Ichkeul ; il était souvent de couleur argileuse et le silence qui y régnait était si impressionnant que je détournais la tête quand je passais devant ses berges. Même accompagné de papa dont je serrais très fort la main, j’avais l'impression, à tout moment, qu'il pouvait se passer quelque chose. La végétation se compose essentiellement d'oliviers et de petits arbustes, comme les pistachiers, dans un paysage accidenté composé de rochers dorés, ambrés ou roux, souvent recouverts de lichen orange ou vert. De temps en temps, on y découvre des grottes habitées par les chauves-souris et les oiseaux. De toute part se faufilent des lézards ; parfois, de grosses libellules font un bruit d'enfer en passant près de vous.
C'est un lieu magique et émouvant qui correspond à la Tunisie de mon enfance.
D'ailleurs, une petite méditation s'impose...Pendant que d'autres ont mieux à faire...
Ainsi que cette cigogne en plein vol...
... ce canard sauvage en plein bain...... ou ces flamants roses qu'on voit mal sur ce cliché (je n'ai pas de patience pour photographier ce qui est simplement beau à voir ou à ressentir).
C'est ainsi que Jean-Charles passe son temps à me montrer des canards, des grues, et tant d'autres espèces d'oiseaux rares que je rate dans mon objectif, et en toute logique, c'est lui que je photographie. Il est si heureux au milieu de la nature sauvage ! Et puis, pour moi, c’est bien lui l'oiseau rare, la seule espèce intéressante qui me passionne et que j'étudie depuis trente-cinq ans...
Et le soir, une fois rentré à Sidi Bou Saïd, il fait sagement le tri des olives qu'il a cueillies en douce, bien décidé à en faire quelques conserves...
Oui, c'est un oiseau rare ! Une espèce comme je les aime... une espèce dont je ne me lasse pas.