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Le blog de Michel Giliberti

Sufi Dialogue - Egyptian Nile Music
Je parle peu de Tunis, et pourtant, c'est une ville que j’adore entre toutes. Elle reste humaine malgré une effervescence étonnante.
Les soirs d’été, entre la chaleur, le bruit et les odeurs épicées des restaurants, c’est un pur délire. Les Tunisiens aiment sortir, faire la fête ou se promener en grappe sur les trottoirs.
Mais à Tunis, il y a aussi la Médina. Elle me passionne comme me passionnent toutes les médinas.
Le labyrinthe de leurs ruelles, leurs vieilles maisons aux portes parfois somptueuses, tout est matière à me plonger au centre de contes faits pour moi, de mes promesses d'Orient.
Chaque demeure est fermée sur un mystère et chacune d’elles me force à imaginer quel serait le mien à l’intérieur du patio qu’elle ceinture.
tunis-b-2Commençons par le commencement... Un bout de la piste de l'aéroport de Carthage. On arrive. Attention au coeur qui bat...tunis-b-1
Voici l'entrée des souks de la médina à la fin de la grande avenue Habib Bourguiba. Il est difficile de se faire une véritable idée de l'ambiance sans les bruits, les klaxons, les parfums et les vibrations . C'est électrique ! Les photos sont si peu parlantes.
C'est là que se trouve la « Porte de France » dont le nom arabe reste toujours la « Porte de la Mer », Bab el Bhar... tellement plus beau et qui rappelle que cette médina, comme toutes les médinas, se trouvait en bordure de mer et le serait encore si, entre temps, quelques colons français n’en décidèrent autrement et à grand renfort de remblais, firent reculer la mer pour mieux construire... construire et servir leurs intérêts.
Ah... l’arrogance des colonies ! (même quand ça s'appelle "protectorat)
Tunis-b-9Les portes de la médina émaillent ses ruelles de leurs couleurs et de leurs mystères ; chacune d'elles dit quelque chose, chacune d'elles vous parle... le bleu et puis le jaune de celle-ci me donne à voir le ciel et le soleil... 
tunis-b-6Dans une des nombreuses impasses, cet écrin ombragé protège l'architecture sublime de ce petit palais pas loin de la rue du Pacha, rue très connue qui porte jusque dans son nom les influences turques qui l'habitèrent.
Tunis-b-7À deux cents mètres plus loin, sous ce porche, les portes bleues d'une maison blanche à vendre. Immense maison que j’ai visitée et qui, pendant longtemps, a gardé mes rêves à l'ombre de ses murs comme d'autres d'entres elles.
tunis-b-8Un petit angle de la même maison avec deux de ses fenêtres par lesquelles j'ai tant espéré bien passer un jour la tête...
tunis-b-5 Sur les hauteurs de Tunis, le belvédère, ce parc immense à la végétation luxuriante, le poumon de la ville. ici, à son sommet, l'intérieur de sa kouba construite en 1900 et présentée à l'exposition universelle de Paris.
Tunis-b-4Et dans cette kouba, une surprise... pour le "plaisir des yeux", de mes yeux, comme disent les Tunisiens...

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Salammbô...
C’était là, qu’alangui dans la cour, tu fumais ton ennui.
Salammbô...
C’était là, qu’assoupi à mon tour, je respirais tes nuits.
Salammbô...
C’était là, dans le bleu du ciel noir, que tu rêvais d’ailleurs.
Salammbô...
 C’était là, au flou de notre histoire que je vivais mes heures.


© Giliberti / 2008



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Le texte qui suit est un peu long, j'en conviens. Je n'ai guère l'habitude de  m'étaler ainsi mais j'avais envie de placer cet  extrait de mon dernier roman "lapeaudumonde.com" qui rejoint Handicap internationnal dont c'était la journée et que je salue pour son travail sans relâche autour du futur traité d'interdiction des bombes à sous-munitions (BASM).
Depuis des années, l'abomination de ces engins meurtriers ne cesse d'être un de mes tourments majeurs et c'est pour cela que je l'ai évoquée dans ce roman.


  .../...Vers  deux heures et demie du matin, Gilles se réveilla en nage. Il avait rêvé d’un vaste trottoir sans fin où ses jambes lourdes refusaient de le porter alors que la foule restait indifférente à son drame.
Il se leva d’un bond, soulagé de récupérer sa mobilité, se rendit à la cuisine, but à même le robinet, se dirigea vers la fenêtre et l’ouvrit pour changer d’air et chasser ce cauchemar qui continuait de le troubler, mais dehors comme à l’intérieur l’air était oppressant. Aucun éclair ne zébrait le ciel de nuit, on y sentait pourtant l’imminence d’un orage. Paris avait des allures de ville tropicale, jusque dans le pas des flâneurs qui découvraient la nonchalance ; ils déambulaient, attirés par cette atmosphère électrique suspendue au moindre souffle, à la moindre goutte d’eau.
Au bout de ces quelques minutes d’absence, Gilles, en sueur, et toujours éprouvé par son cauchemar retourna vers son lit et pour tenter de se calmer et de se rendormir, il mit en marche la télé. Il tomba sur un vieux film allemand en noir et blanc et sous-titré dont les acteurs lui étaient inconnus.
Il se noyait depuis quelques minutes dans l’éclairage dramatique et la mise en scène théâtrale de cette œuvre, quand soudain, sans même vraiment l’avoir décidé, il changea de chaîne et retrouva celle des infos.
On y diffusait un reportage sur les millions de mines antipersonnel qui infestent encore les terres du Mozambique, du Kurdistan irakien et du Cambodge, entre autres. On décrivait le drame de ces pays où les enfants se font piéger méthodiquement alors qu’ils se promènent, s’amusent ou vont travailler et que le hasard qui leur fait poser le pied sur ces engins de malheur leur arrache une jambe.
Une fois de plus on voyait ces familles innocentes et résignées vivre l’horreur au quotidien à attendre que leurs enfants obtiennent un appareillage sérieux, à les regarder marcher tant bien que mal à l’aide de prothèses de fortunes.
Le reportage était angoissant et prenait une résonance toute particulière après son cauchemar.
Une femme cambodgienne racontait que son mari, amputé d’une jambe, devait travailler pour un salaire de misère sous les ordres de ceux-là mêmes qui avaient enfoui ces engins meurtriers alors que le fourreau qui le reliait à sa jambe de bois infectait son moignon. Elle déplorait, d’une voix monocorde comme si tout sentiment s’était définitivement consumé en elle, que la nuit, son mari souffrait terriblement des efforts de la journée. Elle ajouta, avec pudeur, que sa plaie était si malodorante qu’elle craignait une gangrène qui l’immobiliserait tout à fait. Qu’adviendrait-il alors s’il devenait une charge pour sa famille sans autres ressources que celles de ses généreux employeurs américains ?
Gilles sentit monter ses larmes, et sa gorge se nouer. Cloué sur place, il écoutait l’horrible histoire de ces enfants détruits pour la vie. Tandis qu’il pâtissait en silence devant l’atrocité de ces destins et l’injustice inégalée des guerres, il s’aperçut une fois de plus qu’il lui manquait quelque chose, quelque chose comme cette sensation ressentie en début de soirée alors que défilaient les images sur la famine au Niger.
Quelque chose de vital à cet instant.
Quelque chose de salvateur.
En désespoir de cause, il tenta de chercher un signe quelconque qui le lui révélerait, mais rien ne lui parlait. Rien ne se manifestait.
Rien, autour de lui n’indiquait la moindre piste. Chaque objet dans la maison gardait son silence, jusqu’aux peluches pourtant expressives.
Il recommença à s’énerver et croisa très fort ses doigts dans un geste de supplique qui réveilla aussitôt la blessure à la paume de sa main.
Il tressaillit.
Ce fut un flash.
Une vision apocalyptique.
Une vérité hurlante qui s’empara de tout son être.
Gilles découvrit de façon très crue, qu’il avait besoin de souffrir devant de telles images, que ça lui permettait une osmose étrange, bienfaisante. Un mariage douloureux et sanglant entre lui et les injustices du monde.
Il devait subir, comme il avait subi la dernière fois.
Il lui fallait une nouvelle blessure.
Une blessure par lui infligée.
Une blessure à regarder et à montrer.
Une blessure qui le calmerait.
Il resta un moment désorienté et affolé. Il déglutit plusieurs fois. L’angoissante vérité heurtait sa sensibilité. Il redoutait la situation. Il la pressentait grave. Pourtant, rien ne parvenait à lui ôter cette idée morbide de la tête. Elle était là, présente, têtue, inévitable.
Il attendait la blessure.
L’appréhension de la douleur ne le préoccupait guère.
Il patienta encore un peu, puis une fois apaisé, alla chercher un verre qu’il serra très fort entre ses doigts pour tenter de le briser. Il n’y parvint pas. Déçu et à la fois soulagé, il se dit qu’il était fou, qu’il fallait immédiatement abandonner là ce dessein sordide, mais à peine le verre lâché, le besoin d’une douleur le reprit aussitôt.
Il fallait faire vite.
Très vite, maintenant.
Il reprit le verre et le jeta par terre sans trop réaliser la portée de son geste, puis il se saisit d’un tesson qu’il promena lentement sur tout son corps, comme pour trouver l’inspiration qui lui indiquerait l’endroit idéal où frapper. Il l’arrêta sur le mollet.
Pendant une seconde, son regard prit la fixité de celui d’un androïde, et d’un coup, d’un seul, Gilles se taillada la jambe sur une quinzaine de centimètres.
Il émit un cri bref et en même temps, délivré de la tension imposée, il sourit.
Devant lui, le sang.
Une fois de plus.
Son sang devant les atrocités du monde.
Enfin détendu, Gilles se leva, passa sa jambe sous la douche, admira la fente profonde qui nécessitait de toute évidence des soins, mais s’en moqua. Il la recouvrit grossièrement d’une serviette, le temps de chercher son appareil photo. Quelques secondes plus tard, son mollet était numérisé.
Il se fit un bandage plus sérieux avec un tee-shirt propre. Demain il achèterait des bandes et un désinfectant.
Il s’installa devant son ordinateur et balança la photo de son mollet sur son blog avec l’impression de foutre un corps à la mer. Il lui donna un titre :                  
« Cambodge. Mines antipersonnel. »
Satisfait, il se leva et se recoucha pour dormir cette fois-ci.

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Wasis Diop / Hyènes / Dune

Parler encore de Bizerte ou de toute autre ville de Tunisie commence à devenir un sujet difficile à traiter.
En effet, comment ne pas se répéter ?
Oui, mais comment ne plus en parler ?

Impossible bien sûr…
J’ai la chance de connaître Bertrand Delanoë et lorsqu’il évoque Bizerte, sa ville natale comme chacun sait, je retrouve chez lui cette forte attache au pays qui m'étreint, cette impossible distance avec le sol qui accueillit nos premiers pas…
Alors mille pardons, voici encore quelques photos de Bizerte pour affronter l’hiver.


L'atelier d'un artiste peintre, avec vue directe sur le port. Difficile de ne pas être inspiré...


Le port, toujours depuis l'atelier de ce peintre, et à droite, le Marabout, le petit café où j'aime perdre mon temps au soleil quand je séjourne à Bizerte…


Tout compte fait, c'est peut-être difficile de peindre dans un tel atelier... Comment ne pas avoir envie de sortir et de parler avec les pêcheurs tout en buvant un café ?


Et puis, à quelques centaines de mètres de là, sur le marché parfumé de toutes les épices de la Tunisie, comment résister à la bonne humeur de ce vendeur de légumes qui, quels que soient les aléas de son quotidien, nous offre un si chaleureux sourire ? Allez à Rungis, vous comprendrez ce que je veux dire...


Et puis s'il faut absolument travailler, s’il faut reprendre ses pinceaux, Mehdi en redonne très vite le désir...

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     Sur ses joues, la poussière
                  Ces parcelles d'enfance
                         Qui lui donnent ses ans.
                                  Dans ses yeux, la lumière
                                                    Cet intime soleil
                                                           Que lui offrent ces ans.
                                                                    Sur ses lèvres, un aveu
                                                                                Ce regret d'être amer
                                                                                        Si près de ses seize ans.

                                                                                                                                  Giliberti / 2008

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                            Avancer sur tes terres
                                                        Que les siècles ont tissé
                                                                         Du soleil travailleur
                                                                              Et des contes qu’il renferme
                                                                        
Et puis...
                                            Déposer sur ta peau
                                 Qu’il m’est donné de voir
                       L’ombre fraîche de mes yeux
                Tout à l’ambre des tiens
             Et puis…
                       M'impliquer à voix basse
                                                  
Pour abolir la peur
                                                            
Que les mots et les lois
                                                                          
Font naître au cœur des hommes
                                                                                           Et puis...

                                                                                                                          © Giliberti / 2008        
                                                                                                                                  

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Voilà plus de vingt ans, alors que je pensais être âgé, j’avais eu envie d’exprimer de façon allégorique la naissance du temps, sa fuite, ses ravages.
Rien d'innovant, j'en conviens, ce thème a si souvent
été developpé...
Était-ce par coquetterie ou par peur de le nommer, mais au dos de ces deux toiles, mon « temps» devint « Time »... Tellement moins signifiant !


Pour la dernière toile qui traitait directement de la dégradation physique, je m’étais directement inspiré du « portrait de Dorian Gray ».


Pourtant, ce Temps qui nous défait physiquement est source de toutes les expériences qui nous font et nous grandissent et nous devrions l'aborder avec sérénité plutôt que le comptabiliser ou le combattre.
De cette alliance du temps qui dure et de l’homme qui passe, naissent souvent de belles fulgurances.
Quant aux échecs, ils sont souvent responsables de nos renaissances
les plus improbables et ça, une fois encore, c'est le temps qui nous l’apprend.

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abdoul-chapeau-6Midi à Sidi,
Les murs blancs autour de ta peau sombre
Ton chapeau et mes mots pour en rire
abdoul-chapeau-4 Midi à Sidi,
Tes histoires et tes gestes fleuris
Les oiseaux cachés dans le figuier

abdoul-Chapeau17

Midi à Sidi,
Le vin doux de Korba qui t’endort
Son sang rouge qui bouscule le mien

abdoul-sieste

Midi à Sidi,
Le silence qui s’invite dans la cour
Et la sieste qui guette déjà…

© Giliberti

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Quand s’avancent les souverains et que se traînent les asservis, quand les sophismes s’inscrivent en vrai et que l’eau claire ne donne plus soif, il faudrait entrer en résonance avec ses propres narrations, ses propres liaisons et fuir celles, stériles, d’avec les astres morts .
Il ferait bon d'attendre ainsi chaque réponse à nos souffrances et puis enfin, les resservir, les propager sans enchères, sans le soufre de la comédie, sans le plomb de la suffisance…

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