Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le blog de Michel Giliberti

L'entrée sans porte,
Autour de ton grand corps
Gardait au centre du palais
Ses lourds secrets et mes désirs.

© Giliberti




L'entrée des contes
Obscure et verte
Ne parlait pas de mes espoirs.
Ne disait rien de mes repères.
Elle s'ouvrait nue
Mais inviolable
Au soir des mots,
Qui mentent et tuent.
© M Giliberti





Voir les commentaires


De toutes les douleurs, celles qui nous défont sont souvent les plus ordinaires comme les gestes de l’habitude qui, l’air de rien, grignotent notre belle énergie d’autrefois qui nous fit surestimer notre vie, l’imaginer sans blessure, moins barbare et si grande… Aussi grande qu’une traînée de poussière cosmique dans le noir sidéral.
Ces gestes de l’habitude qui, à casser l’enfance, construisent notre condition d’homme.
Alors, nous marchons sur les boulevards et nous rencontrons des visages tendus ou fatigués, des visages qui nous ressemblent… Nous reprenons les mêmes ascenseurs ne menant nulle part, nous refaisons la queue dans les magasins, nous nous excusons d’avoir heurté quelqu’un… nous consommons le consommable.
On s’enferme…
Nous avions pourtant convenu de vivre l’ouverture… pas l’entrebâillement.


Adolescent, j’aimais frissonner à lire « Les chants de Maldorore ».
Ce cher Isidore Ducasse me faisait entrevoir les bassesses et les horreurs d’un monde que j’étais persuadé ne devoir jamais reconnaître. Dans ses chants, il parlait des petites choses, des petites épaules, des petits enfermements, des petites aigreurs, des petits commérages et de l’absurde qui mènent au crime.
J’éteignais la lumière, je fermais le livre si loin de mes réalités et m’endormais dans la douceur de ma chambre.


Le temps est passé et depuis, la cruauté de sa clairvoyance s’est révélée à mes yeux.
Elle cohabite parfois avec moi et me fait accoucher de bébés monstrueux dont je partage la paternité dans mes peintures avec le Lautréamont de ma jeunesse.
Tous ces monstres sont mes chants, mes fausses notes, quand la médiocrité des détails, à tant se fondre dans le quotidien me fait parfois oublier la tragédie des choses sérieuses de nos vies.

Voir les commentaires



Il y a quelques jours, je descendais dans les entrailles d'un parking Vinci (un de ceux qui inondent et squattent notre territoire souterrain) et je me suis présenté devant « l'appareil à sous », histoire de me délester de quelques euros pour le peu de temps accordé à mon véhicule.

Je glissai mon ticket, puis ma carte bancaire, quand un homme s'approcha de moi pour me demander une pièce ou deux.
Je m'apprêtai à le faire quand, brusquement, une voix m'ordonna de ne pas satisfaire la demande de ce mendiant et lui pria de quitter immédiatement les lieux.
Sur le moment, j'ai cru que la voix ne s'adressait pas à moi, tant il me paraissait improbable qu'on puisse le faire, mais très vite en regardant dans la direction d'où l'ordre m'était parvenu, je découvris un haut-parleur et une caméra.
J'ai réalisé que tout était en place pour la société que décrivait Georges Orwell dans « 1984 ».

Avec flegme, j'ai sorti de ma poche une pièce et je l'ai donnée à ce malheureux, puis j'ai fait un doigt d'honneur à la caméra.
Une société du CAC 40 qui me taxe et me débite l'heure complète lorsque je dépasse d'une minute le temps effectif de stationnement ne manquait pas d'air à vouloir m'empêcher de faire l'aumône.

Que pouvais-je craindre des codes de Vinci ?


Quand je pense que c'est à Léonard de Vinci que je dois ma passion pour la peinture, ce Vinci-là ne me donne que l'envie de devenir une « racaille »... Il n'y a pas de fumée sans feu.

Quelle misère !


Voir les commentaires

Fin d'après-midi © Giliberti / 2006

Après avoir embarqué sur un ferry à Sfax, j'accostai une heure plus tard aux îles de Kerkennah, à seulement vingt kilomètres des côtes tunisiennes.
Le dépaysement fut total.
Des palmiers, des palmiers, encore des palmiers... La mer turquoise, le sable jusque dans les terres, les marabouts verts et blancs, les maisons ocre et bleues... La nonchalance des insulaires circulant à vélo ou marchant main dans la main. Tout me séduit.

Le marabout © Giliberti / 2006

C'était une fin d'après-midi. Je ne voulais plus repartir.
Le temps semblait arrêté. Il flottait sur l'île un parfum étrange, mélange de sel et d'épices, de poissons frais et de terre brûlée.
J'ai roulé un peu au hasard des rues et des routes qui longent la mer; je n'avais aucune envie de trouver mon hôtel.

Le repos © Giliberti / 2006

Au bord de l'eau, des hommes, pantalons retroussés jusqu'aux genoux, pêchaient ; d'autres discutaient et riaient. Les enfants se couraient après.
Il y avait une grande simplicité des êtres et des choses, de celles qui me confondent.
Je me suis enfin assis en retrait d'un ponton où s'activaient des femmes qui, plongées dans l'eau jusqu'aux cuisses, malgré leurs robes, lavaient de la laine en la frappant avec un battoir.
Les laveuses de laine © Giliberti / 2006

Des jeunes gens apercevant ma discrète présence me firent des signes amicaux et me proposèrent de rentrer dans leur ronde puis, à la vue de mon appareil photo, voulurent tous poser pour moi. Je m'y pliai bien volontiers.
Je pense qu'un homme triste est un homme qui n'a jamais connu cet espace-temps, où tout ce que vous dites, tout ce que vous faites semble lié au privilège et développe le meilleur de vous-même.
Le soleil commença sa lente descente jusqu'à l'horizon. L' île passa du bleu à l'orange. Les pêcheurs cessèrent de battre les vagues de leurs grandes palmes et arrêtèrent ainsi d'effrayer les mulets qui, scintillants, bondissaient hors de l'eau et retombaient sur des claies, puis ils vidèrent leurs gargoulettes des poulpes qui s'y étaient réfugiés.

La pêche miraculeuse © Giliberti / 2006

J'avais faim.
J'ai répondu au sourire amical d'un garçon et ensemble, nous avons discuté de tout et de rien quelques instants avant qu'il me demande lui aussi de le prendre en photo. Protégé par l'objectif, je remarquai à quel point il aurait fait un excellent modèle, mais je n'avais aucun courage d'aller plus loin dans la discussion et comme je repartais dans deux jours pour Mahdia, je n'aspirais qu'à me reposer. Enfin, j'ai retrouvé ma voiture. Vitres baissées dans la chaleur du soir, j'ai roulé lentement jusqu'à l'hôtel, le bras ballant à l'extérieur la portière, comme un vrai tunisien, à respirer cet air si particulier qui enferme les îles.
Après une bonne douche, je suis ressorti afin d'apprivoiser la nuit nouvelle.

Un sourire de Kerkennah © Giliberti / 2006

Voir les commentaires





Tant d'ivoire et d'aveux
Sur ta peau, dans tes yeux.
Temps d'y voir mes adieux
Temps d'y croire juste un peu.

Silence et désaveux
Sur mes mots, dans mes voeux.
Si lent ce pas si vieux
Si lourd de tant de peu.

Tant de bosses et de creux
Au discours amoureux.
Cours et dis que j'en veux
Juste encore, juste un peu.

© Giliberti /2006



Voir les commentaires

Extraits de "Black beauty" (huile sur toile) © Giliberti / 2006

Dès les premières gouttes de pluie, j’ai couru me réfugier dans le premier troquet de hasard. Après un rapide coup d’œil sur le décor désuet du comptoir vieillot et son alignement figé de bouteilles d’alcool, j’ai commandé un chocolat chaud.
Il n’y avait pas de clients à cette heure-là de la journée.
Juste le patron et sa femme qui s’ennuyaient derrière le zinc, dans cette époque qui n’était plus la leur.
Juste leur chien… intemporel.
Désabusés et silencieux ils surveillaient, par-delà la baie vitrée, ces autres si déroutants. Leur compréhension du monde s’était arrêtée aux années cinquante, quand les Messieurs retiraient leurs bérets ou leurs chapeaux en saluant les p’tites dames, quand les enfants polis et propres, avaient l’air d’appartenir à leurs parents. Ces années où les Français de l’après-guerre avaient une même mémoire et deux versions des souvenirs, selon qu’ils aient résisté ou profité !... Ces années pourtant où l’école nous bassinait avec ses leçons de morales et d’instruction civique.
Maintenant, ils ne comprenaient définitivement plus rien de cette jeunesse en casquettes et joggings qui sillonnait les trottoirs en rollers, en se foutant des vieux.
Et leur langage ! Hermétique, vulgaire ! Une vraie barrière entre branchés et déconnectés.
Et leurs jeux vidéo…
Et leur musique de malheur !
Non, décidément aucune valeur n’était respectée, quel gâchis ! Plus de chansonnettes, plus de bals musettes, plus de romantisme.
Et tous ces étrangers…
Les cafetiers, c’est à ça qu’ils pensaient tous les jours dans l’odeur moisie de leur antre à vinasse et de leur aigreur personnelle. Et quand ils n’en pouvaient plus, il se trouvait toujours un Français éloigné des clichés idéalisés de Doisneau et prêt à abonder dans leur sens. C’était le plus souvent un Français de cette bonne génération, au visage pétri d’intelligence avinée, accoudé au bar devant son sixième ballon de rouge, et crachant ses poumons au moindre rire. Un bon Français qui verdissait dès qu’un jeune beur buvait précipitamment une boisson chaude et saluait les patrons avant de retrouver dans le froid du chantier voisin le marteau-piqueur qui pulvérisait ses entrailles et ses oreilles à longueur de journée.
« Ça profite de nous et ça voudrait voter, cette racaille » qu’ils ajoutaient.
Derrière la vitrine du bar, leur bouche amère et retombante les faisait ressembler à ces poissons, qui dans les aquariums des super marchés attendent, fatalistes, qu’on les sorte de l’eau, qu’on les abatte d’un salutaire coup de massue, et qu’enfin, ils ne voient plus rien.
La pluie avait cessé.
Pour qu’ils décrochent de leur univers étriqué, et viennent encaisser la consommation, j’ai dû les appeler avec insistance.
C’est la femelle du poisson qui s’est enfin approchée. Elle boitait. Son pied droit prisonnier d’une triste chaussure orthopédique devait être la cause masochiste qui la faisait se déplacer. Son mâle de mari pouvait ainsi culpabiliser à loisir et lui offrir toutes les mesquines raisons de sa rancune pour lui, jusqu’à ce qu’elle gâche volontairement la soupe épaisse du soir et lui cache ses fromagères charentaises. Le chien, avachi près du comptoir était à coup sûr le seul lien entre ces malades de la médiocrité. Il devait, pendant le dîner, se traîner de l’un à l’autre, renifler à chaque bout de la toile cirée et quémander du rab. Malheureusement, les infâmes croquettes dont il était gavé ne lui apportaient qu’une chute de poils et une mauvaise haleine égale au pestilentiel débit verbal de ses patrons. D’un ordre sans appel, ses chers maîtres devaient le renvoyer à sa paillasse saturée de puces, où à l'ordinaire, il reposait ses pattes arrière couvertes d’escarres, ainsi que ses pauvres os ankylosés de ne jamais courir : « Attaque ! Attaque ! Malheureux gardien ! C’est bien eux qu’il faut bouffer ! » De la carne bien indigeste certes, mais quel bonheur de remercier un chien qui a débarrassé la France de deux salauds.
Quand elle fut devant moi, la cafetière m’impressionna. Son masque tragique me fit entrevoir l’image de la mort et de la haine.
J’ai payé.
Je suis sorti très vite.
Urgence d’oublier.
Un jeune black, démarche dégingandée et bonnet rouge sur le crâne, m’a dévisagé en me croisant. Il sentait la vanille et le plaisir.
J’ai souri à ce charmant commandant « Costaud », tranquille et rassurant, puis apaisé, je me suis mis en route.
Derrière la vitre de l’aquarium, les « poissons-cafetiers » devaient me suivre de leurs yeux chassieux. Le beau jeune homme noir avait dû faire monter à leur bouche de piranha, l’acidité des rancœurs.




Voir les commentaires

J’ai trop de travail ces jours-ci pour écrire davantage, mais ce ne n’est pas l’envie qui manque (tant d’événements dramatiques ou cocasses me parviennent)…
Pourtant ce matin je suis obligé de revenir sur cette histoire dont on nous rebat les oreilles depuis hier… Le fils d’un scientifique aurait profité d’une étude pratiquée sur la momie de Ramsès II pour dérober quelques-uns de ses cheveux et plus tard, les mettre en vente sur Internet… Je trouve ça hallucinant et révélateur de notre société. Chacun y va de ses astuces pour se faire un peu de blé. Personnellement, je voudrais connaître le fou qui aimerait posséder les cheveux de ce malheureux patriarche de tant de siècles ? Un fétichiste ? Quoi qu'il en soit, je plains ce pauvre Ramsès dont le tombeau fut pillé et dont le corps est exposé aux yeux de tous dans un musée. Devant la bêtise des hommes qui perdure, il a dû se retourner dans ses bandelettes avant de s’arracher les derniers cheveux qui lui restaient sur le crâne…
Un de ces jours, on finira bien par trouver un poil de cul de Cléopâtre sur e-Bay…
Quelle misère!

Bon, que tout ça ne nous fasse pas oublier la journée mondiale de lutte contre le sida.
Soyons attentifs et généreux.



Tableau prémonitoire datant de 1999, où l’on peut voir ma momie qui, à l’époque, semblait déjà rechercher un quelconque voleur… À mieux considérer son allure vigoureuse, seule sa virilité devait être convoitée…
Après les poils de Ramsès, le cigare du pharaon.

Voir les commentaires

Une pensée pour Clara et Quentin, ces deux enfants noirs, adoptés par une famille installée en Alsace, victimes de l’atrocité du racisme.
Je suis révolté et ne peux même pas m’exprimer sur le sujet. Pas maintenant. J’ai besoin de digérer tout ça.
Aujourd’hui, je ne pense qu’à ces enfants, sortis de toutes les frayeurs vécues dans leur pays d’origine, et qui se voient confrontés une fois de plus à la cruauté de certains adultes et de leurs progénitures « dans un pays où les mots liberté, égalité, fraternité sont la devise de la république », comme dit si bien le jeune Quentin.


J'ai réalisé ces toiles en 98...


... je vois avec tristesse...



...qu'elles sont toujours d'actualité !

.../ Je pense parfois à ces phrases creuses qui parlent du droit du sol et du droit du sang, même si j’adhère à l’idée du droit du sol. Ces phrases réductrices n’évoquent jamais la nécessité de se fondre dans l’unité planétaire. Nous savons bien pourtant que nous sommes, tous ensemble, sur cette petite galère bleue à naviguer sur l'océan noir du vide. /...

In " Bou Kornine" © Michel Giliberti (Editions bonobo - 2004)


Voir les commentaires

Sidi Bou Saïd... encore. © Giliberti / 2006

J'écoute Souad Massi et je pars dans un univers soyeux qui me rappelle combien nous vivons souvent à l'ombre de nos émotions, à ne presque jamais les interpeller comme si elles risquaient de nous dévoiler et nous compromettre.
De toutes les choses saisissables, l'émotion est souvent celle qui nous empêche, celle qui nous prive.
Je rêve pourtant de m'allonger à l'ombre de murs sable et d'épier la tendresse qui s'y glisserait.
Les clameurs de la mer seraient tout autant de douceur et gouverneraient mes gestes si souvent arrêtés aux sens.
J'incendierais quelques lampes sur la terrasse en fin d'après-midi, déposerais des fruits dans les coupes et respirerais le jasmin qui commencerait d'emprisonner mes rêves.
Il y a des soirs, comme ce soir, où m'oublier serait la délivrance la plus subtile, la plus neuve.
Elle briserait le masque que je porte depuis tant d'années et qui m'empêche de regarder
ma dissidence, comme un éxil dans le bonheur.
Oui, Souad Massi m'emporte une fois de plus dans un ailleurs qui est mien ; si proche d'être le nôtre.
Denya wezmen (C'est la vie) (album : mesk elil)

La maison © Giliberti / 2006

Voir les commentaires

Samedi après-midi, à Paris, j’étais assis à la terrasse d’un café dans le sixième, à quelques mètres de la galerie où mes toiles sont exposées. J’avais rendez-vous avec Hamid, mon galeriste et j’étais un peu en avance.
Perdu dans mes pensées, je regardais la foule déambuler au carrefour de la rue Mazarine, de la rue St André des Arts et de celle de Bussy.
Je pensais à mon arrivée à Paris en 1968. Il était 3 heures du matin. J’avais fait du stop toute la journée depuis Toulon, et voilà… Sous une pluie fine, on me livrait comme un paquet au pied du lion de Denfert-Rochereau. Dès le lendemain, Saint-Germain me happa.

Je me revoyais dans ce quartier, à dix-huit ans.

Il y traînait encore le parfum sulfureux de mai… Des  slogans d’étudiants se lisaient sur les murs et des pavés en petits tas trônaient toujours sur les trottoirs. Je crois même qu’il y avait une carcasse de voiture calcinée vers la Sorbonne.
Tout m’éblouissait, tout m’enthousiasmait. Je n’avais pas un rond en poche, mais des rêves plein la tête.
Saint-Germain devint très vite mon quartier favori. J’y traînais avec ma guitare et je faisais la manche de temps à autre en poussant la chanson dans des restaurants ou devant les cinémas où les files des spectateurs attendaient de rentrer. On y sentait encore ce petit air existentialiste qui avait tant imprégné le 6 ème à l’époque de Sartre, Simone de Beauvoir, Juliette Gréco, Boris Vian et tant d’autres.
Que de fois j’ai crevé de faim et que de fois je suis parvenu à me rassasier d’autre chose que de « bouffe ». Je parvenais à lire de-ci de-là, à rencontrer des gens intéressants… Bref, je me suis fait, comme on dit.

Oui, samedi après-midi, à Saint-Germain, je regardais ce carrefour, mais avec le ventre apaisé, cette fois-ci…
Il m’est difficile d’expliquer ce que je ressentais, car, à tant avoir eu faim et tant avoir eu froid dans ces lieux, j’en ai gardé les stigmates… Il suffit d’un courant d’air, d’une pluie fine et glaciale ou d’un vent inattendu pour que je panique. Je crois toujours que je n’ai pas où dormir, pas à manger… Chaque fois c’est pareil. Il me faut plus d’une demi-heure pour me calmer et me dire que c’est fini, que je n’ai pas de problème, que le temps d’arriver chez moi, je retrouverai la chaleur et le confort.
Oui, samedi après midi, je regardais ce quartier et je prenais la mesure du temps qui passe avec douceur, mais aussi avec une certaine usure dans le cœur, une amertume, et un peu de détachement des choses de la vie.
Et dire qu’à l’époque, j’aurais tout donné pour boire en toute tranquillité un pot dans un de ces bars et mon rêve absolu était d’habiter la rue de Bucy…
Je n’y suis jamais parvenu et pourtant, savoir que je suis exposé rue Mazarine en permanence, à deux pas du marché de Bucy me donne parfois l’impression que tout compte fait, j’y suis un peu installé. Alors, je me suis attaché à cette dernière pensée pour avoir le courage de payer ma consommation, me lever et me diriger vers la galerie en évitant d’être bousculé par une bande de jeunes qui n’avaient ni froid, ni faim et qui ne m’ont pas vu. Saint-Germain est si bourgeois désormais…
J’en entendis un, le portable collé à l’oreille, dire : « Putain, j’m’fais iech… grave. En fait, demain je pars à Honfleur avec ma reum… Grave, j’te dis pas ! Je kiffe pas son mec ».
J’ai souri et ça m’a remonté le moral…
Allez ! j’avais encore quelques belles années de jeunesse devant moi à ne pas me faire chier grave... et à me passionner de tout.





Voir les commentaires

Le blog de Michel Giliberti

Mon travail d'artiste peintre, auteur et photographe...

Liens

Hébergé par Overblog