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Le blog de Michel Giliberti

Franck, mon modèle, venait de perdre Tania, sa jeune amie de vingt ans, emportée en trois mois par un cancer.
Il était désespéré et venait souvent à la maison me parler d’elle et tenter d’exorciser son chagrin.
Je me souviens que nous écoutions Wasis Diop à longueur d’après-midi.
Je le regardais me parler de la mort, du suicide.
Il pleurait dans mes bras.
Dans ces moments-là, nous étions très proches.
Éprouvé par sa douleur et en souvenir de ces longs après-midi, je le peignis un peu plus tard en projetant son suicide qui fort heureusement n’eut pas lieu.
Je voulais que Franck soit sans fards, seul, nu, avec son suicide au bout des doigts et une lettre d’adieu qui affirmait qu’il n’était pas si grave de quitter ce monde dès lors qu’on le désirait.



Ce n’est pas si dur,
Juste un royaume qu'on déserte...
Les bouffons demeurent,
Armés de vie
Devant vos bouches vides
Et vos paupières d’encre.
Ils sauront vite
Vous faire m’oublier.


© Giliberti (texte de la lettre sur le tableau)



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Une fois n’est pas coutume….
Ce christ que j’ai peint voilà bien des années, me semble tout indiqué pour vous souhaiter un joyeux noël… Il y a du pain, du vin, du divin… il ne manque que les huîtres et le foie gras !



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Hier soir, je suis passé chez Leclerc faire quelques courses pour renflouer mon frigo et j’avais totalement oublié que c’était la veille du réveillon de Noël. Je me suis vu embarqué au milieu de centaines de caddys surchargées et je n’ai pu que me laisser emporter au milieu de cette flotte de vaisseaux en perdition…
Je ne sais pas si c’est parce que j’avais le moral dans les chaussettes, mais cette effervescence m’a paru d’une tristesse effarante. Tout le monde se jetait sur tout ce qui se mange comme si la guerre était déclarée. En plus, cette année, Leclerc n’a pas oublié de jouer la carte de l’originalité et au milieu des dindes, chapons, et autres malheureux condamnés à mort, il y avait de l’antilope pour la note exotique ; quelque chose comme la « dégustation positive » et « l’immigration choisie ».
Et si les enfants arboraient des visages radieux au milieu de ce tohu-bohu de grandes surfaces, les adultes ne cachaient pas leur amertume ou alors, ils trichaient bien. La fête n’a jamais gommé le désarroi.
Jamais je n’ai vu autant de commissures affaissées, de teint cireux, de cheveux ternes. Les bouteilles de vin s’empilaient, les bourriches d’huîtres s’entassaient, les foies gras cirrhosés des oies et des canards s’aplatissaient les uns contre les autres, mais la joie, la vraie, celle qui grandit les cœurs et les esprits m’a paru bel et bien en exil…
Il y avait dans les yeux de chacun toute l’angoissante réalité du quotidien.
Un quotidien où se mêle la peur du lendemain, la peur des délocalisations, la peur des patrons qui se tirent avec l’oseille, la peur du chômage, la peur indicible d’un danger qui nous guète, d’un danger pire que tous ceux que l’humanité a déjà encaissés… Une peur de la fin, en somme !
Pas un jour sans catastrophe, pas un jour sans menace, pas un jour sans une nouvelle loi qui mutile un peu plus notre liberté et nos rêves.
Pour bien accentuer ma descente aux enfers, les caissières et les vendeurs étaient affublés d’un malheureux chapeau de père Noël dont la boule en coton au bout de la pointe rouge battait sur leur joue sans couleur, comme une vieille persienne sur un mur désolé ; un chapeau de père Noël pour bien insister sur la fête obligatoire.
Je connais ces caissières, certaines sont même devenues de vraies copines avec le temps et je peux assurer qu’elles se seraient bien passées – en plus d’être mal payées – d’être ridicule.
On doit faire rire avec les pauvres !
Pour tenter d’adoucir ma vision, je me suis borné dans la file d’attente aux caisses, à regarder une fois de plus les enfants pour qui la fête existe encore et qui croient que le père noël est riche, puisque grâce à Leclerc qui donne « le pouvoir d’achat »… papa et maman peuvent « acheter les jouets en décembre et les régler en janvier »…
Elle est pas belle la vie ?…


J’avais décidé de vous amuser avec Noël, mais ce soir, Noël me fait gerber.

Bon réveillon à tous… quand même !

En fête… seules les dindes sont heureuses, assurées d’être fourrées !


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Je suis de retour et pour vous souhaiter de bonnes fêtes de fin d’années, je vous envoie (bien que je sois athée) la symbolique d’un de mes derniers tableaux...


... ses illusions et ses espoirs.



Dieu, Diable et Sainte Histoire
Ont toujours su bien m’ennuyer
Mais quand aux soirs de belle attache
Entre fumée et draps froissés
Entre douleur et faim de nous
Tu m’ensorcelles jusqu’à l’aurore,
Me vient en tête et c’est stupide
L’envie de dire à ton oreille
Tu es mon dieu, tu es mon diable

 © Giliberti

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Demain, je pars quelques jours dans le sud retrouver ma vieille mère qui se languit de moi.
Avant le voyage, je laisse une peinture de Mohamed au fond de sa cour à Salammbô ; avec lui, les traces habituelles de mon inquiétude face à un monde de plus en plus difficile.
Bientôt je mettrai en ligne mon site qui est presque terminé.
J’espère qu’il sera réussi.
Je voudrais aussi (beaucoup de mes amis me le demandent) expliquer ma technique, tenter même de poster tous les deux jours une photo d’un tableau en chantier pour montrer sa progression. Ou plus simplement, les images de l’élaboration d’un tableau étape par étape sous forme d’une animation.
Je vais réfléchir à tout ça pour que ce ne soit pas pesant et plutôt ludique et en même temps didactique.

@ bientôt,

Michel.



Le monde est-il ce doux rivage
Ou bien ce lac où rien ne vit ?
Pouvons-nous dire que l’homme rit
Ou bien qu’un doigt pointe sur lui ?

Le monde est-il ce dieu bien sage
Ou cet enfant qui meurt ici ?
Peux-tu me dire toi qui souris
Si les aveugles oublient la nuit ?

Le monde est-il ce paysage
Ou ce mendiant qui nous supplie ?
Peut-on combattre ce délit
Ou accepter la main qui crie ?

Le monde est-il cette belle image
Ou bien ces guerres et ces tueries ?
Les ramasseurs d’oiseaux sans vie
Flattent leur chien d’un air ravi.

Le monde a-t-il autant de rage
Pour envoyer l’homme qui rit
D’un pieux Massoud dans son pays
Et par la poudre prendre sa vie ?

Le monde est-il ce grand partage
Autoritaire dans ses conflits
Si démoniaque sous l’humble habit
En face à face qui nous détruit ?

Je ne sais rien…
Je me contente…
De tes yeux tristes, qui s’attablent
Au festin mort de mes idées
Qui se lamentent depuis nocturne
Jusqu’à l’aurore mauve et frileuse
Et puis s’en vont sur les terrasses
Perdre le nord face au plein sud.

© Giliberti In "voyage secret IV"
 

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Hier soir, j’ai regardé « Entretien avec un vampire », le film de Neil Jordan, avec Brad Pitt et Tom Cruise.
Je l’avais déjà vu deux fois, mais s’il devait repasser, je le regarderais encore.
À sa sortie, ce film m’avait ébloui par sa mise en scène, la magnificence de ses couleurs, son côté baroque, voire gothique, son humour aussi, et bien sûr, la beauté des deux vampires terriblement humains et empêtrés dans l’ambiguïté de leurs sentiments.
Finis les clichés, les crocs démesurés, le château au sommet d’une montagne, les gousses d'ail, les crucifix et les pieux dans le coeur. Dans ce film, tout scintille comme l’or près des flammes d’une cheminée. Tout est chatoyant, moiré, recherché, secret, du moindre verre de cristal empli d’un sang poisseux, jusqu’aux soieries et la peau diaphane des deux héros que de fins vaisseaux bleutés traversent.
Ce qui m’a toujours séduit dans cette fable tirée du roman d’Anne Rice, c’est qu’elle aborde la difficulté d’être vampire, la condition de leur survie dans ce qui est pourtant l’immortalité. Chacun de ces deux monstres garde au fond de lui, les vieux fantômes de ce qu’il était autrefois, avant qu’il franchisse le pas vers une éternité chaotique.
Alors, j’ai eu envie de peindre des vampires et c’est ainsi que naquirent quatre tableaux et les quelques textes un peu échevelés qu’ils m’inspirèrent.




Je rêve du sang, dont la robe digne des crus les plus grands et les plus sombres fardera mes lèvres si pâles.
Je rêve du sang qui dans mes nuits damnées, me fera chavirer au creux des soies rares et des grenats paresseux.
Et si dans ma grande soif, j’oublie certains autres sangs qui mettraient fin à mon éternité, je les boirai quand même à l'aube d'une nuit, car tous affluent aux battements mauves et précipités des gorges tièdes
et désirées.
© Giliberti




As-tu reconnu la peur
Quand mes lèvres sèches
Ont embrasé ton cou ?
As-tu senti ma morsure
Qui délivrait ta veine
Pour étancher ma soif ?
Réponds sans hésiter.
N’appréciais-tu pas plutôt,
Le souffle froid au fond de ta gorge
Et l’éternité qu’il t’apportait ?

©Giliberti


À l’usure de mes sens
J’ai l’envie d’un aveu
Que j’avoue peu enviable
Mais j’ai faim de ton sang
Quand enfin je te sens.

© Giliberti



Que ton sang est beau !
Que l’éternité le ceint !
J’ai place dans tes veines
Comme je perce ta peau.
Mourir ne te fera pas d’ombre.
Tu régneras,
Diaphane et fatigué
Dans le gris mauve
De mes aurores.

© Giliberti

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Lorsqu’on étudie aux rayons X les tableaux de peintres anciens ou même contemporains, on s’aperçoit souvent que l’oeuvre a subi quelques transformations en chemin. Tel bras change de mouvement, tel profil disparaît, une paupière se ferme, etc. On appelle cela un « repentir ».
Ce mot a pour moi une connotation religieuse qui me déplait : il donne à croire que le peintre aurait regretté son geste de façon tragique et culpabilisante. Bien au contraire, ce fameux « repentir » doit être interprété comme simple plaisir d’améliorer, de grandir son travail et non de battre sa coulpe sous prétexte d’une faute quelconque.
Voici, pour illustrer mon propos, un de mes tableaux qui a subi une transformation.
« Les rêves brûlés »
Je venais de rencontrer Franck. C’était en 1987. Il presque dix-huit ans 18 ans. J’ignorais alors qu’il serait mon modèle pendant plus de quinze ans.
Il était timide, moi aussi (comme d’habitude), je ne savais par où commencer, quelle pose lui faire prendre ? Bref, je choisis d’aller au plus court (ce que je n’ose plus du tout maintenant) : il serait nu et pour être plus à l’aise, assis par terre.
L’alchimie fut si parfaite que je décidai dans l’instant que je créerais autour de « lui » et de son corps, un univers tourmenté qui correspondait à l’idée que je me faisais de sa nature.
Mon souci se bornait à lui faire plaisir, le rendre heureux, et qu’il oublie un peu sa vie assez terne à cette époque.
Un mois et demi après, je terminais cette grande toile ; Franck était fou de joie, et il amenait presque tous les jours un ami à l’atelier pour lui montrer « sa » toile.

Un peu plus tard je l’exposais au Salon des Indépendants.

 

À l’inauguration du salon, j’arrivai tranquille et je partis à la recherche de mon tableau sans savoir où il se trouvait car, à mon habitude, je n’avais consulté aucun des panneaux qui précisaient les emplacements réservés aux peintres.
Je marchais au hasard quand, au détour d’une allée, je vis un attroupement devant un tableau. Tant bien que mal, je parvins à m’approcher de l’œuvre exposée et là, surprise ! Il s’agissait de la mienne.
Allez savoir pourquoi, cette dernière me parut d’un « dénuement » terrible, cru, et surtout très éloignée de ce que j’aurais pu en tirer. J’avais l’impression d’être moi-même mis à nu, devant tous ces gens qui commentaient mon travail – dans ce cas là, je ne dis jamais que je suis l’auteur, pour mieux écouter leurs critiques.
Loin de mes considérations, la toile obtint un énorme succès et me permit d’être invité à d’autres salons.
J’aurais pu me satisfaire et me contenter d’une telle reconnaissance, mais je restais contrarié par « ma » rencontre avec la toile et le malaise qu’elle avait distillé en moi. Je ne pouvais m’empêcher d’attribuer l’engouement qu’elle suscitait à la seule nudité de mon modèle, engouement facile et prévisible, tout compte fait. J’étais convaincu que personne n’avait été sensible à la composition dépouillée mais complexe de ce tableau, au difficile raccourci de la jambe, au choix des couleurs, à la désolation du regard de mon modèle, tout me semblait avoir été occulté par l’anatomie, grandeur nature, de Franck.
De retour chez moi, je mis cette toile en quarantaine, jusqu’au jour où je dus préparer un nouveau salon à Paris. Je me demandais s’il ne fallait pas la représenter parmi d'autres plus récentes, mais avec le « plus » que je n’avais pas exploité.
Je ressortis l’encombrant tableau, l’installai sur mon chevalet et, assis devant lui, je le fixai pendant plus d’une heure en écoutant de la musique. Tout à coup et comme en transe, j’ai bondi hors de mon siége et me suis mis à transformer le tableau en oubliant de boire et de manger. Finalement, je lui ai donné le côté fantastique (j’aimais beaucoup ça à l’époque) et assez hermétique qui le caractérise désormais. Les deux jours suivants, j’ai peaufiné mon travail et quand tout fut fini, j’exultai.
Nul repentir dans ma tête… non ! Juste le simple bonheur d’avoir dépassé la première aventure avec Frank, celle que j’avais mise en place pour qu’il se reconnaisse, prenne conscience de son corps et qu’il continue de poser pour moi.
Je ne m’étais pas assez fait plaisir.

J’ignore si le tableau a gagné à être tant transformé. Certains ont déploré que je contrarie et masque une si belle nudité, mais le goût des autres est si fluctuant…
Moi, j’étais heureux et satisfait.
Aussitôt exposé, le tableau trouva acquéreur. Mon repentir était récompensé.


Encore un « repentir ».


La première version de ce tableau devait servir la couverture d’un de mes romans « Derrière les portes bleues », qui racontait la difficile rencontre entre un jeune rappeur, Tarek, et Jeremy, un chanteur génial et alcoolique qui vivait mal une fin de carrière. À la dernière minute, pour des raisons personnelles, j’ai trouvé qu’Hicham, un de mes modèles, ne correspondait pas assez au personnage de Tarek. Du même coup, j’ai eu envie de m’amuser avec ce tableau qui n’avait plus de raison d’être, et comme j’ai toujours aimé l’habit traditionnel des nomades du désert, j’ai eu envie de transformer Hicham même si j’ai pris une grande liberté avec l’authenticité et la mise en place de la coiffe autour de son visage que j’ai vieilli pour la circonstance.
Voilà le cas d’un repentir parti d’une irrésistible envie de m’amuser.
Ici, j’ai même changé le titre "Drague" en "Voyage".

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De l'étude...



...au tableau.


Un long voyage !

Je pars avec des bagages dont certains restent sur la route et j’en cherche d’autres pour continuer le voyage.

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Pas de désir d'alcool
Au fond de ton alcôve
Quand, d'errance en dérives,
Tu décolles et me rives
À ton rôle et tes râles
Dans tes nuits de plein jour.

Pas de désir d'alcool
Quand, tes yeux de soie noire
Sans dévier se déversent
Dans les miens et devinent
Qu'ils me saoulent en silence
D'une ivresse sans vertige.

© Giliberti



Tresac / Castré.

Si dans la nuit je trinque
 
Aux douleurs ineffables
Aux fléaux et aux fuites,
C'est mon ennui qui boit
Qui boite et qui me nuit
De dépits en dépens.

Si dans la nuit je trinque
À la tragique alliance
De mes peurs et mes cris,
C'est sans doute un répit
Aux cent doutes qui m'épient
Et ravinent mes sens.

© Giliberti




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En octobre, j’avais évoqué les dérives de Pascal Sevran à propos du tourisme sexuel dans mon article « Sevran navrant ».
Il nous la rejoue en affirmant que l’Afrique mourra à cause de la « bite » (je cite), et qu’il faudrait stériliser la moitié de la planète.
Après avoir léché les bottes de Mitterrand et caressé Sarkosy, il finira bien par sucer Le Pen…
Je ne veux même pas m’étaler sur des propos aussi « cons ».
Cette fixation sur le membre africain est sans doute une forme de « Lape suce » !

Il y a quelque temps, j’ai réalisé une toile intitulée : « Not only this ».


À travers elle, je dénonce l’objet sexuel que représente l’homme noir pour certains.
J’ai volontairement mis en avant son sexe et n’ai gardé de son visage que la bouche outrageusement maquillée pour montrer le symbolisme sexuel qui fait abstraction de l’intelligence.
Le grand visage du personnage en arrière-plan, au maquillage rituel cette fois, évoque la culture ancestrale qu’il ne faut pas occulter.


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Mon travail d'artiste peintre, auteur et photographe...

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