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Le blog de Michel Giliberti

Hier, j’attendais dans le hall de la gare d’Évreux l’arrivée de mon ami qui revenait de Paris.
Le hasard d’un siège d’accueil m’avait placé en face d’une femme d’une cinquantaine d’années et de sa fille qui devait en avoir la moitié.
Toutes les deux avaient l’air de bien s’entendre et, ensemble, elles décortiquaient passionnément un magazine « glamour » qui semblait regorger d’articles tous plus intelligents les uns que les autres.
La jeune fille mâchait un chewing-gum avec une élégance toute bovine et lâchait des « Oh » et des « Putain, qu’elle est belle ! » dès qu’au détour d’une page, apparaissait la silhouette d’une star botoxée, d’un mannequin ou d’une présidente chanteuse (spécificité française).
La mère qui jouait de ressemblance avec sa progéniture tentait de se faire passer pour sa soeur et pour s’en convaincre, portait le même jean moulant (avec quelques kilos supplémentaires qui obligeaient l’ouverture du premier bouton de sa braguette), les mêmes breloques aux bras et aux oreilles, le même gloss outrancier sur les lèvres et elle mastiquait avec autant d’ostentation, doublant ainsi le très désagréable claquement de bulles d’air.
Bref, même QI.
Je ne pouvais pas m’empêcher de les observer... quand la fille arrêta brusquement la lecture du subtil ouvrage et regarda sa mère avec dans les yeux la lueur diffuse de cette culture « people » dont son cerveau était baigné.
– Francis, y veut que j’ m’ refais les seins, souffla-t-elle en se grattant la cuisse avec la délicatesse d’un chien bourré de tics.
La mère s’arrêta de mastiquer et, tandis que son profond regard se bloqua sur quelques funestes visions mammaires, sa mâchoire resta décrochée.
Sa bouche forma quelques « U » d’inquiétude puis quelques « O» de stupéfaction ; le sujet était grave et méritait bien que la fonction buccale émette quelques signaux alphabétiques essentiels qui personnellement me libérèrent du délicieux bruit de mastication en stéréo.
La réponse ne tarda pas, cependant.
– T’es folle ?… Refaire tes seins… Franchement, à ton âge !
– Ben ouais… Francis, y kiffe les gros seins… y dit qu’ les miens, c’est des poires !
– Mais il est fou… tu sais combien ça coûte ?
– J’ sais pas, 4000, 5000 euros… un truc comme ça, genre !
– Et où tu veux que j’ trouve cette somme ?
– Mais c’est Francis qui paye… qu’est-ce tu t’imagines !
La mère recommença à faire claquer son chewing-gum, replongea ses yeux dans le magazine que sa fille feuilletait à nouveau de ses doigts épais et courts qu’un vernis noir pailleté raccourcissait davantage.
– Putain… C’est pas ton père qui me f’rait un tel cadeau, pourtant les miens c’est des vrais gants de toilette, conclut la mère tandis qu’elle plissait les yeux pour mieux regarder Monica Belluci qui, la poitrine arrogante et le visage photoshopé à mort, s’étalait en double page…

Quelle intox ! Quelle misère !

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L’été se fait bien trop attendre, aussi, je prends un peu d’avance sur les vacances où, si tout va bien, je devrais me retrouver avec mon compagnon, derrière cette fenêtre, comme Jihad (le fils de mon amie tunisienne) qui, ce jour-là, posait sagement pour moi, en plein midi, en plein soleil, en plein Sidi Bou Saïd.


Si toutes les choses de l’existence étaient aussi simples que ça… une fenêtre bleue, un mur blanc, du bougainvillier rouge et un sourire... Une certaine idée du bonheur et de l’oubli.

Bleu, blanc, rouge ça me rappelle quelque chose.







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L'ardeur n'est pas tout et ses nuits, pas davantage.
Mais un sourire, mais des yeux aux frontières des actes sont souvent plus chauds et plus noirs que toutes les alcôves.
Faut-il penser que si peu remplacerait l’intime ?


Moi qui vis des ailleurs improbables et respire l'impossible, je n'attends rien des éloges de l'oubli, rien des blâmes de la mémoire, moins encore de l'absurde d'un futur.
J'écoute simplement mon instinct qui sait se contenter du plongeon dans l’eau fraîche d’un regard et s’en éclabousser.

L’odeur des petits matins et la sueur des longues nuits sont tant de fois des entractes incertains dans des chambres imprécises
... des entractes qui vous brisent le coeur avant même la reprise du spectacle.
Des vaisseaux étroits pour voyages bien trop grands.
Des souvenirs finis, des ébauches de rien... 


Alors,  sur mon pont des arts, nul besoin de guetter l'horizon.
Nul besoin de s'attacher les heures.

C'est assez d'avoir eu l’arc de ses lèvres et la flèche du temps au cadran de son bras.

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Courir avec effroi
La distance qu’il nous reste
Et se dire que peut-être
Ce chemin nous emmène
Aux tambours et aux cloches…

Le baiser de la mort
Est sans doute celui
Qu’on ne veut pas connaître
Mais il est le plus sûr
Et le plus éternel.


 © Giliberti / 2008







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Nos enfants, nés d’un séisme de l’amour, méritent encore, une fois grandis, quelques répliques, quelques irruptions volcaniques de notre amour.
Sur cette bille bleue qui nous supporte dans l’univers, être de ceux qui la feront tourner longtemps mérite toute notre attention.
Il faut bien rire de leurs écarts d’adolescents qui nous surprennent et ne jamais fermer nos portes sur l’ouverture maladroite.
Ce garçon, cette fille, ces hommes de demain sauront tant faire si dès maintenant nous les aimons.
Moi, qui ai tant connu, tant aimé… enfants des autres, enfants d’ailleurs que j’ai faits miens, j’ai pour leurs démesures tout le recul nécessaire et toute la bienveillance.
Rires et sourires, larmes et peurs, tout ce qui vient d’eux doit nous parler et si leurs mots parfois nous bloquent, qu’est-ce à changer un peu des nôtres ?
Riches de leurs utopies dans nos grands lits de suffisance, ne serait-ce pas là, la tendre paix pour s'en aller vers un ailleurs dont nul ne revient ?
Toutes nos misères s'envoleraient à cet instant…
Et maintenant… à la moisson des grands échanges, faisons comme le coquelicot au creux des blés si blonds, tâche d’amour, rouge éternel, le sang de nos labours pour récolter tout le bonheur des hommes.


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le-seuil-II 9Les yeux fermés, abandonné et détendu, il somnolait sous le soleil.
Le seuil de la maison s’enorgueillissait d’un tel présent. De tous les signes les plus forts, ce fier repos signait notre amitié née du hasard d'un voisinage.
Un pas, et je rentrais dans le salon, mais un pas aurait défait cette harmonie.
Alors, sur le trottoir, j'ai attendu que  ses yeux s’ouvrent et me sourient.
Oui, j’étais chez moi, mais il était chez lui. Ça méritait quelque attention.
Devant sa sensuelle paresse, l’impatience aurait été si détestable.
Alors, à bien flairer cet équilibre, j'ai respiré le grand parfum, celui des hommes qui peuvent encore, qui doivent toujours… 

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Comme promis, voici un petit diaporama du Centième nom. Je remercie le photographe Richard Zeboulon de m'avoir envoyé ces photos prises en direct lors de la première.



Je souhaite bonne chance et belle continuité à Ahmed Alimi et à Lionel Heches, et je remercie une fois de plus toute l'équipe qui a su mettre en lumière, en musique et en décors ce petit bout de moi qui me tenait à coeur et que Jean-Pierre Terracol, le metteur en scène, a su si bien traduire.





















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Je suis de retour de Bordeaux.
La gentillesse de ses habitants m’a séduit tout comme la grandiose beauté de son incomparable architecture.
J’ai passé là-bas de bien délicieux moments et de belles émotions en compagnie de tous ceux qui ont permis à ma pièce de se jouer.
Émotions toujours quand j’ai rencontré Maryse que je ne connaissais que par les fleurs et les poésies de son blog et par nos mots et mails échangés, émotion d'un bouquet de roses envoyé par Mel.
Le thème de la pièce a interpellé les spectateurs. Le jeu des acteurs, le décor, la mise en scène la musique ont séduit tout le monde. Qu’avais-je à demander de plus ?
C’est donc à regret que j’ai quitté l’équipe tout entière du Théâtre La lucarne qui m’a permis de vivre ces beaux et forts moments d’amitié. Je reviendrai certainement à Bordeaux pour la dernière représentation le 21 juin.

Dès que je récupérerai des photos de ce spectacle (je n'en ai pris aucune personnellement) , je tenterai d’en faire un petit diaporama.






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Omar Faruk Tekbilek / One truth (1999) / I Love You


     Encore un peu de mon actualité... après promis, je m'arrête.
Je serai sur place à Bordeaux pour asister à la Première, ainsi qu'à la réprésentaion du lendemain soir. Entre temps les vins de Bordeaux auront toute ma gratitude...

Photo / Richard Zeboulon

U
n soir de grande chaleur, quelque part en Israël...

Deux garçons du même âge se rencontrent par hasard. Chacun est réfugié dans sa douleur quotidienne, son errance et sa peur du lendemain.
L'un est Palestinien, l'autre Israélien.
Tout ce qui les différencie, tout ce qui les oppose est prétexte à nouer un dialogue imprévu, parfois dur, parfois tendre, à la lisière de la détresse, mais toujours proche de la concorde, de l'amitié des hommes... du désir.
Une trève pour l'intégration.
Un répit dans la fatalité.

Voici quelques photos du spectacle aux dernières répétitions... Bonne chance à toi, Ahmed Alami, bonne chance à toi, Lionel Heches et bonne chance à toi, Jean-Pierre Terracol et tous mes remerciements.


Jehad, le Paslestinien


Jehad sur les lieux où son jeune frère a été tué.

Jehad et David, l'Israélien... la rencontre.


Jehad et David... La réconciliation ?

Extrait:

David.
... tu vois nos dirigeants n'ont pas su nous unir dans la joie, mais ils auront bien su nous balancer la même peine... la même poussière à avaler... la même douleur dans nos regards. Nous sommes des victimes... Le monde est fait de victimes ou d'esclaves, comme tu veux... Nous sommes tellement manipulés.
Jihad .
Dommage que tu ne sois pas mon frère.
David.
Mais, je le suis Jihad... en tout cas, nous l'avons été... Nous sommes un...
© éditions Bonobo / 2003


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Est-ce à dire qu’il existe des lieux où la mémoire exerce ?
Oui, assurément... des lieux tendres où les bleus se confondent à la mer, où les chants des sirènes sont peut-être plus rauques qu’en Égée.

Tu t’en vins bien armé pour séduire les idiots, et l’idiot s'en ravit.

Est-ce à dire qu’il existe des soleils où la peau se consume ?
Oui assurément... des soleils où l’étreinte et les mots perpétuent les chimères, où les notes de musiques sont peut-être plus amènes qu’ici.

Tu t’en vins bien armé pour brusquer les idiots et l’idiot te sourit.

Est-ce à dire qu’il existe des mots où le sens vous échappe ?
Oui assurément... des mots doux que refuse la mémoire, là où siège l’alerte qui peut faire d’un regard le plus dur des repaires.

Tu t’en vins bien armé pour cueillir les idiots, et l’idiot te servit.

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Le blog de Michel Giliberti

Mon travail d'artiste peintre, auteur et photographe...

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