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Le blog de Michel Giliberti



La nuit, quand il me faut abandonner l’errance du jour, viennent me rendre visite des combinaisons barbares et créatrices.
Depuis longtemps, j’ai appris à ne plus m'en formaliser ; je ne m’encombre plus de politesse à leur égard, et parfois même j’en manque.
Je sais qu’elles sont issues du métissage de mes pensées, de mes contradictions. C’est ainsi que de ces rendez-vous naissent des parenthèses entre abîmes et sommets, entre rires et pleurs, entre fulgurances et pannes sèches.
Puis le jour renaît.
L’errance reprend ses habitudes ; j’oublie mes rendez-vous de pleine nuit et nos relations un peu forcées et redeviens nomade… enfin ! Nomade, sur la trace d’une oasis qui calmerait de sa fraîcheur la fièvre habile qui m’incendie.

                               
Tu n’as rien vu de mes ailleurs
Tu n’as rien cru de mes là-bas.
Tes noires errances, ta cécité
  Ont eu raison de mes patiences.
J’ai frappé,
Hurlé, au calme de l’eau
J’ai maudit,
Supplié dans la poussière
Mais rien…
Tu refusais mes vastes routes
Je reculais dans tes sentiers.
De nos voyages impossibles
J’ai dû tirer un trait marine
 Et dire adieu à l’ocre ennui.

© Giliberti / 2007


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Une pensée émue pour Marie Simon Pierre, plus connue sous le nom de sœur de la vibration interrompue qui, privée d’attouchements et de va et viens intempestifs sur la haute autorité de Jean-Paul II, a définitivement perdu l’usage de ses tremblements salutaires aux plaisirs du Saint Homme…

Deo gratias !!!

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Tous les voyages doivent se rapprocher du langage. Les miens s’entretiennent souvent avec celui de l’enfance. Mon imaginaire est proche de ces années où j’avais des passions complices, voir charnelles, avec certains objets, certaines matières… où je faisais des voyages qui me parlaient… des voyages au bout du verre, des billes, des perles.
En plein soleil, sur la terrasse du cinéma l’Olympia, j'installais des objets en verre au fond d’une bassine d’eau et je plongeais ma tête dedans pour les regarder au plus près, dans un silence que j’imaginais être celui des fonds marins. J’y ajoutais des billes qui paraissaient plus grosses sous l’eau. Ces jeux égoïstes me comblaient plus que tout autre.


Je ne me suis jamais éloigné du verre. Il me suit comme une ombre transparente ; il est mon réconfort, mon appui fragile, mais aussi ma blessure. Je le peins, je le casse, il est matière à émotions.
Il coupe, il tranche, il caresse, il est « Vers »  il est « Ouvert » , il est vert, comme tes yeux bleus.
Mon père m’avait fabriqué un magnifique kaléidoscope et je ne comptais pas les heures passées à regarder les motifs saphir, rubis, émeraudes et topaze des petits tessons qui dansaient leur ronde géométrique dans la lumière du ciel tunisien.


Aujourd’hui, je continue de collectionner les objets en verre, pourvu qu’ils soient  ternis, abîmés par le temps ou par le flux et le reflux des vagues. C’est ainsi que je ramasse les bouts de verre usés trouvés au hasard de mes promenades sur les plages et que j'en rempli des bocaux ; mais j'aime par dessus tout engranger de massives perles africaines en pâte de verre ou en terre cuite, jusqu’aux œufs dépolis et grossiers à trois sous qu'on trouve dans les magasins. Il ne faut pas que ce soit cher, non simplement transparent, patiné, arrondi, caressant… juste à ma correspondance, juste à mon langage ; juste à mon voyage.


Tes blessures de toujours
S’arrêteront bien vite
Et les larmes de tes yeux
Comme des larmes de verre
Pourront vite se figer
D’un oubli cristalin.

© Giliberti / 2007

 
Comment résister à ces transparences...
Comment ne pas y voyager ...
Un peu de mes récoltes côtières...

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Arriver à Douz, c'est arriver aux portes du désert… Pas n’importe lequel, non… Le Sahara ! Avec toute la magie de ce nom que vous entendez depuis l’enfance. Le Sahara se trouve là, si près, à quelques enjambées. Oui, la route se termine ici... le sable, d'ailleurs, se faufile jusque dans les ruelles de la ville, menaçant... les habitants doivent se battre contre lui. C’est une résistance de tous les jours pour ne pas disparaître.

C’est à Douz, juste avant de partir sur cette mer de dunes qu’on sent l’odeur des dromadaires, qu'on entend le bruit incessant de leurs grincements de dents. Ils sont là, souvent susceptibles, regroupés en troupeaux comme le sont nos vaches dans les prairies normandes. Parmi tous ces dromadaires, il y en avait un qui ne pouvait pas me sentir. Sûrement lui rappelais-je quelqu’un de sa famille ; j’ai un caractère difficile, me dit-on…

Je suis arrivé en fin d’après-midi dans ces lieux étranges que les nomades animent, occupés à ravitailler leur caravane, quand le soleil commence sa lente descente à l'horizon, quand le soleil dore les visages de cet ambre si particulier qui illumine la peau de l’intérieur comme dans un tableau de Georges de La Tour.

Cette frontière, avant de quitter les repères du quotidien, est aussi le lieu des visages brûlés de soleil, des visages masqués d'indigo, le lieu des yeux noirs soulignés du kohol qui donne aux hommes un regard ambigu et profond, le lieu des sourires magnifiques, le lieu de tous les signes de l’Orient, de tous ses mystères.
Nous sommes sur les rives de la retenue, à la lisière des contes et des légendes, pour peu qu'on s'attache aux gestes et aux rites, loin des choses périssables de ce monde.


Il faut se taire, se confondre avec les autres, partager leurs actes cultuels et, une fois replongés dans nos vies ordinaires de « tant d’importance » qui nous avalent comme le sable avale Douz, s’en souvenir.
Se souvenir de là-bas, où l'air est jaune, où le vent souffle le soir, où le thé est brûlant, le geste retenu et le rire comme une offrande rare, là-bas où l’on apprend à se reconstruire, à se restituer... à être des hommes.

La source de mes désirs ne tarit pas
Autant que l’oued, dans ton dos
Ni l’usure
Ni la poussière
Pas même tes mensonges
Ne me feraient marcher sur d’autres terres
Ou respirer d’autres aurores.

© Giliberti / 2007

A l’ombre des murs sable
A l’abri du degré,
Quand le jet du thé
Chute sans fin
Je me dis
Je suis d’ici
Je suis d’ici.

© Giliberti / In voyage secret / 2007

Ce voyage
M’a emporté si loin…
Ta barque de papier
Ne m'a pas fait peur.

© Giliberti / 2007


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Les libertés
Dont on se glorifie
Ne sont ici
Que pour oublier
Les barbelés
Tressés à même la peau.

 © Giliberti / 2007


Sur les nouvelles terres
Aucun bâillon n’empêchera les cris.
S’y rendront
Toutes les errances
Toutes les audaces.
Nos semelles butteront sur les récifs
Et leurs téméraires lanières
Arrachées dans la chute
Libéreront
Les chevilles mercuriennes
Des enfants de demain.

© Giliberti / 2007




Mais je souffre déjà,
Quand tu gagnes si souvent
Et je reste immobile
À courir les jardins
Qui m’étouffent.

© Giliberti / 2007

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Tous ceux qui me connaissent savent que je sors très vite de mes gongs dès que je côtoie l’injustice et la médiocrité qui la caractérise.
Ainsi, hier, au BHV, alors que j’étais à une des caisses de ce magasin parisien pour régler des achats, une des caissières se lève brusquement en éructant : « Ah ! non, c’est pas possible ! je prends ma pose. Il est hors de question que j’m’occupe d’elle. Elle pue trop ! J’ai pas envie de dégueuler. »
Interloqué par l’agressivité extrême de ces propos, je me retourne et aperçois une malheureuse qui trimbalait une charrette de fortune avec tout son bric-à-brac sous du plastique.
Gênée par l’accueil qui venait de lui être fait, elle se retira aussitôt en quête d’une autre caisse.
L’outragée et arrogante caissière ajouta aussitôt : « C’est ça… qu’elle aille puer ailleurs, mais pas à ma caisse ».
Je n’ai pas pu me contenir.
– Hé oui Madame, commençais-je calmement en la fixant, et en articulant à voix haute, la misère pue… Ça vous étonne ?
La jeune femme me lança à son tour un regard terrible.
– Elle peut se laver, non ?
– Ce qu’elle peut faire, je m’en moque, je réponds simplement à votre insolence. Quoi que vous pensiez, vous auriez pu le dire avec plus de discrétion et de toute façon vous n’aviez qu’à vous taire, et encaisser cette femme. Vos états d’âme n’intéressent que vous !
– Vous n’êtes pas à ma place.
– Vous n’êtes pas à la place de cette femme non plus. Vous voyez bien que c’est une SDF… Vous vouliez qu’elle sente le Nº 5 de Chanel ?
– Elle n’a qu’à se laver.
– Vous ne savez rien de sa détresse… rien de ses conditions de vie.  Elle ne prend peut-être qu’une douche par semaine, et elle sent très vite parce que ses habits sont sales, parce que ce n’est pas facile, parce qu’il y a mille raisons pour qu’elle n’ait pu se laver… Elle peut être malade… Vous pouvez comprendre ça ?
– Si j’étais sale, j’irais pas empester les autres… J’irais me cacher plutôt.
– Vous saurez sans doute vous cacher pour voter, je suis rassuré…
La caissière le prit très mal.
– Qu’est-ce que vous insinuez ?
– Ce que vous avez compris.
– Je ne suis pas raciste.
– Le racisme est social, Madame, rien d’autre !
À ce moment, les clients ont commencé à manifester une véritable aversion pour l’agitateur que j’étais et qui leur faisait perdre certainement un temps précieux.
Inutile de vous préciser que c’est tout qui me pousse à continuer bien sûr.
J’ai repris ma carte bancaire, mon paquet, et au moment de partir, je les ai tous regardés avec dédain.
– Vous avez raison… Mettez-vous du côté de cette caissière, comme elle soyez aveugle à la misère et allez voter Le Pen, bande de connards !
Et puis je suis parti, satisfait et bien triste à la fois de constater à quel point nous devenons égoïstes et comme il est pratiquement impossible de se mettre à la place des très pauvres dans une société qui tend à faire croire que nous devons être au top pour exister.

Quelle misère !

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Libre l’eau de couler
La gorge d’engloutir
Mais de l’eau à la bouche
Que d’années avortées
Et que d’ailes arrachées
Que de coups assénés
De becs ensanglantés
Pour l’enfin… d’une si mince… verticalité.

© Giliberti / 2007



J’ignore la foudre que je mérite
J’ignore qui m’anéantira.
Je me contente de tes miettes
De ces secondes jetées à terre,
Du grand festin que tu allumes
Dans l'épaisseur de mes nuits blèmes.

 © Giliberti / 2007

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Quand ce tableau fut terminé, je l'ai appelé Horses, pour ne pas identifier d’emblée dans ma langue le malaise crée par le nom de cet animal à l’origine d'une blessure de l' enfance.
Même s’il ne s’agissait pas d'un cheval dans sa réalité, mais d’un simple jouet le représentant, il participa d’une angoisse qui survécut jusque dans le milieu des années 90.
Ce cheval  était métallique et brillant comme de l’argent. Sa selle se soulevait laissant entrevoir l’intérieur de ses flancs. De ce trou béant quatre autres trous, comme des cheminées plongeaient et formaient l'intérieur de ses pattes.
Ce cheval était une tirelire. Il n'avait rien d'un jouet. Il était simplement beau, froid et lourd. Il restait sur le balcon où je l’abandonnais chaque soir après les jeux pour retrouver mon lit.
Un matin, il disparut…
Je le cherchai pendant des jours... et puis, bien des mois après, il réapparut  sur le balcon, toujours aussi brillant, toujours aussi froid, toujours aussi lourd, mais avec les quatre pattes soudées grossiérement…
De là, naquit un des plus invraisemblables mystères pour l'enfant de cinq ans  que j'étais, un enfant en quête de vérité, d’explications de toutes choses, et d’une curiosité insatiable…
Qu’avait donc pu vivre mon si beau cheval pour avoir disparu du jour au lendemain et être revenu,
blessé à jamais, infirme sur le balcon.
« Le vent a dû l’emporter et le vent te l’a ramené ».
Ce fut la seule explication qu’on me donnât…
Je ne m’étalerai pas sur les autres détails de cette énigme qui
me confondit et engagea chez moi, dans ces années-là, un processus de démystification qui s'amplifia et que je transposai bien plus tard, et tant de fois, dans mes peintures où le cheval toujours représenté en victime, en mécanisme ou en combattant, demeure un cheval très singulier.
Plus étonnant fut le jour où ayant à peindre l’ombre projetée d’un homme, elle prit sans que je le veuille la forme d’un cheval. Sur le coup je ne m’en aperçus pas, mais un matin alors que je m’apprêtais à continuer ce tableau, j’ai réalisé cette incroyable transposition de mon chagrin d’antan. J’ai voulu tout d’abord corriger cette ombre et la rendre plus humaine et puis j’ai réfléchi, allant même jusqu'à ajouter une bride pour mieux définir cet animal.
J’appelai ce tableau  « Blessure d’animal » et plus tard un de mes romans où le cheval a une place toute particulière, s’appela « Blessure animale ».

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Ma vieille de Matmata...


Elle,
Au fond des murs pierre
Parlait de son passé
Contait ses souvenirs
Moi,
Au bord des lumières
Je n'avais rien à dire
D'un présent emmuré.


In Voyage secret Tunisie © Bonobo / 2004

Cette vieille dame, une salamandre tatouée sur le menton, doit être connue à Matmata, car lorsqu’elle m’a fait entrer chez elle, j’ai vu sur un meuble sa photo au milieu de coupures de journaux encadrées. Je pense qu’elle a dû recevoir une médaille ou un prix pour famille nombreuse, car beaucoup de photos d’enfants étaient autour de son portrait, mais je m’avance peut-être.

Quoi qu'il en soit, elle a été d’une patience inimaginable avec moi, a accepté que je la croque rapidement sur mon bloc à dessins, puis que je la prenne quelques photos. Elle était très coquette, s’est arrangée sa frange orange à plusieurs reprises, a lissé sa robe et mis en avant ses fibules en argent.

J’étais sur un nuage ; c’était vraiment extraordinaire. Je me trouvais là, dans sa maison au centre d’un vaste trou aménagé dans le sol. Au départ on ne voit pas vraiment ces fameuses habitations troglodytes. Il faut grimper un peu sur les hauteurs et là, on aperçoit des espèces de cratères, des trous qui s'ouvrent sur une cour intérieure avec un puits et cinq ou six entrées disposées tout autour, sans compter celles des étages qui mènent aux greniers où l'on conserve différentes denrées comme l’huile, les olives. On y accède par des escaliers. Tout est très bien agencé. Ces habitations sont coquettes, leurs cours intérieures, délicieuses ; des plantes et des herbes aromatiques y poussent dans des pots de terre, du linge sèche au soleil, tout y est terriblement chaleureux. Si l’ensemble est construit à même la roche, certains volumes comme les marches, les étagères, les banquettes, les cheminées sont parfois en argile. Il y fait frais l’été, chaud l’hiver. Je crois qu’on n'a rien inventé de mieux…
C'est mieux que la maison Borlo à cent mille euros !


Il y a souvent un poisson ou une main de couleur bleue à l'entrée des maisons pour conjurer le mauvais sort.

Je pourrais rester sur le seuil de cette porte aussi longtemps que ce chat qui n'a jamais bougé tout le temps que je suis resté dans cette cour ensoleillée.

Sur la route au dessus de ces maisons troglodytes, ce jeune cycliste transportait du bois et n'a pas manqué de me sourire tout en peinant sous la chaleur qui était vraiment terrible ce jour-là.

Avant qu'il ne disparaisse, j'ai pris une dernière photo de lui... Où était sa jolie maison ?


Un paysage caractéristique de Matmata avec ce beau marabout blanc qui semble surgir de terre au milieu des maisons qu'on ne voit pas... C'est un vrai jeu de cache- cache.


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En 814 av JC, quand les légendes avaient encore du souffle, la reine Didon demanda au roi Syfax, un roi berbère, de lui accorder l'autorisation de fonder un royaume sur ses terres. Celui-ci, quelque peu ironique, accepta, mais à la seule condition que ce royaume ne soit pas plus grand qu’une peau de vache. Didon, en femme intelligente accepta l’offre mais ce que le roi perse ignorait c’est qu’elle allait découper cette peau en fines lanières et s’en servir pour délimiter un périmètre conséquent...
Et ainsi naquit Carthage.

Ségolène arrivera t-elle à découper la peau de Nicolas pour en faire une république et rendre la France présidente ? (c'est bien une peau de vache, Nicolas, non?)
En attendant,
à Carthage, devant quelques vestiges du royaume de la fameuse Didon, voici deux amis tunisiens. L'un est manequin (photo ci-dessus) et l'autre, styliste (photo ci-dessous).
Voilà, c'était juste un goût d'ailleurs et de légendes. Une histoire aux confins de nos vies bien réelles où le marbre n'est pas le matériau des vestiges puniques, mais un simple élement de comparaison avec notre police aussi froide que lui, une police qui n'entend rien à l'humanité, une police qui s'en va rafler un grand-père devant une école devant les yeux des gamins, une police qui frappe et met en garde à vue une directrice d'école !
La France, Madame Monsieur, la France !!! Un royaume!


Mes mains ne tiennent rien
Laissent échapper le sable.
Silices et bris de verre
S’ils ne me blessent plus,
Blessent toujours autant
Blessent toujours dedans
L’enfant damné
De tant d’années.

© Giliberti / 2007


 Extrait de "Verre où" © Giliberti / 2007

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