J’ai beau être un enfant de la Méditerranée et me délecter des jardins du sud, j’aime aussi ceux de toutes terres et bien évidemment, le mien en Haute-Normandie.
Je l'aime jusqu’à ses herbes injustement qualifiées de mauvaises et qui habillent si bien ses espaces sauvages et permettent ainsi un écho système. Les petites fleurs qui en naissent sont une providence pour les papillons. Les autres, celles que j’ai choisies et plantées sont une satisfaction pour ma contemplation.
J’ai commencé à le créer, voilà plus de vingt ans. J’y suis très attaché. Chaque recoin est le fruit d’un effort ; chaque recoin est un souvenir. Où que je me trouve, je les entends me parler.
Les jardins sont des lieux uniques. Aucun d’eux ne ressemble à un autre, même si tous récoltent des poésies communes, des attentes similaires. C’est pour cela qu’entre « jardiniers », nous nous visitons et nous partageons souvent des petits secrets, des histoires, à la fois naïves et vitales, qui de saison en saison, croissent tout autant que nos plantations.
Les détails d’un jardin qui s’éveille ou s’endort sollicitent souvent mon regard, aussi je les photographie, bien que ce soit inutile dans le fond, la mémoire est le meilleur des albums souvenirs.
Il faut savoir qu'un jardin, avec le temps, devient une continuité de vous, une passion absolue, au point de ne penser qu'à lui, au point d'hésiter à prendre des vacances au printemps ou au début de l'été, sachant que c'est dans ces périodes qu'il va vous éblouir et vous récompenser de vos efforts.
Si pendant des années, amoureux d’une certaine harmonie de tons, j’ai privilégié les buissons à fleurs blanches, thé ou jaune paille, depuis deux ans, j’aime éparpiller des couleurs plus soutenues qui embrasent cet écrin vert et soulignent ses coins d’ombre.
Je pourrais écrire sur chacune des espèces de fleurs qui vivent au jardin, mais ce serait fastidieux, aussi, je survole le sujet en mettant en avant certaines, plus présentes en ce début de juillet.Quoi de plus émouvant qu'un rayon de soleil dans l’ouverture d’une hémérocalle...
... la transparence d’une feuille et de sa fleur dans les rayons du soleil.
Et la fragilité des roses ! Leurs fragrances ! La moindre gouttelette de rosée sur leurs pétales, le moindre insecte qui volette au-dessus de leurs coroles... et c'est un petit spectacle.
... l'émergence des fleurs d'hidrangéa snowflakes (le plus beau des hydrangées) qui formeront au fil des jours des grappes énormes qui pendront comme de phénoménales grappes de raisin...
Plus légères, les hautes herbes se fraient un chemin au milieu des galets...
... et finiront par les recouvrir. Mais c'est aussi cela un jardin... une permanente recomposition.
Comme ces pierres, autrefois isolées au centre d'une composition, et qui finiraient comme le temple d'Angkor si je ne surveillais pas la progression des plantations tout autour, ce que je n'ai pas fait avec les bambous, désormais seuls colonisateurs du jardin.
Bientôt ce seront les hémérocalles qui s'étendront de toute part, mais comment leur résister ?
Deux buissons taillés comme des gros bonzaïs. Cette taille permet à l'espace et à la lumière de reprendre ses droits.
Quelques vrais bonzaïs aussi, bien sûr, dont cet érable japonais, prune, sur le gris de l'ardoise.
Les indispensables herbes aromatiques que côtoient les fleurs...
... et pour avoir une approche toute tunisienne, quelques plantes succulentes pour le voyage intérieur.
À côté d'une Ammonite, quelques pierres de l'Inchkeul, un parc naturel près de Bizerte, un de mes endroits favoris en Tunisie...
... la vieille roue du puits devenue sculpture dans un trou d'ombre sous le prunus et entourée de quelques rakus de Jean-Charles, autant de turions de céramique.
Les animaux sont au rendez-vous tous les jours, chats, poules (mais oui), rongeurs, insectes et tant d’oiseaux.
Comme cette tourterelle qui se repose régulièrement sur le pied de la table du jardin.
Le coin farniente... indispensable après le jardinage...
... sans oublier le coin-repas, en été...
Puis, quand au milieu de cet espace adapté à mes aspirations de sagesse, d’introspection et d’amour absolu, vous recevez un ami tel que l’acteur Salim kéchiouche en toute décontraction, ce jardin ne devient-il pas le décor d’un film? D’un Éden de théâtre ?