Un regard, juste un exil de quelques instants et oublier l’usure du temps…
Un regard, juste un exil de quelques instants et oublier l’usure du temps…
Quand le matin fait scintiller l’argent de l’eau du port de Bizerte, j’aime à me dire que la vie commence avec un clapotis contre la pierre moussue où les filets de pêche se reposent, le rouge sang d’une frêle barque et le ballet au ralenti des habitants.
Rien de plus… Peut-être un café ?
Oui, juste un café, les yeux fermés sous le soleil, en attendant que, demain, tout recommence.
Et puis, devant l'adresse des enfants, devant leur insouciance matinale...
...se souvenir que c'était vous, autrefois, qui, dans le soleil, vous mesuriez aux éléments .
Le Sefsari, ce voile tunisien en coton, en soie ou en lin, demeure un de mes plus chers souvenirs d’enfance. Rencontrer, au détour des rues, des femmes âgées qui le portent encore m’émeut infiniment. Chacune d’elle fait renaître mes jeunes années, au point de la suivre des yeux, jusqu’à ce qu’elle disparaisse. Parfois nos regards se rencontrent et font vibrer nos mémoires respectives. Le mien traduit que je l’aime, que je la respecte. Le sien… qu’elle connaît l’histoire !
Dans ces moments nous nous comprenons.
Tant de ces femmes ont eu un enfant français accroché à leurs jambes et tant de Français de cette époque sont un peu des orphelins de ces femmes qui sentaient la « helba », (fenugrec) une épice qui continue de me poursuivre dès que je vais en Tunisie. Dès que je la sens flotter dans l’air, je marche au radar et retrouve celui ou celle qui en est imprégné.
"Sefsari et Helba", la clef des souvenirs...
Sbèh el fell will ysamin ( Matin de jasmin et de fell... ) encore et toujours !
Votre révolte du jasmin aura été de flammes et de sang… Il ne faudra jamais l’oublier. Aussi, parce que le jeune Tunisien Mohamed Bouazizi s’est immolé pour que vous deveniez libres, je place aujourd’hui ce jasmin dans son contexte de départ… Ses flammes qui allumèrent vos ardeurs.
De tous les pays musulmans, vous étiez souvent considérés comme celui le plus fataliste. Aujourd’hui vous avez balayé d’un seul coup cette étiquette réductrice.
Vous êtes les seuls à avoir, en si peu de temps, rejeté une situation qui pesait sur vos libertés depuis tant d’années.
Vous êtes les seuls à avoir mis dehors un président qui vous bafouait sans le besoin de qui que ce soit. Désormais votre destin est entre vos mains.
Pouvait-on espérer plus belle récompense ?
Pouvait-on espérer un tel courage dans toutes les couches de la société ?
Désormais, moi qui vous aime tant, vous qui faites partie de mon enfance puisque mes yeux se sont ouverts en Tunisie, j’ajoute que je vous admire en plus et le monde entier.
Sachez désormais placer la liberté au dessus de tout. Je forme l’espoir que votre peuple désormais grandi, mature, devienne un exemple pour tous les pays musulmans.
En France, nous avons eu notre juillet 1789, vous avez désormais votre janvier 2011.
Il faudra garder présents dans nos cœurs tous les martyrs résistants qui ont contribué à votre liberté.
Paix à leur âme.
Je vous embrasse toutes et tous
J'AI SOUVENT ENTENDU DIRE « LES ALGÉRIENS SONT DES HOMMES, LES MAROCAINS SONT DES LIONS, LES TUNISIENS, DES FEMMES »...CE DICTON EST À RECONSIDÉRER TRÈS SÉRIEUSEMENT...
On le savait préoccupé par la maladie d'Alzheimer en France, maintenant nous savons qu'il lui faut s'inquiéter de son propre mutisme au sujet de la Tunisie...
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