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Le blog de Michel Giliberti


Comme je l’ai souvent écrit, les maîtres de la Renaissance italienne me donnèrent l’envie de peindre, mais dès l’âge de seize ans, je commençai à découvrir d’autres univers, d’autres peintres, et parmi ceux qui m’éblouirent, Géricault fut certainement celui qui me passionna le plus.
Lorsqu’à dix-huit ans je partis en stop à Paris pour tenter ma chance, je me précipitai au Louvre pour contempler certains des tableaux que j’avais admirés dans mes livres… Je garde en moi, toujours présente, l’émotion invraisemblable quand, au détour des couloirs, je me retrouvai enfin dans la salle où, gigantesque, sombre et si puissant, se trouvait « Le Radeau de la Méduse ».

Je me souviens m’être assis sur la vieille banquette de velours cramoisi, face à l’immense toile, et ne pas en croire mes yeux… 35 m2 de génie m’écrasaient ; bien plus que la chambre de bonne que je squattais !
Je restai ainsi, plus d’une heure, immobile, les yeux brillants de larmes. Je ne rencontrai pas un simple tableau, mais l’un des amis qui avaient accompagné mon adolescence quand, à feuilleter les dictionnaires et les livres d’art, je m’étais immergé dans sa noirceur marine.


Vingt ans plus tard, Frank, un de mes plus fidèles modèles posa pour deux grands tableaux ; l’un avec un ami, "Les enfants de Poséidon" l’autre avec sa sœur, "Les naufragés".
Une fois ces toiles terminées, je réalisai combien ce Radeau de la Méduse avait frappé mon esprit ; même si ces deux toiles étaient bien éloignées de ce dernier, son drame, sa gestuelle et sa noirceur étaient au rendez-vous…
Deux tableaux, deux tragédies, comme celle du radeau de la Méduse.



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Ta blessure est la mienne mon amour…
Ton sang, le mien.
J’ai si peur des années qui te broient et des heures qui me tuent…
« Mon amour, mon temps, ma transparence »… ces trois noms par lesquels je t 'ai nommé un jour de mille neuf cent soixante-treize restent d’actualité.
Tu es mon amour, mon temps, ma transparence et aujourd’hui que le temps nous bouscule et se joue de nous, j’ajoute à ces trois noms… « Mon éternité ».

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Mulet, âne, cheval… Ces trois-là sont de tous les paysages tunisiens.
Moi qui commande aujourd’hui tel ou tel objet sur le net avec ma carte bleue, je ne peux pas oublier mon enfance quand les livraisons de pétrole, de lait et de pains de glace se faisaient elles aussi à domicile, mais grâce à ces braves mulets, ces ânes aux
yeux si beaux et ces chevaux courageux… ça me rend un peu nostalgique.
Je ne peux compter le nombre de fois où je prenais la calèche avec maman. Nous allions en dehors de la ville, au marché, à la plage ou au cimetière… Je raffolais  surtout de ces jours où nous nous rendions au cimetière, car celui-ci se trouvait en bordure d’une route sablonneuse, ombragée d’eucalyptus aux troncs badigeonnés de chaux. Au fond de la calèche, bien callé entre ma mère et ma grand-mère, à respirer l’air chaud et embaumé du matin, j'avais en mire le cocher enturbanné de rouge, parfois de vert, le cou puissant de son cheval qui trottait crinière au vent et les pompons multicolores qui s’agitaient autour de ses œillères. Le bruit de ses sabots était rassurant ; un fond sonore et rythmé sur les propos échangés sans interruption entre maman et mémé.
Alors, pour toutes ces choses et plus encore voici quelques simples portraits de ces animaux adorables.

Un mulet à l'ombre d'un eucalyptus, sur la route du Kef...



Comme il me regardait, je me suis approché... présentations...
"Vous êtes né ici, vous aussi ! tiens tiens...
weld di bled "



Qui va doucement ménage sa monture...



Un gourmand qui m'ignorait...



Un cheval coquet comme tous ceux qui tirent des calèches. Celui-ci frimait à Matmata...


L'âne docile et très attentif d'un enfant...



Un autre curieux qui ne me lâchait pas des yeux...


L'âne d'un berger à Béja...
 

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À la fin de la pose, quand le jour bat en retraite, que la nuit prépare sa victoire, tout se dénoue…
Les visages s’apaisent et les tensions retombent. Je capte alors un dernier regard, un dernier sourire, un dernier étirement…
Je capte l’abandon.

Demain reviendra, mais pour l’heure,
dans l'atelier qui s’éteint, c’est la simple détente.
L’alcool récompensera l’énergie et soufflera les mots qui refont le monde…
Et le monde, dans ces heures bleues, se reflète toujours dans le regard de mon modèle.


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D’abord, il y eut les mots et puis…
Les mots.
Les mots encore…
Les mots pour ne rien dire... Pour fuir la gorge sèche, le cœur qui bat, l’attente du goût de l’autre, son souffle à partager…
Et la musique gomma les peurs de notes en notes, de soupirs en accords… Alors, d'un geste à l’autre, d’un signe à l’autre, ta bouche, comme un alcool, vint à mes lèvres.
Tu absorbas tout de ma honte et j’avalai tout de ta gloire.
Jamais baiser ne fut plus long ni plus entier.
Longtemps après, dans une presque obscurité, je regardais tes lèvres rouges marquées de mes ardeurs et je sentais les miennes meurtries de tes désirs.


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Les mains parlent tout autant que les yeux…
Elles me fascinent et m’emportent aussi loin.
C’est un étrange voyage que de rencontrer des mains et si les yeux captent plus vite l’attention, les mains, elles, la retiennent pour longtemps.
Qu’elles soient aristocratiques, tachées d’encre, ou blanchies du plâtre, elles sont toujours porteuses de vie et de préhension.
Ce sont des mains qui lissent vos cheveux au matin de l’enfance, ce sont des mains qui tiennent les vôtres au soir de la vieillesse… Les mains s’accrochent, se raccrochent, s’agrippent, finalement ne vous lâchent plus et même si certaines d’entre elles lâchent prise, vous abandonnent et vous désertent , elles méritent notre sensible attention.
Ici, sur ce tout dernier tableau, les mains de l'acteur Salim Kechiouche… Salim, que j’ai si souvent peint, si souvent photographié ! Salim, aux mains généreuses.
Cette toile fera partie de ceux de ma prochaine exposition qui aura lieu en mai ou juin à Paris, à la galerie Benchaieb. La date n’est pas encore fixée.

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Dans la cohue d’un samedi matin bizertin, je tentais, il y a quelque temps, de repérer un magasin de matériel photographique. Sur mon visage devait se lire mes hésitations puisqu’un jeune homme me demanda s’il pouvait me rendre service.
Je lui fis part de ma recherche et il s’empressa de m’accompagner jusqu’à un photographe qu’il connaissait.

Par la suite, je pris avec lui un café sur le vieux port…
Le vieux port de Bizerte est un endroit absolument ravissant et très authentique. Le temps était lumineux. Les bruits et les odeurs du marché à deux pas ajoutaient à l’ambiance chaleureuse.
 
Sofiane, puisque c’est le nom de mon guide improvisé, me proposa d’aller me balader avec lui sur la plage, ce que je fis. Nous passâmes l’après-midi à bavarder de tout et de rien, de nos difficultés respectives autant que de nos bonheurs.
Au terme de notre journée, il insista pour que je vienne manger chez lui et fasse la connaissance de sa famille. Je n’avais rien prévu de particulier. J’acceptais.
C’est ainsi qu’en soirée,
à dix kilomètres de Bizerte environ, je découvris un petit hameau dont je ne me souviens plus du nom. Au centre d’une grande maison toute simple et pratiquement dépourvue de meubles, ses parents se tenaient assis par terre en train de s’amuser avec une petite fille (la dernière des sœurs de Sofiane, je l’appris plus tard). Ils m’accueillirent comme si j’étais un vieil ami. On déroula de grands tapis et peu de temps après nous mangions à même le sol un couscous royal…
Après le repas, Sofiane m’entraîna faire le tour du petit village et me présenta à tous ceux qui, comme nous, prenaient le frais après la forte chaleur de la journée.
Je rencontrai un monde fou, de l’épicier jusqu’au loueur de vidéos en passant par le boulanger et le marchand de beignets, sans compter une horde de gamins qui nous suivaient. Tous les commerçants restaient ouverts dans la seule lumière de leur échoppe tandis que la rue principale était absolument plongée dans l’obscurité.
Au milieu d’une cinquantaine d’inconnus d’une gentillesse difficilement imaginable, je restai ainsi, jusqu’à plus de minuit, à parler, à rire, à grignoter tout ce que chacun m’offrait.
Enfin, je repartis en promettant d’envoyer à Sofiane, toutes les photos que j’avais prises au cours de cette soirée, ce que je fis deux mois plus tard.
De telles veillées, il m’est difficile de les compter tant il m’a été donné d’en vivre ; souvent, lorsque j’ai un petit coup de blues, elles réveillent mes heures…

Sofiane sur la plage de bizerte... Un souvenir charmant et amical.

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Un tableau de Nicolas Poussin « Les bergers d’Arcadie » représente des bergers autour d’une tombe sur laquelle est gravée cette phrase « Et in arcadia ego » (même en Arcadie j’existe) ou (je suis aussi en Arcadie).
Beaucoup de choses ont été dites sur le mystère qui entoure cette phrase...
Dans les années 80, je succombai à l’envie de matérialiser cette légende sur une grande toile… ajouter ma pierre au mystérieux message ; pour cela, je décidai que Jean-Charles, mon compagnon, serait au premier plan sur ce tableau, semblant détenir les clefs de l'énigme créée depuis 19e siècle et jusqu'à aujourd'hui... d’où son expression un peu ironique.



Pour l’anecdote, le chien au pied de l’un des bergers, un Bearded colley, fut le même que celui que j'adoptai quel que dix ans plus tard quand j'arrivais dans ma maison de campagne qui recelait autant de mystères que cette peinture puisqu'après « Et in arcadia ego ! », ce chien qui fut une merveille d’amour, d’humour, de sociabilité… mais aussi de poils, de boue, de bave et autres dérivés canins à nettoyer au quotidien, me fit comprendre le sens de « Et in merdia ego ! »

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Seul dans l’enfer de mes duels
Toujours ici et presqu’ailleurs
J’ouvre des mots qui te referment
Et de me faire je te défais.
J’ai l’indigence de la pudeur
Et l’ouverture du dénuement
C’est bien assez pour trop t’aimer
D’un double trouble, d’un double émoi
Accordés à ma confusion.


 © Giliberti / 2009

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J’ai souvent tenté de traduire la fuite du temps dans mes peintures de jeunesse ; j’avais une douloureuse conscience de l’inéluctable altération des êtres. Tout était prétexte à exprimer ce ressenti, comme cette montre géante qui sort du ventre de la femme.
Cette naissance représentait pour moi le plus élaboré des processus de mort annoncée, le ventre (ici, l’estomac) symbolisait cette image un peu morbide qui maintenant me fait sourire.
La mère arachnéenne domine un fils éfflanqué dont le visage soucieux semble signifier la douleur provoquée par cette mise au monde précomptée.
Les bras sectionnés de la mère nourricière, suspendus au-dessus du corps déjà âgé du fils, montrent sans doute l'incapacité à arrêter le temps, peut-être à rompre le cordon...
Ô Oedipe quand tu nous tiens !
Les années donnent à notre perception de la vie un sens plus nuancé, mais il faut bien que jeunesse passe…

N'oublions pas...

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Mon travail d'artiste peintre, auteur et photographe...

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