Les bleus sont impatients. Ils forcent l’éveil de vos sens.
Dès le petit matin, ils vous attendent avec la mer qui s’attache à vos yeux, la mer brillante comme un saphir démesuré.
Alors, trahir son sommeil pour rencontrer un tel minéral, une telle transparence est un jeu d’enfant.
On s’y plonge, on s’en repaît… Moi, je m’en saoule.
Et puis vers midi, la peau brûlante et les yeux rougis du sel liquide, vous revenez affamé, vous revenez assoiffé jusqu’à la maison qui patiente derrière les bougainvilliers.
La blancheur de ses murs vous rappelle que le Soleil, le Vôtre, le Seul, celui qui fait battre plus vite le cœur, est à l’intérieur, à l’abri… C’est là qu’il paresse, c’est là qu’il somnole dans les draps marine en attendant votre retour. Il n’aime pas la chaleur, lui. Il la connaît tant.
Vous pénétrez la salle fraîche et obscure et vous allez jusqu’à la chambre. Vous agitez sous ses narines un brin de jasmin que vous avez cueilli à l'entrée. Il ouvre les yeux, des yeux endormis, mais des yeux aussi noirs que le ciel est bleu.
Vous, vous ne savez quoi faire, vous ne savez quoi dire, à tant le regarder…
Lui, il s’en moque, il a faim et se lève. C’est l’heure du repas, l’heure d’avant la sieste.
Dehors, sur la terrasse, la faïence des assiettes et l’azur des verres vous attendent à même le sol, au milieu de fleurs coupées qui se fanent au soleil.
On entend les cigales et, dans le ciel, les hirondelles font des taches mouvantes.
Vous le regardez à contre-jour allumer une cigarette. Vous le devinez beau.
Il le sait et ça lui plait.
Ça le fait même rire.
Et pour vous le prouver, il se retourne dans la lumière et vous inonde de son sourire.
Vous, dans votre tête, vous ne savez toujours pas si tout va bien, vous n’avez jamais su… mais votre corps, lui, le ressent si fort.
Cet article autrefois appelé "Encore un peu du bleu de Sidi" avait été publié en 2007, mais le scanner que j'avais à l'époque était si mauvais que les couleurs étaient fausses. Le voici donc dans ses couleurs d'origine.
commentaires