Les chambres de douces siestes et les lits chamarrés ne lui disaient plus rien.
Les fonds de cour embaumés de l’odeur du jasmin l’indifféraient.
Le soir, au café des nattes, devant un thé à la menthe remplie de pignons de pin, il voulait encore m'entendre parler de Paris… Paris qui raisonnait dans sa tête.
Il n’était jamais assez repu de mes descriptions que je noircissais pourtant, afin de lui rappeler que vivre dans son pays restait un bonheur irremplaçable.
Je lui disais qu’en France, il devrait s’attendre à vivre seul longtemps ; c’est ce que l’on y apprenait le mieux.
Je lui disais que les regards qu’il rencontrerait ne seraient pas forcément amicaux, pas forcément de connivence.
Je lui disais que les clartés qu’il espérait ne seraient pas plus au rendez-vous et que la beauté de la vie qu’il sublimait serait souvent une beauté vénéneuse.
Mais non, Paris restait l’écrin de tous ses fantasmes et comme il n’avait plus de parents et qu’il vivait chez sa sœur dont il n’appréciait pas le mari, partir devenait évident.
Un été, je suis revenu devant la maison éclaboussée du beau bougainvillier rouge.
Il n’était plus là.
La porte bleue était fermée.
Certains de ses amis, plus tard, m'apprirent que sa soeur avait déménagé et que, finalement, il était parti en Italie, mais personne n’en était certain. Personne ne l’avait revu. Sa sœur que je rencontrai quelques jours après, me laissa entendre qu’aux dernières nouvelles il était peut-être éboueur à Milan…
Lui, qui sur le petit marché couvert de la Goulette, plein de cris et de parfums, ce petit marché à deux pas de la mer, vendait ses fruits et légumes avec un beau courage et des sourires permanents ...
Lui, qui criait de sa belle voix les prix à la volée et faisait des clins d'œil à ceux où à celles qui lui plaisaient...

Lui, Samir était sans doute devenu éboueur ou gardien dans une grande surface de banlieue.
Alors, un peu triste et le vague à l’âme, je suis allé tout seul au café des nattes où je rencontrai Tarek, un jeune jardinier de mes connaissances et tandis que je me perdais dans son regard aussi sombre que celui de Samir, il me dit qu’il voulait partir…

Cet article date de 2007. Entre temps, la révolution tunisienne a eu lieu. j'ose espérer que la jeunesse tunisienne, désormais, sera heureuse chez elle.
commentaires
Jack 24/06/2011 22:07
Michel Giliberti 26/06/2011 08:08
laura 23/06/2011 15:12
Michel Giliberti 23/06/2011 15:25
JC 23/06/2011 12:33
Michel Giliberti 23/06/2011 12:42
Nathalie 23/06/2011 10:28
Michel Giliberti 23/06/2011 12:43
caria anne-marie 22/06/2011 12:18
Michel Giliberti 22/06/2011 21:14
Tom-Patrick 21/06/2011 17:03
Michel Giliberti 21/06/2011 17:09
Tom-Patrick 21/06/2011 14:44
Michel Giliberti 21/06/2011 16:05
Angèle 18/06/2010 05:30
Michel Giliberti 18/06/2010 08:00
JÃÂérÃÂémie 24/06/2007 07:43
Michel 24/06/2007 08:43
fred 24/06/2007 01:56
Michel 24/06/2007 07:41
mocktar junior 21/06/2007 12:47
Michel 21/06/2007 12:58
josie 20/06/2007 09:42
Michel 20/06/2007 09:59
Ikkar 18/06/2007 22:23
Michel 18/06/2007 22:34
Maryse 18/06/2007 22:09
Michel 18/06/2007 22:43