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Le blog de Michel Giliberti

Quand ce tableau fut terminé, je l'ai appelé Horses, pour ne pas identifier d’emblée dans ma langue le malaise crée par le nom de cet animal à l’origine d'une blessure de l' enfance.
Même s’il ne s’agissait pas d'un cheval dans sa réalité, mais d’un simple jouet le représentant, il participa d’une angoisse qui survécut jusque dans le milieu des années 90.
Ce cheval  était métallique et brillant comme de l’argent. Sa selle se soulevait laissant entrevoir l’intérieur de ses flancs. De ce trou béant quatre autres trous, comme des cheminées plongeaient et formaient l'intérieur de ses pattes.
Ce cheval était une tirelire. Il n'avait rien d'un jouet. Il était simplement beau, froid et lourd. Il restait sur le balcon où je l’abandonnais chaque soir après les jeux pour retrouver mon lit.
Un matin, il disparut…
Je le cherchai pendant des jours... et puis, bien des mois après, il réapparut  sur le balcon, toujours aussi brillant, toujours aussi froid, toujours aussi lourd, mais avec les quatre pattes soudées grossiérement…
De là, naquit un des plus invraisemblables mystères pour l'enfant de cinq ans  que j'étais, un enfant en quête de vérité, d’explications de toutes choses, et d’une curiosité insatiable…
Qu’avait donc pu vivre mon si beau cheval pour avoir disparu du jour au lendemain et être revenu,
blessé à jamais, infirme sur le balcon.
« Le vent a dû l’emporter et le vent te l’a ramené ».
Ce fut la seule explication qu’on me donnât…
Je ne m’étalerai pas sur les autres détails de cette énigme qui
me confondit et engagea chez moi, dans ces années-là, un processus de démystification qui s'amplifia et que je transposai bien plus tard, et tant de fois, dans mes peintures où le cheval toujours représenté en victime, en mécanisme ou en combattant, demeure un cheval très singulier.
Plus étonnant fut le jour où ayant à peindre l’ombre projetée d’un homme, elle prit sans que je le veuille la forme d’un cheval. Sur le coup je ne m’en aperçus pas, mais un matin alors que je m’apprêtais à continuer ce tableau, j’ai réalisé cette incroyable transposition de mon chagrin d’antan. J’ai voulu tout d’abord corriger cette ombre et la rendre plus humaine et puis j’ai réfléchi, allant même jusqu'à ajouter une bride pour mieux définir cet animal.
J’appelai ce tableau  « Blessure d’animal » et plus tard un de mes romans où le cheval a une place toute particulière, s’appela « Blessure animale ».

commentaires

N
<br /> Enfin, en reprenant votre blog depuis le début, je comprends "le cheval"<br /> Je n'ai pas (sur CE moment) de souvenir tel... et je n'ai jamais eu de cheval-jouet!<br /> En revanche, à mon âge, j'ai toujours mes poupées préférées  et l'une d'elles porte l'empreinte JALOUSE de ma voisine (Claudine?) qui avait enfoncé son pouce dans le mollet de ma "fille":<br /> toujours pas guérie(s).<br /> Bien à vous.<br /> Nabeth. <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> C'est bien normal et si charmant.<br /> <br /> <br /> Moi j'ai le poupon qu'on m'a offert à l'âge de deux ans et demi et mon ours de toujours et ils ne sont jamais loin de moi.<br /> <br /> <br />  @ bientôt Nabeth<br /> <br /> <br /> <br /> Michel<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
N
Bonsoir , Michel, il y avait longtemps!!Problème de pc puis de net...Les blessures de l'enfance, les incertitudes, l'importance qu'elles ont sur nous même adulte...Et les adultes ne se rendent pas compte combien ils infuent de façon négatives sur nous quand il s'agit d'amusement pour eux.
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J
En voulant protéger on fait parfois souffrir.<br /> Et j'ai souffert d'avoir voulu protéger ma fille quand j'ai su qu'elle culpabilisait depuis si longtemps, qu'elle se croyait responsable, si petite qu'elle était, de la disparition du chien.<br /> Quelques années plus tard, il m'a fallu en faire euthanasier un autre. Quand elle est rentrée de l'école, je lui ai expliqué. Pourquoi, comment. Ce fut terrible. Difficile de voir son enfant avoir de tels sanglots, un tel chagrin. Mais j'ai répondu à toutes ses questions, et j'ai prononcé le mot "mort". Sans doute douloureux à entendre, et à faire entendre, mais tellement plus sain que le silence.
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M
C'est , il me semble, la plus sage des réponses et qui évite toutes les ambiguïtés quand arrive tôt ou tard, le jour où tout se dit et, du coup, où tout s'apprend. La douleur du moment est largement récompensée par la tranquillité de demain qu'offre la franchise. @ +Michel.
J
Quand j'étais petite, je tortillais les poils de mon ours en peluche entre mes doigts. Un jour, mes parents l'ont jeté parce qu'il était usé. Ils m'en ont offert un autre en fourrure de lapin blanc, tout neuf. Je ne m'en suis jamais occupé. J'y pense souvent à ce nounours marron tout râpé.<br /> Et tout autre chose sur la vérité que l'on doit dire aux enfants. Ils avaient alors 5 et 2 ans lorsque j'ai dû faire euthanasier Vasco le chien. Comme c'était un fugueur, je leur ai raconté qu'il était parti.<br /> Environ 10 ans plus tard, au cours d'une conversation, ma fille apprend alors comment  Vasco avait "disparu". "Quand je pense que pendant toutes ses années je me suis sentie responsable, je croyais que j'avais laissé le portail ouvert et que c'était de ma faute s'il était parti".
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M
C'est terrible ce que tu dis pour le chien. c'est même fou, car vraiment personne ne soupçonnait que ta fille avait engrangé une telle culpabilité, la pauvre.C'est le genre de choses qui me trouble toujours. Nous sommes très fragiles tous...@ Bientôt,
N
Moi qui aime tant les chevaux je les retrouve à chaque fois avec curiosité dans vos tableaux et je n'arrive pas à y voir la souffrance ... je les sens plus proche du mystère,  un peu comme des fantômes.<br /> Magnifique tableau !<br /> Bonne nuit
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M
Chaque fois que je me suis trouvé face à cet animal, je deviens fragile et rencontre mes peurs qui ne sont plus sombres mais simplement  magnifiques comme l'enfance.Dans ces instants, les chevaux se parent d'un mystère qui me convient, c'est vrai. BonjourMichel
I
Merci à vous et à Bellelurette...Je sais, c'était un peu ridicule, comme demande... pardonIkkar, with love
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M
Non, non, vous aviez raison, j'avais fait un mauvais lien. je suis d'être un pro en la matière.@ très vite,Michel
B
Pour répondre à la demande d'Ikkar, sur le lien, il faut que tu supprimes tout ce qui est après org. Car effectivement, cela renvoie à un article précis (ce qui est écrit après org) et pas au démarrage du blog.
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M
Merci beaucoup... Tout ça c'est pas ma tasse de thé, en fait... je vais faire la correction tout de suite.Michel
J
Des souvenirs brûlants de ce jouet restés ancrés dans ton esprit ont ressurgi comme un troupeau de chevaux au galop ! Ton âme a guidé ta main, et le résultat est figé à tout jamais sur cette toile !
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M
Oui le souvenirs ont la vie dure, même quand on croit les avoir oublié, mais tu vois la névrose est  parfois un bon moteur... @ Bientôt,Michel
B
Souvent, tes écrits me replongent dans ma propre enfance.Quand j'étais petite, chez ma grand-mère,j'avais un cheval à bascule en  bois. Il y avait un grand couloir et j'arrivais à le parcourir sans mettre les pieds par terre, juste avec le mouvement d'avant en arrière... Le parquet était en bois, et cela faisait beaucoup de bruit... ma grand-mère me houspillait bien un peu, mais elle me laissait tout de même faire, sinon, j'étais tout le temps fourrée dans ses jupes et comme elle était couturière (à domicile), elle était tout de même contente que je la laisse tranquille.Quand je fus mère à mon tour, aux puces, j'ai trouvé le même cheval à bascule, et mon fils à fait tout comme moi, et comme j'avais appris la couture de ma grand-mère.... l'histoire se répéta... sauf que le couloir était en lino, et que cela faisait moins de bruit !Maintenant, il a 29 ans, mais il n'est pas encore père... et puis les chevaux à bascule en bois... et en plus, il ne sait pas coudre !
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M
Charmants souvenirs poétiques et qui me rappellent parcontre un film bien noir "shinning" ou dans une ambiance lourde et inquiétante, un enfant faisait du vélo dans un long couloir et l'on entendait les roues de ce vélo une fois sur deux car le couloir était recouvert de tapis par endroit, donc, "silence" "bruit", "silence" "bruit"... est-ce que ton fils a appris la couture au moins???Michel
I
Les mots portent les douleurs comme les femmes portent les enfants... Et pouvoir poser un mot sur une souffrance est déjà, paraît-il (?), en guérir un peu... Mais rien n'est certain. Jamais...J'aime la violence passée de ce personnage au fouet, responsable de tant de meurtrissures - et celle, présente, de celui qui se les inflige, là, juste sous nos yeux voyeurs... Orgueils et désespoirs mêlés.Etrangement (?), ce n'est pas le tableau qui orne la couverture  de "La Blessure animale" que vous avez choisi pour illustrer votre propos...<br /> Ikkar, with love<br /> Puis-je avoir l'outrecuidance de vous demander de changer le lien que vous avez eu la gentillesse de mettre concernant mon blog? Il renvoie à un article si personnel... et donc sans intérêt.
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M
J'ai fait un lien de votre site sur mon blog... Est-ce de ce lien que vous parlez?  Il renvoit sur votre blog et rien de plus, je ne comprends pas vraiment comment il renverrait à un seul article. expliquez-moi.Répondez-moi et je l'enleverai bien sûr si c'est bein de cela qu'il s'agit, car je ne suis pas sûr d'avoir compris. @ très bientôt Ikkar et merci pour votre commentaire... La couverture de " Blessure animale" est un tableau  plus représentatif du roman, puisqu'e c'est celui-là même qui est décrit dans  l'histoire et que tout se tient, jusqu'au modèle...Michel
M
Ce jouet devrait représenter tant de choses, il avait une âme....et le vent ne lui a pas retiré son âme, il l'a mise en évidence dans tes  tableaux... bonne  journéecode : YES !!!
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M
Les parents sont pas toujours doués, quand même, et ce, malgré l'amour qu'il vous porte. C'était si simple de donner une explication logique que j'ai eu des années après...Bises,Michel
J
"Horses"... violent !
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M
Oui, c'est vrai, mais que veux-tu...Michel

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