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Le blog de Michel Giliberti


Tous les certains du monde
Ne connaîtront jamais
Le seul satin
Qui vaut d'être touché
Tous les crétins du monde
N'écouteront jamais
Le seul tam-tam
D’un coeur
Qui cogne au jour premier.

© Giliberti / 2007


Lorsque je photographie un modèle, il m’arrive souvent de lui demander d’improviser pendant la première demi-heure, ou plus encore. Ça lui permet de prendre une certaine distance et de s’approprier ce rapport si particulier entre le modèle et l’artiste.
Au début, il cherche des positions très académiques qui ne m’intéressent pas, mais qui le rassurent, aussi je rentre dans son jeu et prends quelques clichés. Puis, je commence à le questionner sur ce qu’il aime, ce qu’il voudrait faire dans la vie, bref, à l'abri derrière mon objectif, je m’aventure facilement.
Cette approche, passionnante pour moi, me permet de tendre un pont entre deux timidités, car à ce cébut de l'aventure, ni le modèle, ni moi-même ne sommes au mieux de notre forme.


Ce jour- là, je recevais Amar, un garçon arrivé en France depuis peu et qu’un ami m’avait recommandé. Je le trouvais beaucoup trop musclé, mais je ne dis rien, car je le sentais heureux de poser et quand je lui demandai d’improviser, il a voulu un grand plat creux et un fruit ou un petit objet. J’ai trouvé un raku à ma portée et un petit galet, souvenir d'une plage de Grèce ; je les lui ai passés. Il a pris le galet en main, le raku dans l'autre, puis avec une expression  ineffable de joie et une gestuelle émouvante, il a pris une position qui lui rappelait,  m’a-t-il dit, son Afrique natale où les gestes simples, comme la cueillette, étaient pour lui un vrai plaisir.
Du coup, très ému, je l’ai photographié avec bonheur, ne pensant plus à sa plastique trop imposante qui me bloquait. Par la suite, comme à la fin d'un rituel, il s’est senti très à l’aise et notre séance de photos est partie dans une autre direction, mais de ce premier instantané, je garde un souvenir touchant et inoubliable.


Deux années passèrent et j'eus envie de peindre un garçon Africain.
Le tableau une fois terminé, je trouvai qu'il manquait quelque chose et qu'en plus il était trop académique. Cette insatisfaction dura quelques jours. Un matin, en quelques coups de pinceau, je plaçai un petit galet dans la main du personnage avec cette inscription dessus : "Black memory".
Enfin satisfait, je signai le tableau.
Je réalisai alors à quel point mon inconscient avait été troublé par cette première photo avec Amar que les sentiments si spontanés d'appartenance à son pays avaient inspiré. Ils revenaient ce jour-là et me permettaient d'achever mon travail.


Cette petite histoire me permet de faire une ellipse et de rebondir sur les propos de Sarkozy qui souhaite une immigration choisie... je trouve que c'est bien là le choix d'un nanti qui jusque dans cette proposition se permet de faire le tri parmi ceux qui n'ont souvent d’autre choix que de quitter le pays qu'ils aiment pour simplement manger... Eux, n'ont rien choisi, juste subi.
Jadis, les riches choisissaient leurs esclaves sur un marché... les époques changent, pas les hommes.


Acquis la prison !
À qui le soleil ?
Acquis l’obédience !
À qui le pouvoir ?
Acquis la misère !
À qui le profit ?
Acquis l’hilotisme !
À qui la main mise ?

© Giliberti inBleus d'attente / 2001


commentaires

E
j'aime venir ici... et vous désobéir ! :-))
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I
Vendre un tableau, n'est-ce pas vendre une partie de soi-même? une partie de son âme... (voyez, je ne rajoute pas au diable... ;-) ) J'ai vu, dans l'une de vos réponses, que vous ne parveniez pas à vous détacher de vos dessins... Contiendraient-ils plus encore de vous, que vous ne puissiez les vendre?<br /> Ikkar, with love
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M
Vous savez Ikkar, il y a un moment dans la vie où il faut savoir faire des choix... Pourquoi irais-je travailler pour vivre et ainsi perdre une dynamique importante, necessaire à la création, alors que je peux tout à fait le faire d'un métier qui est le mien. Peindre est un métier d'artisan, après si les gens le déportent dans un cadre plus "classieux" je n'y suis pour rien. Je peins depuis l'enfance, je peins comme je mange, comme je respire et je trouve ça extraordinnaire de pouvoir vivre d'une passion. ça me permet de m'y vouer. Trouve-t-on bizarre qu'un menuisier vende ses meubles ou qu'un chanteur vende ses CD? Je garde beaucoup de mes dessins c'est vrai, car ils viennent très spontanement, comme d'une respiration et j'y suis attaché d'une façon assez anormale, je l'avoue. c'est mon point faible et peut-être avez-vous raison quand vous dites qu'ils contiennent plus encore de moi. Il faut bien un peu de moi chez moi. De tout façon je garde parfois aussi des toiles, quand le sujet me parle trop. Tout cela est compliqué et rejoint l'enfance où je dormais entouré de mes premiers tableaux qui n'étaient autre que des copies de la Renaissance italienne.@ + IkkarMichel
M
la première impression que j'ai eu en voyant la 2ième photo est qu'elle avait été pris dans une case.  Le tissu rouge avec la couleur de sa peau, c'est super ! les tableaux sont très beaux, je suis particulièrement admirative de celui avec les mains. Quant à l'ensemble de l'article : tant de choses à commenter...c'est trop !  bonne soirée L'Artiste , @+
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M
Les deux mains, "le geste neuf" est un tout petit tableau qui m'a bien parlé quand je l'ai fait et qui s'est très vite vendu en galerie. Moi qui fais très souvent des tableaux immenses,  il est vrai que c'est le message qui donne l'émotion et la taille n'est pas forcement synonyme de qualité.Quand à 'aspec case, c'est son geste qui m'a donné envie de le faire. Quand j'ai compris que c'était ce qu'il voulait, j'ai combiné cet ensemble dans la maison qui était en plein travaux et donc très facile à tout chambouler. @ + et merci, Maryse.Michel
J
Les choses simples nous ont oubliés. Juste punition de les avoir abandonnées.
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M
Les choses simples et les attaches au pays natal, oui bien sûr (j'en sais quelque chose)Michel
B
C'est sûr que nous les français, on ferait bien de revenir à des choses simples, moins cérébrales parfois...Un galet, un raku et hop, toute la magie apparaît.Merci encore pour tout ce que tu fais. Avec humilité en plus, ce qui n'est pas le cas de tous les soi-disants artistes.
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M
Merci une fois de plus Bellurette. Je suis toujours heureux quand le message que je tente de faire passer... passe.@ très bientôtMichel
P
<br /> AIDEZ FABRICE !<br /> En résumé :<br /> Fabrice est un petit garçon atteint d'une maladie rare, la leucodystrophie...<br /> De nouveaux essais clinique sont en cours et Fabrice aurait enfin peut-être un espoir, mais ce traitement lui est refusé sous prétexte qu'il est trop vieux de 4 mois... Son père à décidé de lancer une pétition... Si vous désirez aidez Fabrice et sa famille vous trouverez toutes les infos sur mon blog... Merci pour lui...<br /> <br /> Peter Pan...<br />
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M
Pas de problème. je vais voir les infos.@ BientôtMichel

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Mon travail d'artiste peintre, auteur et photographe...

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